~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :     [2007]      [2006]      [2005]      [2004]      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

Vers une normalisation diplomatique entre le Vietnam et le Vatican ?

HANOI - Une délégation romaine, emmenée par Mgr Pietro Parolin, sous-secrétaire pour les relations avec les Etats à la Secrétairerie d’Etat du Vatican, a débuté lundi une visite d'une semaine au Vietnam. La délégation vaticane, arrivée le 5 mars à Hanoi, comprend également Mgr Luis Mariano Montemayor, membre de la Secrétairerie d'Etat et Mgr Barnabé Nguyen Van Phuong, de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples.

La délégation, présente au Vietnam jusqu'au 11 mars, devrait visiter différents diocèses qui leur étaient jusque-là difficiles d'accès. La mise sur pied de cette visite avait été confirmée lors de la rencontre historique entre Benoît XVI et le Premier ministre vietnamien, Nguyen Tan Dung, le 25 janvier dernier. Selon un communiqué du ministère vietnamien des Affaires étrangères, la délégation doit rencontrer les autorités vietnamiennes mais aussi la Conférence épiscopale vietnamienne et se rendre dans les hauts plateaux du centre du pays. Cette région est l'une des plus sensibles sur le plan religieux. C'est là que vivent une quarantaine de minorités ethniques connues sous le nom de “montagnards” et où il existe des tensions connues.

Rapprochement entre Rome et Hanoi

Fin janvier, le pape Benoît XVI et le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung avaient entériné par une rencontre historique au Vatican le rapprochement enregistré ces dernières années entre Hanoi et le Saint-Siège. La délégation vaticane au Vietnam a pour objectif de visiter la communauté catholique du pays. Mais aussi de discuter de la "road map" et des différentes étapes de la future normalisation diplomatique entre le Saint-Siège et le Vietnam. Des rencontres sont aussi prévues avec plusieurs officiels vietnamiens, en particulier le ministre des Affaires étrangères et les responsables du Bureau des affaires religieuses vietnamiennes. La question des sièges épiscopaux actuellement vacants (Bac Ninh, Me Thuot, Lang Son et Cao Bang) devrait ainsi être abordée. Selon les accords tacites entre le Saint-Siège et le gouvernement vietnamien, une entente préalable entre les deux parties est désormais nécessaire pour les nominations épiscopales.

Les catholiques du Vietnam sont 8 millions

La République socialiste du Vietnam et le Vatican n'ont pas de relations diplomatiques, mais les catholiques du Vietnam, objets d'une grande méfiance de la part du pouvoir, bénéficient depuis quelques années d'une amélioration sensible de leur condition. La communauté catholique vietnamienne est la troisième d'Asie derrière la Chine et les Philippines, avec quelque 8 millions de fidèles, soit le 7 ou 8% de la population. Hanoi reste cependant suspicieux à l'égard des catholiques et continue à contrôler l'ordination des évêques et à limiter le nombre de prêtres. Mais les rapports avec Rome se sont nettement améliorés ces dernières années.

Benoît XVI a ainsi nommé, le 13 mai 2006, Mgr Joseph Chau Ngoc Tri, nouvel évêque de Da Nang, au centre du Vietnam, avec l'accord du gouvernement. C'était la première fois qu'une telle nomination était officiellement annoncée par le Vatican. Par ailleurs, en novembre 2005, 57 nouveaux prêtres avaient été ordonnés à Hanoï par le cardinal Crescenzio Sepe, alors préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. La dernière visite d'une délégation du Saint-Siège au Vietnam remonte au mois de mai 2004. Les officiels du Saint-Siège avaient alors été "surpris" qu'on les laisse visiter des diocèses qui leur étaient jusque-là interdits. Les premières visites officielles d'une délégation du Saint-Siège au Vietnam ont commencé en 1990. La première de ces rencontres annuelles avait été conduite par le cardinal français Roger Etchegaray. Depuis lors, elles se sont répétées de façon assez régulière.

Retourner à l’esprit de Hô Chi Minh

"Ce que l’on peut souhaiter, c’est de trouver des gens disposés à retourner à l’esprit de Hô Chi Minh", déclarait il y a déjà trois ans Mgr Pietro Parolin dans une interview au mensuel catholique italien 30 Jours. "Dans la célèbre ordonnance n° 234 de 1955, il n’imposait aucune limite à l’Eglise concernant la nomination des évêques, l’accès aux séminaires ou les activités des congrégations religieuses". Mgr Parolin reconnaissait que depuis les années 90, date des premières visites d'une délégation du Saint-Siège, de nets progrès avaient été enregistrés. Ainsi dans certaines régions, les autorités ont demandé la collaboration des religieuses pour les soins aux malades du sida; ailleurs de nouvelles entrées dans les institutions religieuses ont été autorisées. "Il s’agit partout de gestes symptomatiques d’une attitude d’ouverture grandissante à l’égard de l’Eglise catholique. Cependant, je pense qu’il reste encore un long chemin à parcourir. C’est pourquoi, affirmait-il, je souhaite que le dialogue se poursuive et s’approfondisse, car c’est grâce au dialogue que croissent la compréhension et la confiance. L’Eglise demande simplement de pouvoir exercer librement sa mission en se mettant avec générosité au service du pays et de ses habitants".

Par Jacques Berset - Pèlerin.info - 5 mars 2007


La délégation du Vatican au Vietnam soulèvera le cas du prêtre dissident Ly

HANOI - Le chef de la délégation du Vatican en visite au Vietnam cette semaine, Mgr Pietro Parolin, compte aborder le cas du prêtre dissident Nguyen Van Ly, contre lequel les autorités vietnamiennes ont récemment ouvert une enquête, a-t-il indiqué mardi. "On va certainement parler de cela", a affirmé à des journalistes Mgr Pietro Parolin, sous-secrétaire pour les relations entre les Etats.

Cette visite, la première de ce type au Vietnam depuis mai 2004, intervient à peine plus d'une semaine après l'ouverture à Hué (centre) d'une enquête contre le père Ly pour "propagande contre la république socialiste du Vietnam". Le prêtre a déjà passé de nombreuses années en prison. Sa dernière condamnation remonte à 2001: 15 ans de prison et cinq ans de résidence surveillée pour "activités de sabotage du régime" après avoir envoyé un témoignage écrit à la commission internationale sur la liberté religieuse aux Etats-Unis. Cette peine avait été réduite à dix ans en 2003 et de nouveau à cinq ans en 2004, avant qu'il ne soit libéré en février 2005 lors de l'amnistie du nouvel an lunaire.

La visite de la délégation du Vatican intervient aussi à peine plus d'un mois après une visite historique du Premier ministre vietnamien, Nguyen Tan Dung, au Saint-Siège. La rencontre entre le pape Benoît XVI et le Premier ministre vietnamien avait été saluée par le Vatican comme "un pas nouveau et important vers la normalisation des relations bilatérales" et le signe de l'ouverture de "plus grands espaces de liberté religieuse pour l'Eglise catholique" au Vietnam.

La communauté catholique vietnamienne est la deuxième d'Asie du sud-est derrière les Philippines, avec quelque 6 millions de fidèles, soit 7% de la population. Mais le Vietnam et le Vatican n'entretiennent pas de relations diplomatiques. L'allégeance au pape des catholiques est encore regardée par certains responsables comme une menace pour la suprématie du Parti communiste au pouvoir.

Agence France Presse - 6 mars 2007