Thierry Michel, cinéaste de la réalité
Le Belge Thierry Michel est arrivé au Vietnam pour donner un cours d'analyse de scénario de film documentaire. Une occasion pour que l'on découvre le style propre de ce cinéaste pour lequel la caméra est avant tout un instrument d'approche de la réalité.
Cette formation à l'analyse du scénario de film documentaire, qui a eu lieu la semaine dernière au Studio du cinéma documentaire et scientifique du Vietnam, était exclusivement adressée aux professionnels et étudiants en cinéma.
"L'objectif est de faire découvrir aux élèves les grandes tendances du cinéma documentaire mondial. Il a pour mission par ailleurs de leur faire connaître mes propres techniques d'écriture et de réalisation de films documentaires. Ce qui se manifeste par différents volets : démarche, style d'écriture, commentaires, musique, montage...", indique Thierry Michel. Selon lui, pour faire un bon documentaire, "il faut avoir un bon sujet au départ, savoir raconter l'histoire et sans omettre les personnages forts".
Thierry Michel est venu, sur l'invitation de la Délégation Wallonie-Bruxelles de Hanoi, en collaboration avec le ministère de la Culture et de l'Information, le Département du cinéma et la Cinémathèque de Hanoi, à l'occasion des Journées internationales de la Francophonie. "C'est l'occasion pour moi de découvrir la cinématographie vietnamienne", apprécie Thierry Michel. À cette occasion, il a fait la présentation au grand public hanoien de 2 de ses films, Congo river et Mobutu, roi du Zaïre.
"Je cherche toujours à découvrir"
Ce cinéaste de 55 ans, qui est également journaliste et photographe, se focalise sans aucun doute sur l'engagement, la politique et la réflexion vigilante sur le réel. Il s'agit d'un créateur qui s'est voulu sans cesse le témoin actif de son époque, l'esprit toujours en lutte contre l'indifférence, l'intolérance ou les impasses du désespoir.
Pour Thierry Michel, la caméra est avant tout un instrument d'approche de la réalité : il filme au plus près les événements de la vie réelle et des gens, choisissant son camp sans concession à travers des films-cris, des films-colère qui refusent les facilités ou la résignation. Son intransigeance demeure toujours soumise à la qualité de la forme et du langage : chez lui, l'éthique ne s'éloigne jamais d'une esthétique et le montage refuse le simple reportage.
Au service de cet engagement, Thierry Michel a parcouru 4 continents : des mines de charbon aux prisons, du Brésil et du Maghreb à l'Afrique et l'Asie, Thierry Michel dénonçant les détresses du monde. Né le 13 octobre 1952 à Charleroi en Belgique, Thierry Michel commence à 16 ans des études à l'Institut des arts de la diffusion, à Bruxelles. En 1976, il entre à la télévision belge où il réalise de nombreux reportages de par le monde. C'est ensuite le passage au cinéma. Il a depuis tourné de nombreux documentaires internationalement reconnus, primés et diffusés, parmi lesquels on peut citer Gosses de Rio (1990), Zaire, le cycle du serpent (1992), Les derniers colons (1995), Donka, radioscopie d'un hôpital africain (1996), Mobutu, roi du Zaïre (1999), Iran sous le voile des apparences (2002), Congo river (2005). Thierry Michel est aujourd'hui professeur et enseigne le cinéma du réel à l'Institut des arts de diffusion en Belgique. Président du Bureau de liaison des cinématographies de l'espace francophone, il dirige également des séminaires sur l'écriture et la réalisation documentaire dans le monde entier.
Insatiable de curiosité, Thierry Michel n'arrête pas depuis plus de 30 ans de filmer les visages qui peuplent la "réalité sublimée" de sa caméra à travers le monde. "Je n'ai pas fini de chercher et je cherche toujours à découvrir les cinématographies des 4 coins du monde", confie le cinéaste.
Par Thuc Hiên - Le Courrier du Vietnam - 9 avril 2007
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