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Visite inédite d'un président vietnamien à Washington

Nguyen Minh Triet est le premier chef de l'État vietnamien à se rendre aux États-Unis depuis la fin de la guerre, en 1975.

WASHINGTON - Signe des temps, avant de se rendre à la Maison-Blanche pour rencontrer George W. Bush, le président vietnamien Nguyen Minh Triet est d'abord passé par Wall Street. La veille de son arrivée à Washington, le dirigeant du pays communiste visitait la Bourse américaine, posait en photo entouré de traders, et promettait aux investisseurs américains que son pays les accueillerait « à bras ouverts ».

Si Bill Clinton en 2000, puis George W. Bush en 2005 sont allés à Hanoï, Nguyen Minh Triet est le premier président du Vietnam à se rendre aux États-Unis depuis la fin de la guerre en 1975. Il s'est présenté en partenaire commercial indispensable, vantant le dynamisme économique de son pays. Les États-Unis, premier marché d'exportation du Vietnam, représente aujourd'hui son huitième investisseur. Les échanges entre les deux pays ont atteint 9,7 milliards de dollars l'an dernier. Accompagné d'une délégation de quelque 150 hommes d'affaires, Nguyen Minh Triet a signé un « pacte d'investissement » pour développer les échanges entre les deux pays.

La visite de six jours a été émaillée d'incidents, échos du passé entre les deux pays et de la situation des droits de l'homme au Vietnam. Pendant que Nguyen Minh Triet rencontrait George Bush, quelques centaines d'opposants et d'exilés ont manifesté devant la Maison-Blanche, brandissant des panneaux traitant le président vietnamien de criminel. Alors qu'il évoquait son rendez-vous à venir avec le président américain devant l'Asian Society à New York, un cri a retenti dans la salle : « Libérez les prisonniers de guerre ! » L'homme, un vétéran du Vietnam, a été expulsé de la salle. « Nous espérons que la compréhension mutuelle va se renforcer pour que ce type d'action ne se reproduise pas », a continué le président vietnamien.

Étape délicate à Little Saigon

Tandis qu'il invitait touristes et capitaux à venir dans son pays, il a été interrogé sur les arrestations de dissidents. « J'ai répondu à des questions similaires tellement de fois », s'est-il agacé, assurant que son pays avait « des lois et une Constitution » et que ceux qui étaient arrêtés l'étaient « non du fait de leurs opinions politiques, mais parce qu'ils avaient commis des actes contraires à la sécurité nationale. » Deux dissidents (le journaliste Nguyen Vu Binh et l'avocat Le Quoc Quan) avaient été libérés dans la semaine précédant sa visite. Mais des associations des droits de l'homme accusent le Vietnam de n'avoir ce type de geste qu'à des moments cruciaux pour son commerce, déplorant que la répression des dissidents ait repris une fois le pays entré à l'Organisation mondiale du commerce en janvier. Un groupe de parlementaires américains a rencontré Nguyen Minh Triet jeudi à huis clos pour le presser de questions sur le sujet.

« La question des droits de l'homme au Vietnam est aussi sensible pour des raisons historiques, à cause des 56 000 vies de jeunes soldats américains perdues là-bas », fait valoir Sherman Katz, analyste en commerce international du Carnegie Endowment for International Peace, « on ne parle pas autant des droits de l'homme quand il s'agit de commerce avec la Chine par exemple. » La dernière étape du président vietnamien aux États-Unis devait être la plus sensible : le quartier de Little Saigon à Los Angeles, où vit une importante communauté d'origine vietnamienne. Un conseiller municipal a déclaré au Los Angeles Times que pour certains habitants, cette venue était « l'équivalent d'Oussama Ben Laden visitant New York ».

Par Guillaumette Faure - Le Figaro - 23 juin 2007


Le président vietnamien critiqué par ses "amis américains" pour les arrestations de dissidents

WASHINGTON - En ouvrant leur journal, jeudi 21 juin, les lecteurs du Washington Post ont pu lire, sur une pleine page, une lettre adressée par le président vietnamien, Nguyen Minh Triet, à ses "amis américains" à l'occasion de sa visite à Washington, la première d'un chef d'Etat vietnamien depuis la fin de la guerre en 1975. "Le Vietnam et les Etats-Unis ont des liens depuis la naissance de l'Amérique", a affirmé le dirigeant communiste. Il en veut pour preuve que Thomas Jefferson, avant d'être président, a "cherché à se procurer du riz vietnamien pour sa ferme de Virginie", et que les premiers mots de la déclaration d'indépendance figurent aussi dans celle du Vietnam...

