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Vietnam : peines réduites pour deux avocats militants des droits de l'Homme

HANOI - La justice vietnamienne a réduit mardi en appel à Hanoï la peine infligée en première instance pour "propagande" contre le régime communiste à deux avocats militants des droits de l'Homme, à l'issue d'un procès à la tonalité inhabituellement politique.

Nguyen Van Dai, 38 ans, et sa consoeur Le Thi Cong Nhan, 28 ans, avaient été condamnés en mai à 5 et 4 ans de prison. Leurs peines ont été ramenées à 4 et 3 ans par la Cour suprême du pays, qui n'a en revanche pas touché aux 4 et 3 ans de résidence surveillée qu'ils devront effectuer à leur sortie. Pour justifier cette décision, le juge Nguyen Minh Man, qui présidait le procès, a avancé l'absence d'antécédents judiciaires des deux accusés. Il a aussi expliqué que, l'affaire ayant été découverte "rapidement", elle avait eu des "conséquences limitées".

Mais les deux avocats, qui ont refusé comme le demandait le procureur de "reconnaître leurs erreurs", ont à nouveau été reconnus coupables des charges retenues contre eux. Nguyen Van Dai et Le Thi Cong Nhan, arrêtés en mars, avaient comparu deux mois plus tard en première instance sous l'article 88 du code pénal qui interdit toute propagande contre le régime, de le diffamer. On leur reproche d'avoir écrit et distribué des documents critiquant le pouvoir, dénigré le régime dans des interviews à des médias étrangers et utilisé des cours de droit donnés à des étudiants pour faire passer leurs messages.

Mardi, ils ont reconnu défendre la promotion de la démocratie et du multipartisme dans un pays encore régi par un système de parti unique. Mais ils ont rejeté en bloc les accusations de "propagande" contre le régime. "Il n'y a aucun contenu de propagande dans le fait d'encourager à construire le multipartisme et la démocratie au Vietnam", a estimé Nguyen Van Dai. "Je ne m'oppose pas au parti, mais j'ai des points de vue différents du parti". Le Thi Cong Nhan a dénoncé une "démocratie et (des) droits de l'Homme encore très faibles" dans le pays. Reconnaissant être membre du bloc pro-démocratique 8406 et du Parti du progrès du Vietnam, interdits mais qui défendent ce multipartisme, elle a affirmé avoir "toujours appelé à une lutte sans violence".

Dans des tirades régulièrement interrompues par la Cour, leurs propres avocats ont eux appelé le Vietnam à respecter ses engagements internationaux. "Selon les conventions internationales que le Vietnam a signées, ratifiées (...) on a le droit d'exprimer ses points de vue de manière libre et indépendante", a déclaré Me Dang Trong Dung. Membre depuis janvier de l'Organisation mondiale du Commerce, futur membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, le Vietnam "doit respecter les conventions internationales qu'il a signées", a-t-il poursuivi.

Le procès, prévu sur deux jours, n'a finalement pas duré une journée pleine. Des journalistes étrangers ainsi qu'une petite dizaine de diplomates européens, américain et australien ont pu le suivre dans une salle à part.

Agence France Presse - 27 Novembre 2007