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Un ALE avec le Vietnam ?

Un accord de libre-échange avec le Vietnam, pourquoi pas? Pour l’instant, cette opportunité ne figure pas au menu des négociations du Premier ministre Driss jettou qui compte se rendre au Vietnam courant mai. Mais c’est un souhait des responsables vietnamiens. «Cette visite s’inscrit dans le cadre du développement des relations bilatérales entre les deux pays, et nous espérons qu’un accord de libre-échange soit signé dans l’avenir», a souligné Le Ngoc Thi, conseiller commercial de l’ambassade du Vietnam à Casablanca.

L’essentiel des travaux sera articulé autour de la non-double imposition, l’encouragement et la protection des investissements entre les deux pays. Le principe étant de faire évoluer les échanges avec le Vietnam. Cependant, retenons que même si les relations diplomatiques entre les deux pays datent de 1961, ce n’est qu’en 2006 que le Maroc a ouvert son ambassade à Hanoï soit un an après l’ouverture de la représentation vietnamienne dans le Royaume. L’une des priorités de cette ambassade est d’analyser la situation économique et financière du Maroc ainsi que les modalités d’accès à son marché pour les entreprises vietnamiennes.

D’ailleurs, selon leurs statistiques, seule une poignée d’entreprises vietnamiennes ont osé franchir le pas. «Il n’y a que 4 PME vietnamiennes implantées au Maroc, essentiellement dans l’agroalimentaire, l’artisanat et le textile», indique Le Ngoc Thi. Représentation diplomatique ou pas, de nombreuses conventions ont déjà été conclues avec le Vietnam. En 2001, un accord commercial encourageant l’investissement a été mis en place, suivi en 2004 par un autre en matière de production aquatique. Il y a même eu une convention passée entre la Chambre de commerce, et d’industrie du Vietnam (VCCI), la Fédération des chambres de commerce, d’industrie et des services du Maroc, et la CGEM.

Maigre relationnel et petites performances. Les échanges commerciaux n’ont pas à juste titre décollé. Aussi affichent-ils, bien qu’ils soient en progression moyenne annuelle de 21%, de bien légères performances. Ils demeurent nettement insignifiants par rapport aux potentialités des deux pays. Ainsi, en 2006, les exportations vietnamiennes ont été de l’ordre de 85 millions de DH, et les importations en provenance du Maroc tournaient autour de 7,6 millions de DH. Le Maroc importe du Vietnam essentiellement des produits agricoles notamment le café et le poivre. Il importe aussi du caoutchouc, des produits électroniques (télévisions, ordinateurs), de l’habillement, des chaussures…

Le Vietnam quant à lui importe du Maroc essentiellement et en petites quantités de la ferraille, du phosphate, de l’huile végétale, des produits chimiques et pharmaceutiques. Selon les responsables vietnamiens, la plupart des échanges se font par des intermédiaires notamment européens. Le faible volume des échanges s’explique par l’éloignement géographique qui de fait augmente le coût du produit (transport, logistique…). Aussi, faut-il près de 45 jours pour acheminer la marchandise par voie maritime, précise le conseiller commercial.

Un moyen qui aurait pu marcher, le commerce électronique. Etant donné les difficultés et obstacles de sa mise en place au Maroc, «les entreprises marocaines demeurent réticentes quant à ce mode d’échange», ajoute Hoang Duc Nhuan, attaché commercial à l’ambassade du Vietnam. Une étude du marché marocain est actuellement menée par l’ambassade afin de déterminer les niches à exploiter entre les deux pays. Il en ressort, en tout cas pour le Vietnam, que le Maroc présente de nombreux débouchés pour les produits agricoles et aquatiques vietnamiens. Du côté marocain, l’éloignement demeure dissuasif. Mais des débouchés émergeront certainement lors du déplacement du Premier ministre.

Le petit dragon grandit

Actuellement en chantier, le Vietnam a tout de même réussi son passage d’une économie planifiée et autocentrée à une économie de marché mondialisée. Grâce au «Doi Moi» (renouveau), une espèce de Plan Emergence à la vietnamienne lancé en 1986, le pays entame son ascension. La libération des prix agricoles et la décollectivisation des terres ont fait du pays, qui faisait face à la famine, un exportateur de riz (2e au monde) et de café.

Certes, le petit dragon a eu recours aux aides internationales, mais il est loin d’en être dépendant. Elles ne représentent que 15% des dépenses publiques. Travailleur acharné, le Vietnam a enregistré, en 2006, un PIB en progression de 8,1% par rapport à 2005. Tous les voyants sont au vert: 40 milliards de dollars d’exportations en 2006 (+22%), 25 milliards d’investissements intérieurs (41% du PIB), 9,5 milliards de dollars d’IDE et une Bourse de 81 entreprises cotées qui est passée en un an de 500 millions à 7,5 milliards de dollars. Améliorations louables mais encore en deçà des attentes pour un pays qui compte quelque 80 millions d’habitants.

Le tourisme reste le parent pauvre de cette économie avec 3,5 millions de visiteurs en 2006. Il compte toutefois se rattraper avec 4 millions touristes prévus cette année et 6 millions en 2010.

Par Jalal Baazi - L'économiste (.ma) - 3 mai 2007