Les Américains ne s'en sont pas laissé conter. Tant les hommes d'affaires, réunis pour une conférence à l'Asia Society à New York, que les membres du Congrès ont interpellé M. Triet sur la répression contre l'Eglise catholique et les arrestations de dissidents, qui ont repris depuis que le Vietnam a obtenu le feu vert américain pour entrer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en janvier.

Craintes du congré

"J'ai déjà répondu à cette question à de nombreuses reprises, a dit M. Triet. Nous avons des lois, une Constitution." Selon lui, les individus arrêtés l'ont été "non pas du fait de leurs opinions politiques, mais parce qu'ils avaient commis des actes contraires à la sécurité nationale". Le dirigeant vietnamien a déployé beaucoup d'énergie pour placer son séjour sous un angle purement commercial. Arrivé à la tête d'une délégation de 150 hommes d'affaires, il a ouvert la séance à Wall Street. Son vice-ministre du commerce, Nguyem Cam Tu, a signé un accord cadre de commerce et d'investissement avec la représentante adjointe au commerce, Karan Bhatia.

M. Triet devait rencontrer George Bush vendredi. La récente libération de deux membres du mouvement pro démocratie (le journaliste Nguyen Vu Binh et l'avocat Le Quoc Quan) n'a pas apaisé les craintes du Congrès, qui a conditionné l'accord commercial à une évolution positive des droits de l'homme. Selon son porte-parole, M. Bush comptait évoquer les arrestations lors des entretiens. Il peut difficilement faire moins : il y a deux semaines, il inaugurait un mémorial aux millions de victimes du communisme, sur l'une des artères principales de Washington.

Par Corine Lesnes - Le Monde - 23 juin 2007


Reporters sans frontières demande à George W. Bush d’aborder le sort des cyberdissidents emprisonnés avec son homologue

Reporters sans frontières a écrit au président américain George W. Bush pour lui demander d’intervenir, lors de sa rencontre avec son homologue vietnamien, le 22 juin, en faveur de la libération des neuf cyberdisidents et journalistes emprisonnés au Vietnam. "Il est important que le gouvernement que dirige monsieur Nguyen Minh Triet respecte ses engagements dans le domaine des droits de l’homme", a déclaré l’organisation.

"Monsieur le Président,

Reporters sans frontières vous demande de bien vouloir intervenir, lors de votre rencontre avec le président vietnamien, Nguyen Minh Triet, en faveur des neuf cyberdissidents et journalistes emprisonnés au Viêt-nam.

Nous constatons que suite à une période de relative tolérance de la part des autorités envers la dissidence politique, alors que le Viêt-nam tentait d’adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce pays est aujourd’hui de plus en plus répressif envers la liberté d’expression. Le pouvoir de Hanoï a su adopter une stratégie diplomatique habile. Il a promis des avancées dans le domaine des droits de l’homme pour s’attirer les faveurs de la communauté internationale. Il est pourtant évident, maintenant que le Viêt-nam est parvenu à intégrer l’OMC, que ces promesses n’étaient que de la poudre aux yeux.

Le gouvernement se livre à une véritable chasse aux démocrates et aux internautes qui expriment leur désaccord avec la ligne du parti unique. Bien sûr, le pouvoir continue d’amnistier des dissidents au compte-goutte. Nous nous sommes par exemple félicités de la libération, le 9 juin 2007, du cyberdissident Nguyen Vu Binh. Il convient toutefois de rappeler que cet homme avait déjà passé près de cinq ans derrière les barreaux simplement pour avoir demandé des réformes politiques dans son pays. Et surtout, un mois auparavant, six autres cyberdissidents avaient été condamnés à des peines de prison, constituant la plus importante vague de répression contre les opposants depuis 2002.

Au total, neuf cyberdissidents et journalistes sont actuellement détenus : Tran Khai Thanh Thuy, Le Thi Cong Nham, Nguyen Van Dai, Tran Quoc Hien, Truong Quoc Huy, Le Nguyen Sang ("Nguyen Hoang Long"), Huynh Nguyen Dao ("Huynh Viet Lang"), Nguyen Bac Truyen et le père Nguyen Van Ly. Nous vous demandons de bien vouloir aborder leurs cas avec votre homologue vietnamien. Il est important que le gouvernement que dirige monsieur Nguyen Minh Triet respecte ses engagements dans le domaine des droits de l’homme et cesse le jeu de dupe auquel il se livre depuis des années."

Reporters Sans Frontières - 21 juin 2007