~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Poivre, chaud devant

La pause aura été de courte durée sur le marché du poivre. Les prix du poivre noir ont reculé de quelques centaines de dollars par tonne pendant la troisième semaine de mai, avant de repartir de plus belle : au départ du Vietnam, la tonne vaut actuellement 3 700 dollars, soit deux mille dollars de plus qu’il y a un an. Le poivre blanc, quant à lui, reste sur des hauteurs inchangées depuis le début du mois, autour des 5 300 dollars la tonne, le double par rapport à l’année dernière. Cette vertigineuse ascension n’est pas vraiment une surprise pour le négoce, rompu au rythme décennal de cette épice.

Lorsque les cours atteignent des sommets, les producteurs augmentent leur surface. Cinq ans après, quand le rendement des nouveaux plants est à son apogée, les cours s’affaissent. Découragés, les agriculteurs se désintéressent alors des poivriers, ce qui entraine une baisse de la production, d’où une nouvelle hausse exponentielle des cours quelque cinq années plus tard.

On repère ces pics depuis trente ans. Celui de 2007 n’est sans doute pas encore atteint car la raréfaction de l’offre est plus importante que prévue. Le mouvement de hausse a commencé l’été dernier, au moment de la récolte indonésienne qui a considérablement chuté ces dernières années. Les fermiers de l’archipel se sont reconvertis dans l’hévéa ou dans l’extraction de l’étain, deux matières premières beaucoup plus lucratives que l’épice au plus bas depuis 2004. Au début de l’année, lorsqu’on a réalisé que le premier producteur mondial, le Vietnam, récolterait 30% de moins que la saison précédente, la tendance haussière a trouvé un nouveau souffle.

Si le cycle du commerce du poivre reste inchangé, en revanche les opérateurs se sont considérablement transformés depuis le dernier sommet atteint en 1997. Les Vietnamiens, quasiment inexistants il y a dix ans, fournissent aujourd’hui la moitié de la demande mondiale. Une position dominante dont ils jouent avec un art consommé de la rétention. La disparition de quelques poids lourds du négoce des épices a, par ailleurs, fragilisé les acheteurs. Ces grandes maisons basées en Europe avaient les moyens de stocker les précieux grains pour faire face lorsque les cours grimpaient, mais les industriels ont préféré s’approvisionner directement à l’origine. Résultat : il n’existe plus de stocks tampon, et les hausses se répercutent beaucoup plus violemment sur le marché. En ce moment, par exemple, il est impossible de trouver un vendeur en Asie pour une livraison au dernier trimestre 2007 ou au premier trimestre 2008. Un assèchement de l’offre qui promet de chaudes réactions dans les mois qui viennent.

Par Dominique Baillard - Radio France Internationale - 1er juin 2007