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Le Vietnam redessine son gouvernement pour accélérer les réformes économiques

Le Vietnam s'est doté jeudi d'un gouvernement resserré dans lequel les analystes voient une volonté d'accélérer les réformes nécessaires à l'intégration économique du pays communiste sur la scène internationale.

L'Assemblée nationale a entériné un remaniement proposé plus tôt par le Premier ministre Nguyen Tan Dung, qui propulse au rang de vice-Premiers ministres deux jeunes ministres formés à l'étranger et au bagage économique reconnu. Nguyen Thien Nhan, âgé de 54 ans et qui a fréquenté les bancs de Harvard, s'occupera des questions sociales et culturelles en plus de l'Education. Hoang Trung Hai, 47 ans, passe de l'Industrie à l'Economie. Ont été maintenus à leurs postes-clés les ministres des Affaires étrangères, Pham Gia Khiem, de la Défense, Phung Quang Thanh, ou encore de la Sécurité publique, Le Hong Anh. Les portefeuilles du Travail, de la Justice, de la Santé, de l'Intérieur ou encore de l'Environnement ont en revanche changé de main.

Le Premier ministre semble avoir bénéficié d'une marge de manoeuvre plus grande qu'à l'ordinaire dans la recomposition de son équipe, même si le terrain avait été largement balisé lors du dernier plénum du comité central du parti en juillet. "Nguyen Tan Dung a gagné une importante bataille en augmentant le nombre de ses vice-Premiers ministres et en étant soutenu dans son choix de deux jeunes responsables tournés vers le monde occidental", estime Carl Thayer, expert du Vietnam à l'Australian Defence Force Academy de Canberra.

Le Vietnam, membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis janvier, est de plus en plus sous pression pour ouvrir son économie, réduire ses lourdeurs administratives et lutter contre une corruption encore endémique. Les investisseurs étrangers sont nombreux à se bousculer à sa porte. Mais les projets traînent souvent des années et les entreprises étrangères sont impatientes de voir les sociétés vietnamiennes ouvrir davantage leur capital, par exemple dans les télécoms et la finance. Le remaniement s'est accompagné d'une réduction des postes ministériels dont les observateurs étrangers attendent aussi des prises de décisions plus efficaces. Les ministères du Commerce et de l'Industrie, comme ceux de l'Agriculture et de la Pêche vont fusionner. Le remaniement devrait donner un coup de fouet aux réformes économiques, selon les observateurs, sans cependant aller jusqu'à un changement radical de politique. Et surtout pas jusqu'à une plus grande ouverture politique.

"Je pense qu'il y a un consensus au sein du parti sur le fait qu'ils ne veulent pas" des réformes politiques, estime Jonathan Pincus, économiste au Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). "Ceux qui sont libéraux sur le plan économique croient en l'intégration du Vietnam dans l'économie mondiale, en l'ouverture du commerce, des investissements étrangers, ils ne croient pas en la libéralisation du système politique", poursuit-il. Pour Carl Thayer, l'autorité de Nguyen Tan Dung sera en outre "modérée par le conservatisme naturel des dirigeants plus âgés". Et en matière d'information, à l'heure où le pays se met de plus en plus à l'internet, l'expert s'attend à une poursuite de "la censure", mais sous une forme "plus sophistiquée", avec la nomination de l'actuel ministre de la Culture et de l'Information à la tête d'un ministère recomposé de l'Information et des Communications.

Par Aude Genet - Agence France Presse - 2 août 2007