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Pour jouer au football, un Brésilien se fait Vietnamien

BEN LUC — Pour poursuivre sa carrière, le footballeur brésilien Fabio Dos Santos s'est fait vietnamien et, même si la terre des quintuples champions du monde lui manque, il pourrait aujourd'hui devenir le premier joueur d'origine étrangère de l'équipe nationale du pays communiste.

Fin 2001, Santos a été le premier Brésilien, avec deux de ses compatriotes qui ont aujourd'hui quitté le pays, à tenter l'aventure du football vietnamien. Un football encore très amateur, à des années lumières de celui de la "Seleçao". "Au Brésil, il y a six ans, c'était très difficile, trop difficile de jouer", raconte Santos du haut de son 1m98. Le gardien de but a alors voulu tenter l'expérience internationale. Le club de Dong Tam-Long An à Ben Luc, un district de la province de Long An proche de Hô Chi Minh-Ville, l'ex-Saigon au sud, était sa seule opportunité.

Plus de 35 Brésiliens au Vietnam

Depuis, plusieurs Brésiliens ont suivi son exemple. Ils sont aujourd'hui plus de 35 à jouer au Vietnam, raconte l'entraîneur de Santos, le Portugais Henrique Calisto, qui l'a recruté. "Quand je suis arrivé, le football était très très mauvais ici, le football était vraiment amateur", se souvient Santos. Maintenant, "ils essaient de s'améliorer, ils essaient de devenir plus professionnels." Les étrangers ont largement contribué à cette évolution, estime Calisto. Santos, comme les autres, "ont apporté leur sens tactique, leur sens professionnel." Signe des temps qui changent, l'augmentation des frais de transfert de ces joueurs. Ils se chiffrent aujourd'hui en dizaines de milliers de dollars, contre quelques milliers quand Santos est arrivé, selon l'entraîneur. Cette professionnalisation du sport, c'est une des raisons pour lesquelles Santos a accepté de changer de nationalité. Après tant d'années, retourner au Brésil devenait aussi compliqué. Ici, "il a un plus bel avenir qu'au Brésil", estime Calisto. "Le Brésil est un grand pays, avec un grand avenir", poursuit le coach. "Mais au Brésil, sans connexions, tu ne peux rien faire."

Renoncer à la nationalité brésilienne

C'était aussi une bonne opération pour le club. En match, l'entraîneur ne peut pas aligner plus de trois étrangers. Santos vietnamien, une place se dégageait pour améliorer une défense qui laisse encore à désirer. Devenir ressortissant du Vietnam -- un pays où aujourd'hui encore le football brille plus par les paris massifs et illégaux sur les championnats européens et les scandales de match arrangés que par ses résultats -- n'a pas été simple. Le pays communiste ne reconnaît pas encore la double nationalité. Le gardien a notamment dû se rendre à Brasilia pour renoncer à la brésilienne. Ce qui manque le plus à Santos, ce sont sa "famille, sa mère, ses frères, ses amis" et cette folie autour du football au Brésil. Les Vietnamiens aiment le ballon rond, mais différemment. "Au Brésil, je vois beaucoup de gens pleurer quand une équipe perd. Ici, ils rient juste." La sélection nationale vietnamienne ? Santos assure ne rien "attendre". Il préfère "laisser ces choses venir naturellement."

La Fédération vietnamienne de football est justement sur le point de choisir l'entraîneur national. Le nom de Calisto notamment circule. Dans la foulée sera revue la composition de l'équipe. "Partout dans le monde, on joue avec des étrangers naturalisés... Ici, je ne sais pas comment les gens vont réagir, mais c'est (un phénomène) normal", commente Calisto. Et puis Santos s'est déjà imposé dans le paysage vietnamien, estime l'entraîneur, qui va même jusqu'à oser une comparaison audacieuse avec le célèbre gardien-buteur paraguayen, José Luis Chilavert. "Santos marque des buts parfois. L'image reste dans la tête des supporters. C'est le Chilavert vietnamien."

Agence France Presse - 16 Mars 2008