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Septième art : à quoi est dû le succès des réalisateurs Viêt kiêu ?

Il est indéniable que les réalisateurs de la diaspora vietnamienne (Viêt kiêu), grâce à leurs films primés lors de festivals internationaux, ont apporté beaucoup au 7e art national et, plus globalement, au pays en montrant l'image d'un Vietnam authentique, paisible et ayant su préserver ses traditions.

L'odeur de la papaye verte, réalisé par Trân Anh Hùng (Viêt kiêu de France) dans les années 1990, a été le premier film d'un Viêt kiêu à rencontrer le succès. Comme un poème, il déroule des séquences romantiques sur la vie quotidienne et immuable des gens du delta du Mékong. L'odeur de la papaye verte a remporté le prix de la caméra d'or au Festival de Cannes et a fait partie des films en compétition aux Oscars, dans la catégorie "Films étrangers". En 2000, Trân Anh Hùng a marqué son retour dans son pays natal en réalisant À la verticale de l'été, avec dans le rôle des 3 sœurs Lê Khanh, Nhu Quynh et sa femme Trân Nu Yên Khê. Selon le scénariste Doàn Tuân, "ce film montre la pluie tropicale dans un pays tropical. Les spectateurs peuvent ressentir le climat humide du sol après l'averse". Même ambiance pour Gardien de buffles, de Nguyên Vo Nghiêm Minh, qui vit aux États-Unis. Les rizières inondées à la saison des pluies, un village de paillotes, un banian, des haies de bambous, un puits commun, des centaines de buffles... ont donné l'image d'une campagne vietnamienne immuable, belle mais aussi rude pour les hommes qui y vivent.

Peut être que le succès des réalisateurs Viêt kiêu tient au fait qu'ils ont une vision de la campagne moins banale et routinière que leurs confrères qui ont toujours vécu au Vietnam. "Il y a une seule voie pour faire connaître le cinéma vietnamien dans le monde, c'est de réaliser des films imprégnés de l'identité culturelle nationale", a révélé Hô Quang Minh.

Les prix décrochés par les Viêt kiêu aux festivals internationaux constituent une fierté pour le 7e art national. Gardien de buffles en a ainsi récolté 4. Le temps révolu, de Hô Quang Minh, a remporté le prix de la meilleure actrice principale au Festival de Singapour, de la musique à celui de Shanghai. "Les succès internationaux des réalisateurs Viêt kiêu sont évidents car ils ont une vision du Vietnam qui est celle des étrangers. Et le jury des festivals internationaux est aussi composé d'étrangers", a fait remarquer le réalisateur Khai Hung. Par ailleurs, par rapport à leurs collègues vietnamiens, les réalisateurs Viêt kiêu sont plus actifs dans la recherche de financements. Par exemple, Le temps révolu a été soutenu par la Communauté des pays francophones, Gardien de buffles par une maison de production belge. Et puis, les réalisateurs Viêt kiêu n'hésitent pas à participer à des festivals cinématographiques internationaux, où leurs œuvres sont souvent remarquées. Pays pacifique, peuple attaché aux traditions séculaires, patrimoine culturel riche, autant d'images qui, grâce à eux, sont largement diffusés à l'étranger et qui montrent une facette du pays que beaucoup ignoraient.

Par Tuân Viêt - Le Courrier du Vietnam - 4 février 2007


Cinéma : les jeunes réalisateurs prennent le pouvoir

Lorsque les réalisateurs Bùi Thac Chuyên et Ngô Quang Hai remportent les prix du cinéma 2006, décernés par l'Association des cinéastes vietnamiens, le public commence à espérer que la nouvelle génération de réalisateurs parviendra à placer le cinéma national dans l'arène internationale.

Diplômés des écoles cinématographiques de Hanoi ou de Hô Chi Minh-Ville, voir même formés à l'étranger, les réalisateurs sont touchés par le sous-emploi. Pourtant, une minorité parvient à tirer son épingle du jeu, en cherchant des voies secondaires pour nourrir leur passion du 7e art. Ainsi, ils réalisent des films publicitaires, documentaires, films télévisés ou filment même des mariages privés. Il est de moins en moins rare de voir de jeunes réalisateurs talentueux comme Bùi Thac Chuyên, Lâm Lê Dung et les caméraman Pham Hoàng Nam, Trinh Hoan réaliser à la fois des publicités et des longs métrages de valeur.

