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L'Église du Vietnam obtient la restitution de bâtiments confisqués

ROME - La pression du Saint-Siège a sans doute permis à l'Église locale d'obtenir du gouvernement la restitution d'anciens bâtiments de la Délégation apostolique à Hanoï

L’archevêque de Hanoï l’a confirmé samedi 2 février au soir, dans une lettre ouverte aux prêtres, religieux et fidèles de son diocèse, et rendue publique dimanche 3 février par l’agence Asianews. Le gouvernement vietnamien a accepté de rendre à l’Église catholique l’usage du bâtiment qui accueillait autrefois la Délégation apostolique et devant lequel, depuis le 18 décembre, des catholiques se relayaient en veillée de prière en signe de protestation. Dans sa lettre, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt remercie en particulier pour leur soutien Benoît XVI et son secrétaire d’État, le cardinal Tarcisio Bertone.

Cette victoire de l’Église vietnamienne doit sans doute beaucoup à l’intervention du Saint-Siège. Dans une lettre en français envoyée la semaine dernière à l’archevêque de Hanoï, le cardinal Bertone avait dit suivre « avec une grande sollicitude et attention » les événements, tout en s’inquiétant : « Il existe un danger réel que la situation échappe au contrôle, et qu’elle puisse dégénérer en manifestation de violences verbales ou même physiques ». Le secrétaire d’État demandait donc à l’archevêque de tout faire pour revenir à une situation de normalité, assurant qu’il serait ainsi « possible, dans un climat plus serein, de reprendre le dialogue avec les autorités, en vue de trouver une solution à ce délicat problème ».

Série de signes positifs de Hanoï

La situation de l’Église catholique du Vietnam est suivie avec beaucoup d’attention par le Saint-Siège, qui espère normaliser ses rapports avec le régime communiste de ce pays et obtenir des garanties pour la communauté catholique en matière de liberté religieuse. La visite du premier ministre vietnamien au Vatican, en janvier 2007, venant après une série de signes positifs de Hanoï, avait nourri de sérieux espoirs en ce sens. C’était la première rencontre d’un chef de gouvernement de ce pays avec un pape. Dans un communiqué publié ensuite, le Saint-Siège s’était félicité des progrès concrets enregistrés ces dernières années pour la liberté religieuse et « avait souhaité que les rapports entre l’Église et l’État rendent possible la collaboration pour promouvoir des valeurs morales, défendre une culture de la solidarité et permettre l’assistance caritative ».

L’influence de la Chine reste importante

L’Église catholique de ce pays peut en effet faire valoir auprès du gouvernement son action auprès des plus démunis, des malades, et aussi des enfants, par le biais des écoles maternelles. Après cette visite, Rome avait pu croire, à la faveur des efforts du gouvernement vietnamien pour être accepté par la communauté internationale, à un proche établissement de relations diplomatiques avec le Saint-Siège, et un accord pour les nominations d’évêques. En mars 2007, une délégation vaticane était rentrée du Vietnam très confiante. L’optimisme est cependant retombé d’un cran, et récemment, un des responsables du dossier au Saint-Siège ne cachait pas sa déception devant la lenteur du processus. « Le gouvernement vietnamien reste très marqué par cette tradition communiste de contrôle des activités religieuses », confiait-il à La Croix.

D’autre part, il semble que l’influence de la Chine reste importante : le « grand frère » chinois ne souhaite pas voir trop vite son voisin opérer une libéralisation que lui-même persiste à refuser pour son propre pays.

Par Isabelle de Gaulmyn - La Croix - 3 Février 2008