"Le café boursier", rendez-vous pour s'enrichir
Depuis la fièvre boursière de fin 2006, les "cafés boursiers" poussent comme des champignons à Hanoi. Clientèle et cafetiers espèrent que ce type d'établissement à la mode deviendra un nouveau lieu pour faire fortune.
«À 10h00, café Index, 1A, rue Yêt Kiêu", m'a fixé comme rendez-vous Giang, employé de la Banque de commerce extérieur, ami de la fac. À l'heure convenue, je l'attends dans un coin du café. Après les salutations d'usage, il me parle tout de go de chute des cours des actions avec un brin de morosité. "Nous n'avons pas d'investisseurs professionnels, déplore-t-il. D'où les bouleversements actuels sur le marché boursier". La conversation entre 2 amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps débute par ces considérations économiques...
L'histoire des "cafés boursiers"
Si, actuellement, on va toujours au café pour déguster le fameux breuvage et deviser avec des amis, on s'y rend aussi de plus en plus pour bénéficier de services très particuliers. Ainsi, à Hanoi et dans d'autres grandes villes du pays, il n'est pas rare de tomber sur des cafés wifi, des cafés littéraires, etc… Compte tenu du fort développement du marché boursier au Vietnam et de la part de rêve - d'enrichissement rapide - qu'il véhicule, il n'est guère étonnant de voir les cafés boursiers apparaitre ici et là dans la capitale.
M.Hai, directeur de la Compagnie par actions de développement et d'échanges d'idées, a fondé en septembre 2006 à Hanoi, au 1A, rue Yêt Kiêu (proche de la gare ferroviaire), le café Index. "Dans cet espace ouvert, je veux que tout le monde puisse se relaxer, consulter des informations fraîches sur la bourse et effectuer des transactions", a dit M. Hai. Un autre café du même type, le VN-Index, situé 7, rue Phan Huy Chu, fonctionne depuis septembre 2006. Selon sa patronne, Mme Dung, le VN-Index doit sa fondation à l'initiative des dirigeants du ministère des Finances.
"Pour inviter un broker ou bien fixer un rendez-vous, le café boursier est toujours le lieu idéal", a estimé Minh, un des clients.
Mon ami Giang, amateur de café et passionné de bourse, m'a expliqué : "J'y vais pour goûter du bon café, mettre à jour des informations et acquérir de nouvelles connaissances sur la bourse via des journaux, livres et magazines. Et bien sûr, je suis de près le cours des actions sur le tableau électronique. En outre, je peux suivre l'actualité boursière en écoutant les conversations des clients". Pourtant, un expert boursier m'a glissé dans l'oreille cette recommandation : "Il faut sélectionner avec soin les informations. Fais attention aux faux bons tuyaux lancés par certains grands spéculateurs qui ne visent qu'à gonfler le prix des actions". Notre conservation était souvent interrompue quand mon ami se mettait à pianoter fiévreusement sur son clavier d'ordinateur à la recherche de nouvelles données sur internet. Oh la passion des boursicoteurs !
Tuân jeune homme réfléchi, qui travaille dans une compagnie par actions d'import-export, m'a fait ces confidences : "Dans ce café, je discute avec mes amis de l'actualité boursière et jauge les actions que j'ai l'intention d'acheter ou de vendre pour fixer le moment d'achat ou de vente". Pas étonnant que, dans ce type de lieu où sont regroupés autant de passionnés, soient nés des clubs ou des groupes de boursicoteurs.
Création de clubs de boursicoteurs
Membre du club "Café Index", Tuân m'a fait savoir : "Ce club a été fondé il y a 3 mois. Ses membres sont tous des jeunes ayant des professions très diverses. Certains se rendent à la salle de transaction depuis longtemps, d'autres au contraire n'y sont jamais allés". Les objectifs principaux du club constituent l'échange d'informations et la coopération entre les membres pour opérer en bourse. "Pour boursicoter, il faut avoir de bonnes connaissances. Ce club va unir des gens et faire valoir leur savoir-faire pour vaincre !", m'a dit Trung, le fondateur de ce club et employé de banque.
Actuellement, ces clubs ou groupes "Café Index" sont largement répandus. Dans la plupart des forums boursiers tels que www.vietstock.com..., on peut trouver des propositions de fondation. "Mon groupe comprend 3 membres. Cela a commencé par une idée lancée sur le forum et les futurs membres se sont réunis ici", m'a expliqué Ha, membre d'un groupe, au café Index de la rue Bà Triêu.
"Les professionnels vont rarement à la salle de transaction. Ils viennent ici et demandent aux employés du café d'effectuer des opérations. C'est un service gratuit", a fait savoir Toàn, le cafetier du VN-Index. Ce sont de jeunes hommes qui boivent du café tout en devisant et suivant l'actualité boursière sur leur ordinateur portable. En fait, le café est devenu en quelque sorte leur 2e bureau.
Un coin du VN-Index est devenu "le quartier général" d'un groupe de 6 passionnés, la plupart étant des hommes d'affaires ou des employés de compagnies étrangères. Le capital de chaque membre est de plusieurs milliards de dôngs. Le matin, ils vont au café avec leur ordinateur portable pour échanger des informations et discuter, puis filent au bureau l'après-midi. "À la salle de transactions, il fait chaud et il y a beaucoup de monde. Ici, nous avons le temps d'échanger et d'analyser des informations", m'a expliqué Tân, considéré comme le "conseiller" du groupe, et qui consacre beaucoup de temps à l'analyse des fluctuations du marché. En 2006, ce groupe a remporté de belles sommes. Depuis le début de l'année, des changements sont intervenus sur le marché boursier et Tân a dû changer de tactique. Selon lui, " S'il n'y a pas d'analyse et de recherche avant d'investir, l'échec sera inévitable".
Un modèle qui devrait être multiplié
"Dans les temps qui viennent, notre compagnie va lancer une série de cafés Index", a révélé Toàn, le patron de VN-Index. Par ailleurs, cette compagnie a signé un accord avec la société Biên Viêt pour mettre en place une salle de transactions boursières au 2e étage de ce café. Pour répondre au besoin de la clientèle d'effectuer des transactions en ligne, certains cafés boursiers à Hanoi seront dans un futur proche équipés d'ordinateurs connectés à internet. Voilà, la fièvre boursière au Vietnam implique le développement sans cesse de services nouveaux, et les cafés boursiers en sont un exemple typique.
Par Trân Duc Hùng - Le Courrier du Vietnam - 20 juin 2007
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