Après avoir obtenu une maîtrise à l'Institut indien du cinéma, le réalisateur Nguyên Quôc Hung réalisait un feuilleton historique intitulé La bougie royale. "Il s'agit de ma seconde maîtrise", plaisante le jeune homme. De la même promotion, la réalisatrice Song Chi s'est affirmée avec son premier film Le quartier Hoài - une œuvre romantique du studio TFS pour la Télévision de Hô Chi Minh-Ville. Suivre des formations à l'étranger est un chemin que choisissent plusieurs réalisateurs Viêt kiêu. Certains sont primés dans les festivals internationaux avec des œuvres réalisées au Vietnam. C'est le cas de Doàn Minh Phuong avec Combien de temps les pluies tombent ou encore Hô Quang Minh avec Le temps révolu. Faute de moyens financiers, certains étudiants et jeunes réalisateurs optent pour le court métrage afin de se faire une carte de visite dans le milieu cinématographique international. Il y a quelques années, Bùi Thac Chuyên a remporté un petit prix au Festival de Cannes avec son court métrage Course de nuit.

La naissance des studios privés comme Phuoc Sang, Thiên Ngân... ont créé de nouvelles opportunités pour les jeunes réalisateurs. Les patrons de ces studios n'hésitent pas à confier leurs films (avec un investissement pouvant aller jusqu'au milliard de dôngs) à de jeunes réalisateurs comme Lê Bao Trung, Vu Ngoc Dang, Dào Duy Phuc, Nguyên Quang Dung... Des sujets plus contemporains, mais aussi plus "chauds" (la vie des homosexuels, des prostituées...) comme Porter l'enfant d'un autre, Les jeunes filles aux jambes fuselées, L'âme de Truong Ba dans la peau d'un boucher... ont vu le jour.

Le temps des jeunes réalisateurs

Pour les studios étatiques, certains ont le courage de confier leurs films à la nouvelle génération. Très rarement, ils obtiennent cependant de belles réussites comme Bùi Tuân Dung avec Duong thu, Lâm Lê Dung avec Vent du paradis, Bùi Thac Chuyên avec Vivre avec la peur et Ngô Quang Hai avec L'histoire de Pao. Lors du Prix du cerf-volant d'or 2005, remis par l'Association vietnamienne des cinéastes, la moitié des films sélectionnés appartenaient à la jeune classe. Celle ci fut distinguée par le Prix du meilleur réalisateur qui revint à Bùi Thac Chuyên et par le prix du meilleur film décerné à Ngô Quang Hai. "Les 2 films +Vivre avec la peur+ et +L'histoire de Pao+ sont représentatifs d'une réalisation très professionnelle, innovante et audacieuse, symbole de cette jeune génération", remarque Trà Giang, membre du jury. Bùi Thac Chuyên et Ngô Quang Hai font corps avec leur époque, ils parlent anglais et cherchent à nouer des relations avec leurs collègues étrangers. Par exemple, Ngô Quang Hai qui a incarné le général Trinh Minh Thê dans le film Un Américain bien tranquille a beaucoup appris au contact du réalisateur Philip Noyce.

Si l'on jette un regard rétrospectif sur le cinéma national, on constate qu'à l'instar de Hai Ninh, Huy Thành, Dang Nhât Minh... les réalisateurs de talent comme Phi Tiên Son, Lê Hoàng, Vuong Duc, Luu Trong Ninh, Nguyên Thanh Vân, Pham Nhuê Giang ont réussi à établir le cinéma national dans le milieu cinématographique international. Aujourd'hui, cette tâche incombe à une nouvelle génération avec des figures de proue telles que Bùi Thac Chuyên, Ngô Quang Hai, Bùi Tuân Dung.

Par Viêt Anh - Le Courrier du Vietnam - 4 février 2007