Hévéaculture : les investisseurs viêtnamiens veulent plus de souplesse administrative
Une vingtaine d’investisseurs viêtnamiens ont rencontré hier l’ambassadeur du Viêt-nam au Cambodge et des représentants des autorités cambodgiennes afin d’évoquer des projets d’investissements dans l’hévéaculture qui tardent à voir le jour.
Une vingtaine d’investisseurs viêtnamiens mem-bres de l’Union des entreprises de caoutchouc du Viêt-nam (UEV) étaient réunis hier dans un grand hôtel phnompenhois au côté de leur ambassadeur auprès du Cambodge, de représentants du ministère de l’Agriculture et de quatre gouverneurs de provinces cambodgiennes dans le but de discuter de projets d’investissements dans l’hévéaculture qui tardent à se concrétiser.
Selon le président du conseil de l’UEV Tran Kien Quyet, quatre provinces, Kompong Thom, Kratié, Mondolkiri et Preah Vihear, ont d’ores et déjà fait l’objet d’études de la part d’investisseurs viêtnamiens, conformément à un ambitieux projet des autorités viêtnamiennes de planter 100 000 hectares d’hévéas dans le royaume. Mais jusqu’à présent, seules deux sociétés viêtnamiennes auraient obtenu l’autorisation d’exploiter 3 000 hectares, pour un investissement de 4 millions de dollars, au début de l’année. Les autres sociétés, elles, ne disposeraient toujours pas de terres.
“Nous sommes confrontés à des complications administratives avec les autorités cambodgiennes, à la bureaucratie qui alourdit les coûts et fait perdre du temps et à des difficultés avec les services douaniers”, a pointé du doigt Tran Kien Quyet, soulignant aussi les effets négatifs de la spéculation foncière qui veut que les sociétés viêtnamiennes paient le prix fort à des intermédiaires. De même, les tracasseries à la frontière pour acheminer du matériel constitueraient un obstacle conséquent, selon le président du conseil de l’UEV.
“Je voudrais que les sociétés soient un peu patientes”, a rétorqué le représentant du ministère de l’Agriculture lors de cette rencontre, Ty Sokun, directeur de l’administration forestière cambodgienne. “Les difficultés donnent expériences et valeur, sans lesquelles un projet ne survit pas longtemps”, a-t-il affirmé devant les investisseurs, avant de leur assurer son soutien entier.
La partie viêtnamienne a également tenu à plaider en faveur d’une définition large des zones forestières au Cambodge, encore floue, pour que, comme au Viêt-nam et dans la plupart des pays d’Asie du Sud-Est, le terme “forêt” englobe certaines plantations dont celles d’hévéa. Une définition à laquelle la direction de l’administration forestière travaillerait actuellement, selon Ty Sokun, qui ne s’est pas prononcé outre mesure sur cette question. Elle devra en effet s’inscrire dans le cadre de l’application du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.
L’ambassadeur du Viêt-nam a conclu la rencontre en promettant de donner un “coup d’accélérateur à ce dossier” qui “a trop tardé jusqu’à présent” et a demandé au gouvernement de proposer le cas échéant des terrains dans d’au-tres provinces. La question figurera de toute façon, a assuré le diplomate, à l’ordre du jour de la visite du ministre viêtnamien des Affaires étrangères au Cambodge, au mois d’août.
Par Nhim Sophal - Cambodge Soir - 30 mai 2007
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