Sous le soleil du Viêtnam : écoles Do Son
Au dehors : la mer qui s'étend au large vers l'horizon. Au dedans : cahiers, crayons, présentations Powerpoint. Bienvenue à Do Son, l'école où des chercheurs français viennent à la rencontre d'étudiants vietnamiens.
Le centre de formation permanent Do Son, un havre de tranquillité niché dans une station balnéaire à 120 kilomètres de Hanoï, accueillera, cette année encore, du 12 au 22 novembre 2007, une dizaine de chercheurs du CNRS. Mais loin de jouer les touristes, ceux-ci viendront partager leurs connaissances avec une cinquantaine de chercheurs et d'étudiants vietnamiens. Après la spectroscopie électronique, le traitement des déchets solides, la sécurité des digues et des barrages, les substances naturelles à activité biologique et d'autres thèmes cruciaux pour le développement du Viêtnam, cette dixième édition est dédiée à la géophysique et à la prévention des risques naturels. Deux semaines d'apprentissage intensif attendent chercheurs et étudiants : c'est la formule pédagogique bien rodée de cette école franco-vietnamienne1, née pour encourager le développement de la recherche au Viêtnam à l'initiative de Catherine Bréchignac lorsqu'elle était directrice générale du CNRS, et de Dang Vu Minh, son homologue au Centre national de la science et de la technologie, devenu depuis Académie des sciences et technologies du Viêtnam.
La première école voit le jour en 1999, à la suite du Sommet de la francophonie qui s'est tenu à Hanoï deux ans plus tôt. Lors de cet événement, le Viêtnam est désigné zone de solidarité prioritaire et bénéficie de l'aide publique de la France pour le développement de ses institutions de recherche2. Établie sur le modèle de l'École de physique des Houches en France, elle sert de cadre à des enseignements scientifiques de haut niveau. Mais outre sa vocation formatrice, cette école vise aussi à faire naître des projets de recherche associant les deux communautés. Un « brain storming » studieux, favorisé par le calme du site qui, loin des métropoles, incite les chercheurs à rester sur place pour toute la durée de la formation. Au programme : cours magistraux (en français, traduits simultanément en vietnamien), mais aussi ateliers, tables rondes, travail en petits groupes et, le week-end venu, excursion à la célèbre baie d'Along. Tout comme aux Houches, les participants vivent véritablement ensemble pour mieux mettre en commun leurs savoirs et échanger leurs idées.
Et depuis dix ans, cette initiative porte ses fruits. Les écoles Do Son ont presque toujours abouti à des projets de collaboration, dont plusieurs dans le cadre d'actions du CNRS, tels que les programmes internationaux de coopération scientifique (Pics). De plus, les nouveaux savoirs prodigués à Do Son se propagent rapidement à travers le pays, car les présentations des chercheurs français sont publiées chaque année sous forme d'annales, et servent de manuels scolaires à d'autres étudiants vietnamiens. « Et quoi de mieux pour assurer l'essor de la recherche au Viêtnam, et véritablement accompagner son développement, que de former directement ses jeunes chercheurs ? », explique Minh Ha Pham-Delègue, directrice adjointe de la Direction des relations internationales (DRI)-Asie Pacifique au CNRS.
En 2007, cette école franco-vietnamienne prend de l'ampleur avec une seconde session, consacrée aux applications des grilles de calcul informatique dans les domaines de la physique des particules, de la biologie et de la santé. Celle-ci se tiendra du 5 au 16 novembre à Hanoï, et cette fois-ci, l'enseignement, ouvert à d'autres pays d'Asie, se fera en anglais. « Il n'est cependant pas question d'abandonner la formule classique, car les chercheurs et les étudiants y sont très attachés », indique toutefois Minh Ha Pham-Delègue. Même si le format évolue, l'esprit de Do Son restera le même : réunir les ingrédients essentiels aux échanges et favoriser la gestation de projets conjoints.
Un demi-siècle après la guerre d'Indochine, le succès des écoles Do Son s'impose comme le symbole incontestable de la bonne santé des relations entre France et Viêtnam. Aujourd'hui, cependant, l'initiative Do Son transcende la simple solidarité économique. Elle incarne un idéal de collaboration mutuellement bénéfique, et prépare le terrain pour les projets de demain.
Par Lucille Hagège - Le journal du CNRS - 3 septembre 2007
1. Les écoles Do Son, financées conjointement par le CNRS et l'ambassade de France au Viêtnam jusqu'en 2004, le sont aujourd'hui principalement par le CNRS, et reçoivent le concours des partenaires vietnamiens pour la mobilisation des étudiants vietnamiens et l'organisation locale.
2. Lire « Naissance d'un dragon », Le journal du CNRS, n° 198-199, p. 37.
Contact
> Minh Ha Pham-Delègue : Direction des relations internationales du CNRS (DRI), Paris minh-ha.pham-delegue@cnrs-dir.fr
> Bernard Mely : Bureau régional du CNRS, Hanoï bylem22@gmail.com
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