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De «boat people» à ingénieure

MONTREAL - Problème de reconnaissance de diplôme. Chômage. Rêves brisés. Au cours de la dernière semaine, la commission Bouchard-Taylor a entendu plusieurs récits d'immigrés déçus par leur expérience au Québec. C'est donc comme un baume au coeur qu'elle a reçu hier après-midi le témoignage de Thi-Cuc Tan.

Hier matin encore, la Québécoise d'origine vietnamienne ne pensait plus se présenter devant la Commission. «Mais je suis venue pour remercier tous les Bovet, les Larivière, les Dumoulin de Granby qui m'ont accueillie en 1979», a-t-elle raconté. Elle n'avait que 18 ans quand, sur une plage du Vietnam, elle a dit adieu à ses parents en leur faisant la promesse de voguer vers une vie meilleure avec ses cinq frères et soeurs cadets. Le plus jeune n'avait que 6 ans.

«Quand nous sommes arrivés au Québec, nous n'avions que nos vêtements sur le dos et 28$ que le gouvernement nous a donnés», a raconté Mme Tan, hier, dans un français impeccable. Dans l'hôtel où ils ont été logés à Granby, les Tan ont découvert le Québec par l'entremise de familles québécoises venues leur offrir soutien et amitié. «Nous avons été mis à la mer et nous avons trouvé au Québec un pays aux bras ouverts.» Quand on lui a d'abord offert un travail de plongeuse, elle a eu la peur de sa vie. La traversée de l'océan lui avait enlevé le goût de l'eau. «Mais quand j'ai su que c'était pour faire la vaisselle, j'étais vraiment très contente.» Grâce aux prêts et bourses, Thi-Cuc Tan a réussi à retourner aux études. Elle est ingénieure depuis 20 ans. Ses frères et ses soeurs sont aujourd'hui soit informaticiens, soit ingénieurs comme elle.

«Le jour où ils ont eu leur diplôme a été le plus beau de ma vie. J'ai rempli la promesse que j'ai faite à mes parents», a raconté Mme Tan. Dans la salle du Palais des congrès, on aurait entendu voler un papillon. Selon cette battante, le Québec est toujours une terre d'accueil exceptionnelle. «Je veux dire aux nouveaux immigrés prenez possession de ce que vous avez ici, grandissez! Épanouissez-vous. C'est un pays qui vous le permet. Je serais très malheureuse de retourner dans mon pays et de marcher derrière un homme», a tranché celle, qui, depuis, a pu retrouver ses parents.

Gérard Bouchard n'a pu cacher son émotion à la suite de ce témoignage. «S'il y a 10 minutes que nous ne regrettons pas, ce sont celles que nous vous avons accordées», a lancé le sociologue.

Par Laura Julie Perreault - La Presse - 1er Décembre 2007