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Technologies de l'information : futurs partenariats dans l'open source

D'ici 2009, le projet FOSS Bridge EU-Vietnam (Free and Open Source Software) permettra d'organiser des programmes de formation adressés spécialement aux entreprises de logiciels vietnamiennes. Cas concret, la société Bull Belgique a conclu un contrat de formation avec l'Université de Cân Tho. Ce projet ouvrirait la porte aux initiatives et aux projets de coopération en matière de logiciels libres et open source entre les entreprises vietnamiennes et celles de l'Europe. C'est ce qu'a annoncé Corinna von Hartrott-Nöldeke d'InWent, centre de formation allemand en développement international, dans le cadre d'un récent forum d'entreprises sur le logiciel libre (1) et open source (2), tenu à Hanoi. Cet événement a attiré une cinquantaine d'entreprises européennes et vietnamiennes pour étudier les opportunités de coopération technique et commerciale en la matière.

Sur la période 2007-2009, le projet FOSS Bridge est sponsorisé par la Commission européenne, via le programme Asia-Invest II, et le ministère allemand du Développement et de la Coopération économique, via InWent. "Le Vietnam fait partie du groupe de 4 pays sud-est asiatiques qui bénéfice d'un programme IT@FOSS lancé par le ministère allemand pour promouvoir le développement et l'application de l'open source. Il est le premier où le projet FOSS Bridge fait venir les entreprises européennes," a souligné Balthas Seibold d'InWent. "Les PME vietnamiennes qui participent au projet FOSS Bridge, auront l'occasion de comprendre les normes internationales en matière d'open source, d'obtenir des informations concernant les droits d'auteur, ainsi que les expériences des entreprises européennes," a dit Vu Thê Binh de l'Institut vietnamien des technologies de l'information (IoIT). Celui-ci a souligné également le fait que l'utilisation des logiciels open source pourrait réduire les dépenses du gouvernement dans le domaine des technologies de l'information.

Le projet FOSS Bridge EU-Vietnam résulte d'un consortium de 3 partenaires : InWent d'Allemagne, l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) de France et l'IoIT. L'objectif majeur dudit projet est de développer l'industrie des logiciels en Asie du Sud-Est via les logiciels open source et le développement des affaires et de renforcer la coopération avec l'Europe. À cette occasion, plusieurs rencontres d'affaires ont eu lieu dans le but d'établir de futurs partenariats en la matière. Catherine Nuel, chef de projet à l'INRIA s'est réjouie des premiers "échos positifs".

Formation par Bull Belgique et l'Université de Cân Tho

La société Bull Belgique, très présente dans le secteur public, espère apporter son expérience en logiciels libres, son savoir-faire au niveau commercial et technique. À l'issue du forum, Bull Belgique a conclu un contrat pour former les professeurs de l'Université de Cân Tho. Selon son représentant Patrick Cambier, Bull a remporté un gros projet du ministère belge des Finances (32.000 utilisateurs), utilisant une technologie développée par la société vietnamienne ExoPlatform (basée en France, Ukraine et au Vietnam). "Un échange enrichissant," s'est exalté Patrick Cambier. Ces bons signes de la naissance de partenariats entrent bien dans la philosophie du projet FOSS Bridge : transfert et mise en commun des connaissances.

"On attend les répercussions du projet FOSS Bridge : des coopérations techniques sur les projets, les contributions sur les codes sources," a dit Catherine Nuel. De plus, l’INRIA nourrit une autre ambition, celle de voir des partenariats d'affaires se mettre en place, se développer et, donc, que soient utilisées au Vietnam les technologies développées en Europe pour que tout le monde soit bénéficiaire dans une logique de gagnant-gagnant. "Si des technologies développées au Vietnam sont utilisées en Europe, ce serait un aboutissement positif," a-t-elle ajouté. Sous les tutelles du ministère de l'Industrie et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, l'INRIA a aussi un programme pour promouvoir la francophonie dans ce cadre, "le projet Foss Bridge peut bénéficier d'un certain soutien financier de l'INRIA et des ministères," a souligné Catherine Nuel.

Constat : manque de sociétés de grande taille

Depuis 2003, le Vietnam a décidé d'utiliser l'open source pour ses infrastructures en technologies de l'information. Déclenché en même temps, le projet national sur l'open source a connu, jusqu'à présent, des "résultats modestes", selon les experts. "Le Vietnam manque de sociétés informatiques de grande taille. Au niveau politique, il faut voir s'il y a une volonté de développer des projets open source," a fait remarquer Patrick Cambier. Sur le plan juridique, le logiciel libre et open source n'est protégé que sur le plan du droit de la propriété et de la confidentialité commerciale, tandis qu'il n'y a aucun texte juridique sur les versions modifiées, les brevets d'innovation pour l'open source. Le gouvernement autorise l'exemption de la taxe d'importation des produits en matière de tech- nologies de l'information, a cité Nguyên Thuy Nhi du ministère des Sciences et Technologies (MST).

À présent, l'open source est enseigné dans 21 universités. L'Institut francophone de l'informatique (IFI) utilise les logiciels libres et open source dans l'enseignement et la gestion. Se forment progressivement des communautés d'utilisateurs open source. En septembre dernier, le Vietnam est devenu membre d'Asianux (alliance open source comprenant la Chine, Corée du Sud et Japon) pour travailler ensemble sur les applications open source et Linux pour toute l'Asie. Un centre Asianux et un centre similaire OpenLab ont été inaugurés respectivement à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville.

(1) Le logiciel libre est un logiciel dont la licence, dite libre, donne à chacun le droit d'utiliser, d'étudier, de modifier, de copier, de donner et de redistribuer le logiciel. Pour être dit libre, un logiciel doit offrir 4 libertés fondamentales :
la liberté de l'utiliser,
la liberté d'en faire des copies et de les distribuer,
la liberté de le modifier pour ses propres besoins,
la liberté de l'améliorer
Cela signifie en particulier que son code source doit être disponible, au contraire des logiciels dits propriétaires pour lesquels il est interdit d'accéder au code source.

(2) L'open source (source ouverte) : s'applique aux logiciels dont la licence respecte certains critères dont la possibilité de libre redistribution, d'accès au code source et de faire des travaux dérivés. Dans la pratique, un logiciel dit libre est toujours open source alors qu'un logiciel dit open source n'est pas forcément libre. Par ailleurs, un logiciel libre, même s'il peut être souvent obtenu gratuitement, n'est pas forcément gratuit, surtout quand il fait l'objet d'un emballage et d'un support.

Par Lê Thanh Tu - Le Courrier du Vietnam - 21 Novembre 2007