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Vietnam : La Marque Orange

Plus de 30 ans après la chute de Saigon, des plaignants vietnamiens font appel auprès d’une cour newyorkaise en vue de condamner 37 firmes américaines productrices de l’agent orange. Ce défoliant contenant de la dioxine hautement cancérigène, utilisé massivement par l’US Air force pour débusquer les Viêt-Cong, aurait fait quelques 3 millions de victimes.

Quand on se remémore la guerre du Vietnam, on pense immanquablement à ces hélicoptères américains survolant des jungles et des rizières asphyxiées par les fumées encore brûlantes du napalm. Mais la marque la plus durable des « expérimentations » de l’armée US pour débusquer l’ennemi viêt-cong, dont les stigmates sont encore visibles sur plusieurs générations, reste l’utilisation massive de l’agent orange.

Ce défoliant contenant de la dioxine, produit très toxique, a été officiellement utilisé par dizaines de millions de litres entre 1961 et 1971 (sûrement plus longtemps dans la réalité) lors de l’opération « Ranch Hand » (ouvrier agricole), en vue de détruire les forêts qui abritaient la guérilla vietnamienne. Les premiers combattants intoxiqués et les habitants des zones qui ont subi l’épandage (le centre et le sud du pays) ont été atteints de cécité, de diabète ou ont développé des cancers. Leurs enfants – on en est à la troisième génération – sont, eux, atteints de malformations congénitales. Sans compter le désastre écologique que favorise la stabilité de la dioxine dans l’écosystème. Hông Hoadu du quotidien francophone le Courrier du Vietnam parle de « plus de 3,3 millions d’hectares de terres, surtout forestières (…) contaminées par les agents toxiques ». « Un véritable écocide », selon lui !

Aujourd’hui, après un premier jugement en leur défaveur en 2005, 26 victimes vietnamiennes espèrent voir leur plainte pour crime de guerre reçue en appel au tribunal fédéral de New York. Ils demandent réparation pour les quelques 3 millions de victimes auprès des 37 firmes productrices de l’agent orange, parmi lesquelles figurent le semencier Monsanto et le géant de la chimie Dow Chemical ; lesquels se défendent en arguant de leur obligation à l’époque de soutenir l’effort de guerre. Mais ces grands groupes ont conscience que le couperet peut tomber du jour au lendemain. En 1984, pour éviter qu’une plainte en nom collectif ne soit déposée par des vétérans américains victimes de l’agent orange, sept compagnies avaient trouvé un arrangement à l’amiable portant sur environ 200 millions de dollars. Il y a un an, la justice coréenne avait condamné Monsanto et Dow Chemical à verser plusieurs dizaines de millions de dollars de dédommagements à près de 7000 vétérans coréens ayant combattu aux côtés des Américains. Si l’appel des victimes vietnamiennes est entendu, restera à traiter le cas des vétérans canadiens, laotiens, cambodgiens, australiens et philippins…

Par Skander Houidi - Marianne - 20 juin 2007


L'agent orange en procès à New York

Des plaignants vietnamiens exigent des compensations de plus de trente entreprises américaines, accusées d'avoir fourni de la dioxine - ou agent orange, un produit extrêmement toxique - à l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam.

NEW YORK - Des plaignants vietnamiens se sont retrouvés lundi devant la cour d'appel de Manhattan pour réclamer compensation à 37 sociétés chimiques productrices de l'"agent orange", défoliant utilisé par les Américains pendant la guerre du Vietnam. Leur plainte avait été rejetée en première instance en 2005 par un juge fédéral new-yorkais. La décision des juges ne devrait pas être connue avant plusieurs semaines.

Le tribunal a étudié lundi matin les cas de 16 anciens combattants américains et devait se pencher sur le dossier des Vietnamiens dans l'après-midi. Trente-sept entreprises, dont Dow Chemical, Monsanto et Hercules Inc., sont mises en cause. Quatre plaignants vietnamiens, certains en fauteuil roulant, avaient fait le déplacement, dont Nguyen Van Quy, 52 ans, ancien soldat atteint d'un cancer de l'estomac, et Nguyen Thi Hong, 60 ans, ancienne infirmière sur le champ de bataille qui a depuis cumulé naissances prématurées et maladies. Ils ont été accueillis par plusieurs dizaines de supporteurs américains, de l'association "Veterans for Peace" notamment, portant à la boutonnière un ruban orange "Justice pour les victimes de l'agent orange au Vietnam". "Les entreprises doivent payer pour leurs crimes", lisait-on sur les pancartes devant le tribunal.

