Délocalisation positive au Vietnam
Son histoire se confond avec celle de l’industrie en France. Créée en 1789, la tannerie Rostaing, à Villieu, dans l’Ain, a employé jusqu’à 250 personnes à la grande époque.
Dans les années 70, l’activité se recentre sur le gant (travail, jardinage), avant l’arrivée, déjà, de la concurrence du Pakistan, de l’Inde et de la Chine. Lorsque Jacques Rostaing reprend l’entreprise en 1993, il n’y a plus que 42 employés. Autodidacte, mais avec derrière lui une solide expérience dans l’import-export avec HongKong et Taiwan, l’homme est certain que l’avenir de la société passe par l’Asie. « L’entreprise avait beaucoup de savoir-faire, raconte Jacques, et un bon réseau commercial. Ce qui lui manquait surtout, c’était une vraie compétitivité, en terme de produits, de prix. » Un peu par hasard, Jacques Rostaing tombe sur le Vietnam. 5 ans plus tôt, avec le « Doi Moi », L’ex-Indochine s’était ouvert aux investisseurs étrangers, et les liens avec la France restaient forts.
Jacques Rostaing ouvre une première usine près d’Ho Chi Minh Ville (l’ex-Saigon), où il vit désormais, dans le sud du pays. A ceux qui l’accusent alors de délocalisation, il répond redéploiement industriel, « En allant en Asie, ce n’est pas comme en Afrique ou en Europe de l’Est, où vous mettez juste un directeur sur place. En Asie, c’est un choix, un vrai virage dans votre entreprise. Vous devez avoir une direction forte et une réflexion locale. » Du gant en cuir, Jacques Rostaing se diversifie dans le caoutchouc et à de nouveaux produits : vêtements ou chaussures et sacs de luxe pour clientes japonaises fortunées. De fil en aiguille, il ouvre 4 usines au Vietnam, qui font vivre aujourd’hui 450 personnes. Sa grande fierté, c’est d’avoir aussi su créer 10 postes de technico-commerciaux en France, et surtout d’avoir fait revivre au Vietnam une tannerie fermée depuis des années. « Pendant l’inauguration, se souvient Jacques, j’ai présenté le petit-fils d’une tannerie que j’ai reprise en partie, la tannerie Costil, la plus grosse tannerie en France, à Pont-Audemer, j’ai repris une partie de ce matériel. Le petit-fils était là et disait « je me rappelle, j’avais cela dans la tannerie de mon grand-père ! »
Jacques Rostaing, 53 ans, père de 4 enfants dont deux filles rentrées en Europe, au Luxembourg, aimerait que son exemple inspire d’autres entrepreneurs. Seules 350 sociétés françaises sont présentes au Vietnam, ce qui est bien peu, regrette-t-il, au regard de l’histoire commune avec ce pays. C’est dans cette optique qu’il organise du 6 au 12 avril à Ho Chi Minh Ville la première semaine française au Vietnam, sorte de vitrine permanente pour inciter les entreprises françaises à franchir le pas, avec match de football d’anciennes gloires et semi marathon au chapitre communication. Quoi de mieux que le sport pour sceller l’amitié entre deux pays ?
Par Emmanuel Langlois - France Info - 24 Février 2008
les Français encore frileux au Vietnam
Les Français sont présents au Vietnam, c’est une vieille histoire, mais pas suffisamment. Pourquoi c’est intéressant d’aller là-bas ?
- C’est intéressant aujourd’hui parce que le Vietnam a la deuxième croissance en Asie derrière la Chine, et cette croissance moyenne est de 7,5% ces dix dernières années. Ca c’est une première chose. Deuxième chose, son entrée dans l’OMC (l’Organisation mondiale du commerce) a ouvert une forte mobilisation des bailleurs de fonds. De grosses infrastructures sont en cours de financement, y compris un port en eaux profondes à côté de Ho Chi Minh Ville. Troisièmement, les salaires sont peu élevés, même inférieurs à ceux de la Chine. La région est stable politiquement, et la demande intérieure est de plus en plus forte. C’est quand même un marché de 84 millions d’habitants, et la sous-région du Mékong représente 300 millions d’habitants.
