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Vietnam : des catholiques réprimés par la police

ROME - Des catholiques de Hanoi ont été sévèrement réprimés par la police dans la cour de l'ancienne délégation apostolique, indique aujourd'hui « Eglises d'Asie » (EDA), l'agence des Missions étrangères de Paris.

Dans le conflit qui oppose la communauté catholique de Hanoi essayant de récupérer le domaine de l'ancienne délégation apostolique et les autorités civiles, la tension est brusquement montée d'un cran au début de l'après-midi du 25 janvier. À l'issue d'une messe célébrée à la cathédrale, prêtres et laïcs sont revenus prier devant les bâtiments de la Délégation apostolique, mais cette fois-ci, le portail d'entrée du bâtiment contesté a été enfoncé, la foule a pénétré dans la cour, y a planté une croix et s'est heurté pendant plusieurs heures à la police. Il y aurait un assez grand nombre de blessés. Les circonstances étaient exceptionnelles. Dans la matinée, le clergé de Hanoi, une partie des catholiques de la capitale (10 par paroisse) s'étaient réunis dans la cathédrale pour célébrer l'anniversaire du cardinal Pham Dinh Tung, ancien archevêque de Hanoi à la retraite. Le cardinal archevêque de Saigon, une grande partie des évêques du Vietnam, des prêtres de tous les diocèses, au total, plus de 3000 personnes avaient participé à cette eucharistie.

Déjà, avant la messe, quelques 2000 chrétiens étaient allés prier devant le bâtiment de l'ancienne Délégation apostolique. La messe achevée, aux alentours de 13 h 30, environ 100 prêtres et 2000 laïcs se sont à nouveau rendus dans la cour de la Délégation sous la pluie froide qui sévit actuellement à Hanoi. Des incidents se sont alors produits. Pendant la prière, quelques fidèles ont escaladé et franchi le portail d'entrée pour aller déposer des fleurs auprès de la statue de la vierge. La police les a poursuivis et frappés. Une chrétienne d'ethnie muong a été blessée la tête. D'autres personnes munies de caméras, d'appareils photo et de téléphones, ayant, elles aussi, suivi le même chemin, ont été dépouillées de leur équipement par les forces de l'ordre. La foule émue par le spectacle, a alors enfoncé la porte et transporté dans la cour une croix métallique de 4 m de haut, qu'elle a plantée dans le sol. Dans la cour, la bagarre est devenue générale et la police a frappé avec violence. Selon des sources rapportées par Vietcatholic News, parmi les blessés se trouverait l'avocat Lê Quôc Quân, défenseur des droits de l'homme. Certains blessés graves auraient été amenés à l'hôpital en urgence. La police est venue prêter main-forte au service d'ordre déjà en place dans la cour de la délégation. Pendant ce temps, à l'extérieur, devant la porte enfoncée, les prières des prêtres et des laïcs se sont poursuivies.

Il est trop tôt pour déterminer les motifs précis de cette fièvre soudaine. Mais on peut noter que les déclarations d'un responsable du bureau des affaires religieuses, publiées dans la matinée du 24 janvier par l'agence officielle d'information du Vietnam, pourraient avoir contribué à faire monter la tension. Le fonctionnaire a répété qu'il n'existait pas de propriété privée au Vietnam, mais une propriété du peuple tout entier dont l'État est le représentant. Il a aussi regretté que les catholiques aient pris l'initiative d'occuper, à la paroisse de Thai Hà et à l'archevêché, des domaines gérés par l'État.

Au cours de la semaine dernière, un certain nombre d'informations avaient laissé entrevoir que des négociations pourraient avoir lieu entre autorités civiles et responsables religieux. Le président de la Conférence épiscopale avait, semble-t-il rencontré les autorités civiles au plus haut niveau à Hanoi. Dans des communications publiées par l'agence Vietcatholic news, Mgr Nguyên Van Sang a fait état de deux rencontres durant lesquelles il s'était entretenu au sujet des propriétés d'Eglise, une première fois avec un cadre administratif et, une seconde fois, avec un responsable des affaires religieuses. L'évêque avait laissé entrevoir quelque espoir.

Zenit.org - 25 Janvier 2007


Les autorités vietnamiennes "regrettent" les manifestations de catholiques

Les autorités vietnamiennes ont "regretté" jeudi les récentes manifestations de catholiques à Hanoï pour la restitutions de propriétés confisquées depuis un demi-siècle, leur expliquant que la terre ne leur appartenait pas. Dans un pays où les manifestations sont rares, les catholiques, parfois par centaines, ont multiplié les rassemblements pacifiques dans la capitale, surtout près de la cathédrale devant une villa abritant autrefois la délégation apostolique, mais aussi près d'une paroisse plus excentrée.

Le Premier ministre vietnamien, Nguyen Tan Dung, est lui-même intervenu dans la foulée des premières manifestations fin décembre. Se déplaçant pour rencontrer l'archevèque de Hanoï, Mrg Joseph Ngo Qiang Kiet, il a promis de se pencher sur le problème, ce qui n'a cependant pas mis fin au phénomène. "Le comité des affaires religieuses du gouvernement a regretté que les deux incidents (les rassemblements sur les deux sites, NDLR) se soient produits", a déclaré le chef du département des catholiques au comité des affaires religieuses du gouvernement, Duong Ngoc Tan. Pour attribuer un terrain à une organisation religieuse, "l'Etat se fonde sur les besoins" de cette organisation, a-t-il ajouté dans un entretien à l'Agence vietnamienne d'information, officielle.

Mais la loi stipule que "chaque parcelle de terre est possédée par la nation toute entière, avec l'Etat comme représentant pour la propriété publique", a encore ajouté le responsable. "Il n'y a donc pas de propriété privée de la terre", seulement des "droits d'usage des terrains".

Avec quelque 6 millions de fidèles, les catholiques représentent environ 7% de la population vietnamienne. Nombre d'entre eux ont fui vers le sud du pays après le départ des Français et l'arrivée des communistes au pouvoir au nord, en 1954. Après la fin de la guerre du Vietnam en 1975 et la réunification du pays, ils ont, comme toutes les autres religions, été placés sous le contrôle de Hanoi sur l'ensemble du territoire, perçus comme une menace au pouvoir communiste.

Depuis les années 90, leur situation s'est peu à peu améliorée, le Premier ministre vietnamien effectuant même une visite historique au Vatican l'an dernier. Mais elle reste encore très sensible et source de nombreuses revendications. Interrogé lors des récentes manifestations, un prêtre de Hanoï a, sous le couvert de l'anonymat, notamment déploré que l'Eglise ne puisse toujours pas avoir ses propres publications, ses écoles ou hôpitaux.

Agence France Presse - 24 Janvier 2007