"Ca m'écoeure", disait Fred Wilcox, qui manifesta à l'époque contre cette guerre. "Je suis stupéfait qu'un Américain puisse se lever et affirmer qu'il n'y a aucune raison d'accorder des compensations au peuple vietnamien et à nos anciens combattants. Comment peuvent-ils vivre avec leur conscience?" L'agent orange est un défoliant contenant de la dioxine, un produit chimique extrêmement toxique. Il a été utilisé de 1961 à 1971 par dizaines de millions de litres pour anéantir la forêt et les cultures qu'utilisait la guerilla vietnamienne. Selon les associations de victimes, cet herbicide, susceptible de provoquer des cancers, de la cécité, des maladies de peau ou des malformations physiques, a touché directement ou indirectement 2 à 4 millions de personnes. Les Etats-Unis ont toujours nié leur responsabilité, arguant de l'absence de données reconnues par tous sur les effets chimiques du produit. En 1984, sept compagnies chimiques américaines avaient payé 180 millions de dollars pour qu'une plainte en nom collectif de vétérans américains ne soit pas déposée devant des tribunaux. L'an dernier, la justice sud-coréenne a condamné Dow Chemical et Monsanto à verser des dommages et intérêts à des milliers d'anciens combattants sud-coréens de la guerre du Vietnam.

Agence France Presse - 18 juin 2007


Agent orange : que toute victime soit dédommagée

Il est légitime que toute personne souffrant des séquelles de l'agent orange soit dédommagée. C'est ce qu'a déclaré le sénateur américain Chuck Hagel, vétéran de la guerre du Vietnam, au cours d'une interview accordée le 17 juin à la radio britannique BBC.

Concernant le procès en appel intenté par les victimes vietnamiennes contre les fabricants américains de produits chimiques, qui devait s'ouvrir hier aux États-Unis, le sénateur a également souligné que les séquelles de l'agent orange au Vietnam sévissaient "depuis trop longtemps". "Cette problématique mérite une plus grande attention de la part de l'opinion internationale", a-t-il insisté. Il a ajouté que le gouvernement américain devrait envoyer plusieurs groupes d'experts au Vietnam pour aider et soutenir les victimes de l'agent orange.

Jean Carey Bond, fondatrice du Congrès des noirs radicaux (BRC) qualifie l'utilisation de l'agent orange, qui ronge la terre et l'homme vietnamien depuis plusieurs générations, de "synonyme de crime contre l'humanité". Elle a manifesté le soutien du BRC aux victimes de l'agent orange/dioxine vietnamiennes dans leura lutte pour obtenir justice. Jean Carey Bond a déclaré à l'AVI "espérer que les fabricants américains accusés seront condamnés à verser des milliards de dollars de dédommagements" aux victimes vietnamiennes. Par ailleurs, Arnold Schecter, professeur en sciences de l'environnement à l'Université du Texas, a souligné que la propagande visant à minimiser les séquelles de la dioxine était une "faute grave".

La première audience de la Cour d'appel des États-Unis dans le procès des victimes vietnamiennes contre 37 compagnies chimiques américaines, devait débuter hier à New York. Profitant de cette occasion et de la présence de Noël Mamère accompagné de citoyens et d'associations du monde entier, le Collectif Vietnam-Dioxine a orchestré un rassemblement autour d'une pyramide de 4 m, constituée de 140 cartons contenant les 700.000 signatures de soutiens collectées. En outre, au cours de cette journée, de nombreuses activités se sont déroulées, comme la lecture de témoignages de soutien aux victimes, des spectacles de tambours ou encore une exposition de photos de victimes. Les pétitions ont été ensuite remises à l'ambassade des États-Unis. Il s'agit d'une des plus importantes mobilisations du Collectif Vietnam-Dioxine pour soutenir cette action en justice et faire reconnaître la responsabilité du gouvernement américain dans ce désastre.

Par ailleurs, un chœur en ligne (www.nhacso.net) intitulé Chœur pour la justice - Chant pour que justice soit rendue a été lancé dimanche avec le tube Pourquoi tu es mort?, interprété en anglais, chinois, français, japonais et russe. Ce chœur est initié par l'Association des victimes de l'agent orange/dioxine vietnamiennes et les créateurs du site internet de soutien aux victimes vietnamiennes www.dongcavicongly.com, site qui a déjà permis de recueillir quelque 157.681 signatures de soutien.

Par Lê Thanh - Le Courrier du Vietnam - 19 juin 2007