- Economiquement, quelles sont les raisons d’y aller ?
- Je l’ai dit tout à l’heure, les salaires c’est certain. Le fait qu’on puisse travailler en anglais et en français, c’est aussi plus facile qu’en Chine, où il vaut mieux parler chinois. Il ne faut pas oublier que si on veut exporter dans la sous-région, il y a un million de Vietnamiens qui parlent chinois, qui parlent le cantonais, donc on peut aussi exporter en chinois, si on veut. Donc c’est vraiment une région, en plus qui fait partie de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), donc une zone économique également très stable dans le Sud-Est asiatique.
- On l’a vu avec Jacques Rostaing, les Français ont du temps à rattraper, d’autant qu’il y a une histoire commune intéressante, encore très vive avec l’Hexagone ?
- Il ne faut pas oublier que les Français sont arrivés les premiers, dans les années 89-90, au moment de l’ouverture, le "Doi Moi", mais ils sont venus trop tôt, et avec des entreprises trop grosses. L’économie n’était pas en très bonne santé, donc ils se sont pris quelques gamelles. Et aujourd’hui, ça les a freinés. Donc, nos amis Allemands et Italiens ont été plus rapides que nous. Les Asiatiques et Allemands sont très très présents, les Chinois de HongKong et de Taiwan investissent énormément. Donc, on a pris un peu de retard mais je pense qu’on est en train de le rattraper, grâce à des initivatives comme la Semaine Française au Vietnam.
- Ca veut dire que c’est plus ouvert à des PME, des entreprises de taille raisonnable, familiale, comme celle de Jacques Rostaing, que des grosses multinationales françaises ?
- Oui, parce que c’est vrai qu’il y a de la place pour les multinationales, mais le marché intérieur n’est pas encore très très développé, par exemple dans l’automobile, les voitures sont importées ou montées localement mais les taxes ne favorisent pas le développement de ce secteur.
Entretien avec Jean-Pierre Pont par Emmanuel Langlois - France Info - 24 Février 2008
La Semaine Française au Vietnam
La Semaine Française au Vietnam, un tremplin idéal pour les produits et le savoir-faire français vers le marché vietnamien dynamique. En Avril 2008, pour la première fois, l’ensemble des acteurs du monde économique français au Vietnam se réunissent pour organiser La Semaine Française.
Cette manifestation exceptionnelle est un rendez-vous pour découvrir le Vietnam, Nouveau Dragon d’Asie, démontrer le dynamisme et le modernisme de la France, de sa culture et de ses entreprises auprès des acheteurs et consommateurs vietnamiens. Depuis l’ouverture économique du Vietnam, dans les années 90, la communauté française, ses entreprises et ses institutions, ont accumulé une connaissance approfondie du pays, de ses structures et de ses réseaux. L’Ambassade et le Consulat de France à Hô Chi Minh Ville, la Chambre de Commerce Française au Vietnam, UBIFRANCE et les Missions Economiques de Hanoi et de Hô Chi Minh Ville, les Conseillers du Commerce Extérieur de la France et l’Amicale des Francophones au Vietnam, s’unissent pour mettre leur expérience à la disposition des entreprises françaises qui souhaitent investir le marché vietnamien dynamique et leur faire bénéficier d’une subvention dans le cadre de la labellisation.
En France, la Semaine Française est soutenue par : Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Emploi MEDEF International UBIFRANCE UCCIFE Les CCI de Paris, Lyon, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Vaucluse, etc. CGPME Rhône-Alpes Euro-Toques... Grâce à la Semaine Française, vous rencontrerez des professionnels vietnamiens ou français présents sur place, explorerez les nombreuses opportunités du marché, trouverez le bon partenaire commercial, et pourrez démarrer ou développer de manière efficace vos affaires au Vietnam. La Semaine Française peut aussi être votre plus bel outil de communication, touchant un public très large au travers de ses différentes animations largement médiatisées dont un semi-marathon, un match amical de football avec d’anciennes stars françaises du foot, un défilé de mode, une exposition de photos, un spectacle de danse et une soirée Montmartre organisée dans les jardins du consulat par l’Amicale des Francophones au Vietnam.
France Info - 24 Février 2008
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