France-Vietnam : une passerelle vietnamienne à l'École polytechnique de Palaiseau
La visite à l'École poly-technique de Palaiseau, le 2 octobre 2007, du Premier ministre vietnamien Nguyên Tân Dung, accompagné de 4 ministres et de 9 vice-ministres, marque un pas important dans l'influence de la Francophonie sur les relations scientifiques et techniques entre la France et le Vietnam.
Dans la cour d'honneur, une assistance fournie d'élèves, de doctorants, de chercheurs et de professeurs est venue accueillir la délégation vietnamienne. Les 2 hymnes nationaux joués à la trompette ont retenti en ce lieu, avant que le général Xavier Michel et son hôte passent en revue les élèves en tenue de parade.
Dans le grand amphithéâtre Poincaré, environ 500 personnes attendent les visiteurs pour écouter le discours du chef du gouvernement vietnamien. Dans son allocution de bienvenue, le général Michel Xavier, directeur de l'école, nous a informés de sa récente visite au Vietnam pour la célébration des 10 années du "Programme d'honneur de l'Université nationale de Hanoi et de l'ambition commune des 2 pays en matière de formation et de développement scientifique et technique".
Nguyên Tân Dung, après les remerciements d'usage, a retracé les faits marquants de la vie au Vietnam et brossé le tableau des réalisations économiques depuis l'ouverture et le Renouveau des années 90. Malgré les difficultés de l'après-guerre, le Vietnam a connu une évolution qualifiée de "rapide" pour entrer dans le concert des nations. Membre depuis peu de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le pays a des relations économiques avec de nombreux pays du monde et figure désormais parmi les premiers exportateurs de produits dans le Sud-Est asiatique tels que riz, café, poivre, noix de cajou, évolution qui est clairement attestée par les statistiques. Mais s'agissant de développement scientifique et technique, le pays se tourne vers son élite. Le nombre et la qualité de ses cadres et dirigeants sont à la mesure de son développement, d'ores et déjà programmé jusqu'en 2020, date à laquelle le Vietnam sera principalement industrialisé.
Rehausser les compétences intellectuelles
En répondant aux questions de la salle sur la position internationale du Vietnam, sa compétitivité à l'égard de ses voisins tels que la Thaïlande ou Singapour, et sur l'agenda pour l'ouverture à l'actionnarisation des entreprises publi-ques, M. Dung a souligné que le pays était résolu à éradiquer la pauvreté pour "se placer dans cour des grands" en tous domaines, qu'ils soient social, économique ou politique. Dans le cadre des relations internationales, le Vietnam est candidat au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU pour le mandat 2008-009. Avec ses voisins, en particulier la Thaïlande et Singapour, les relations commerciales d'égal à égal "prospèrent", faisant preuve d'une constante dynamique de développement. Quant à l'actionnarisation, l'agenda de la restructuration des organismes publics est actuellement suivi. Néanmoins, en matière d'investissement, les entreprises étrangè-res ont déjà leur place, et les entre- prises françaises sont en bonne position.
Un domaine où le Vietnam fait particulièrement acte de foi est celui des compétences intellectuelles. En effet, la jeunesse née après la guerre, mieux nourrie, mieux formée, s'intègre plus rapidement aux secteurs scientifiques et techniques. Le Vietnam abrite de nombreuses écoles et universités tant publiques que privées. Avec la France, la coopération scientifique et technique se poursuit dans le cadre de la Francophonie et, d'après Xavier Michel, "les étudiants formés aujourd'hui (dont ceux de l'École polytechnique) en sont l'essence. Héritiers et porteurs de 2 cultures, de 2 traditions scientifiques et humaines riches et fortes, ils donneront à leur pays, j'en suis convaincu, de légitimes motifs de fierté".
De fait, cette passerelle à l'École polytechnique, constituée de plus d'une centaine de jeunes femmes et de jeunes hommes actuellement élèves ou doctorant(e)s, confirme la volonté du Vietnam d'accroître le nombre de ses cadres, associée à une large ouverture sociale, économique et politique vers l'extérieur. Ainsi, l'enseignement des sciences attire de plus en plus de jeunes et, parmi eux, de brillantes femmes qui commencent à se positionner en mathématiques, physique, chimie et biochimie. Cepen- dant, un certain nombre d'entre eux ne retourneront pas au pays au terme de leur formation. Seule la réforme des universités, des grandes écoles et des instituts de recherche vietnamiens, accompagnée d'une très nette amélioration de la grille de rémunération des cadres supérieurs, pourra contribuer à réduire la fuite des cerveaux et attirer l'élite vietnamienne vivant à l'étranger. Pour ces actrices et acteurs de demain et, en particulier, la passerelle à l'École polytechnique, le Vietnam devra offrir des perspectives plus engageantes.
Par Nguyên Dac Nhu Mai - Le Courrier du Vietnam - 14 octobre 2007
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