~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Bouleversements vietnamiens

L’année 2006 a été l’année du Vietnam. Début novembre, ce pays a été admis à l’OMC. Fin novembre, il a reçu la visite du président américain, George Bush, et des chefs d’Etat des pays de l’APEC, dont le sommet s’est tenu à Hanoi. En 2007, le Vietnam doit poursuivre sa montée en puissance économique et diplomatique.

Début janvier, Hanoi a participé, avec tous les pays du Sud-Est asiatique, aux négociations sur l’intégration régionale. Fin janvier, le Premier ministre Nguyên Tâng Dung a rencontré le pape Benoît XVI au Vatican, une première depuis la fin de la guerre du Vietnam. Enfin, la semaine dernière, 150 000 Viet Kieu, les Vietnamiens d’outre-mer, ont fêté le nouvel an lunaire dans leur pays d’origine. Venus des Etats-Unis, d’Australie, du Canada ou d’Europe, ils étaient 20% de plus que l’an dernier à faire le déplacement.

Leur retour est perçu par les autorités comme la preuve que les Viet Khieu souhaitent «les aider à construire un pays fort, avec une population prospère et une société équitable», comme l’a déclaré le président Nguyen Minh Triet. En fait, ceux qui ont fui la victoire des communistes en 1975 n’ont qu’une idée en tête : profiter de la croissance de plus de 8% par an pour faire de bonnes affaires. Sur la seule année dernière, ces expatriés ont monté quelque 400 nouvelles entreprises à Ho Chi Minh-Ville, la capitale économique du pays.

Ces bouleversements n’auraient pas pu se produire sans une évolution du régime. Certes, le Vietnam reste un pays «socialiste». Mais depuis le lancement des réformes connues sous l’appellation de «Doi Moi», il y a vingt ans, le capitalisme et le communisme font bon ménage dans ce pays et la dictature du prolétariat, figurant encore dans le préambule de la Constitution, s’accommode fort bien de l’économie de marché. Le régime, quant à lui, n’est plus celui d’anciens combattants qui entendaient tirer leur légitimité des victoires militaires de la guerre contre les Etats-Unis. Lors de son 10ème congrès, le Parti communiste, qui garde toujours le monopole du pouvoir politique, a admis dans ses rangs des entrepreneurs du secteur privé.

Mais en dépit de ces tentatives d’ouverture, ce régime de parti unique tient à garder un contrôle rigoureux de la vie politique du pays. Aucune dissidence n’est admise et la liberté religieuse est loin d’être acquise. Pour preuve, l’arrestation, dimanche, à Hué, du prêtre catholique Nguyen Van Ly «pour activités de sabotage du régime». Son crime : avoir envoyé un témoignage écrit à la commission sur la liberté religieuse aux Etats-Unis.

Par Any Bourrier - Radio France Internationale - 23 février 2007