Le président vietnamien entame sa visite américaine historique par la Bourse
Le président vietnamien Nguyen Minh Triet a entamé mardi son déplacement historique aux Etats-Unis, le tout premier d'un chef de l'Etat du régime communiste, par une visite à la Bourse de New York.
Arrivé pour une visite de six jours placée sous le signe de l'approfondissement des relations commerciales entre les deux anciens belligérants, M. Triet s'est d'abord rendu à Wall Street.Image inattendue de la part d'un dirigeant communiste mais reflet du dynamisme économique du Vietnam, il a longuement visité la Bourse américaine, souriant, posant pour des photos avec les courtiers. Il a aussi présidé à la signature d'un accord entre la Bourse new-yorkaise et celle d'Ho Chi Minh-Ville.
"Pour que le marché des valeurs se développe et devienne un important vecteur de levée de fonds pour l'économie nationale, le Vietnam a besoin de toutes formes de coopération (...) Nous espérons un soutien actif des Etats-Unis dans ce secteur", a-t-il dit.
Le président-adjoint de la Bourse de New York, Marshall Carter, a "applaudi aux efforts du président visant à promouvoir les réformes économiques pour ouvrir les marchés du Vietnam".
Mardi, le président vietnamien a aussi rencontré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon au siège des Nations unies, au moment où le Vietnam brigue un siège non permanent au Conseil de sécurité en 2008-2009. Ils se sont serré la main devant les photographes, sans faire de déclaration à la presse.
M. Triet doit être reçu vendredi par le président George W. Bush.
Aucun président vietnamien ne s'était rendu jusqu'ici à la Maison Blanche depuis la fin de la guerre en 1975. Deux présidents américains, Bill Clinton en 2000 puis George W. Bush en novembre, ont en revanche effectué des visites officielles au Vietnam, après la normalisation des relations diplomatiques en 1995.
Les liens commerciaux se sont depuis largement développés. Selon des chiffres vietnamiens, les Etats-Unis sont le premier marché à l'exportation du Vietnam et le commerce bilatéral a plus que quintuplé depuis 2001, pour atteindre 9,7 milliards de dollars en 2006.
Nguyen Minh Triet arrive cependant dans un contexte de tension avec Washington, depuis qu'Hanoi a renoué avec la répression des dissidents, une fois obtenue son entrée à l'Organisation mondiale du commerce en janvier.
Peu après, le Congrès américain avait approuvé la normalisation des relations commerciales avec le Vietnam mais à condition d'être vigilant sur les droits de l'homme.
Avant la visite, le gouvernement américain a reçu profusion de lettres d'organisations se plaignant des sombres performances vietnamiennes en matière de droits de l'homme. Parmi elles, Amnesty International a exhorté M. Bush à "affirmer fermement et clairement au gouvernement vietnamien que les mauvais traitements des citoyens sont inacceptables pour les Etats-Unis".
La libération de deux dissidents en une semaine à la veille de la visite - le journaliste Nguyen Vu Binh et l'avocat Le Quoc Quan - pourrait cependant apaiser le climat.
Cette semaine pourrait être l'occasion de signer de nombreux contrats dans l'énergie, les services financiers, les technologies de l'information, les télécoms. L'avionneur Boeing souhaite par exemple vendre plusieurs longs courriers à Vietnam Airlines, et mardi M. Triet et son imposante délégation d'hommes d'affaires devaient être reçus dans un grand hôtel par le géant américain de l'assurance AIG.
M. Triet devait participer aussi à plusieurs conférences, mercredi à New York, sur l'éducation à la New School en partenariat avec l'université Harvard, et sur les perspectives d'avenir pour son pays à l'Asia Society.
Agence France Presse - 20 juin 2007
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