Le Vietnam sur un petit nuage
Le Vietnam a signé la convention de l’Organisation internationale du travail contre le travail forcé. C’est un pas en avant majeur. Ce pays s’engage ainsi à respecter des normes-clé du travail, au moment où il gagne en importance, dans l’économie mondiale. La signature de cette convention est un signal fort envoyé par le régime vietnamien à la communauté internationale. Mais il n’est pas le seul. En effet, Hanoï vient d’ annoncer le désengagement de l’économie de l’armée, de la police et du parti communiste. Désormais, les entreprises sous leur contrôle seront gérées par le gouvernement.
C’est une décision historique, qui marque une véritable rupture avec le passé. Dans ce pays, l’armée était jusqu’à présent un Etat dans l’Etat, ayant le contrôle de quelque 200 entreprises dans des secteurs stratégiques comme les télécommunications, les banques et le BTP. Le parti communiste, par le biais du Front de la patrie, un organe du parti chargé des affaires sociales et culturelles, détient aussi de nombreux intérêts dans l’hôtellerie, la construction navale ou l’import-export.
Ce désengagement est la suite logique des mesures mises en œuvre par le Vietnam pour ouvrir son économie. Début janvier, le conseil de ministres les a confirmées. Elles sont destinées à rendre le marché local plus attractif aux yeux des entreprises internationales. De même, l’annonce de la privatisation de plus de 50 groupes publics d’ici à 2010 en fait partie. Quinze d’entre eux ouvriront leur capital en 2008, suivis par 38 autres, les deux années suivantes.
Ces mesures offrent un parallèle indéniable avec celles prises par le gouvernement chinois au début des années 90. Comme la Chine, le Vietnam dispose d’une main d’œuvre très bon marché et d’un parti unique à la tête du pays, gage de stabilité sociale. En suivant le modèle chinois, le Vietnam montre qu’il a compris l’intérêt de jouer à fond la carte de la porte d’entrée vers la Chine, qui lui permet d’attirer un nombre sans cesse grandissant d’investisseurs.
Restent toutefois quelques points noirs, notamment la défaillance de l’environnement légal, la corruption et, surtout, l’éducation, dans laquelle le pouvoir communiste a très peu investi. Le fait qu’aujourd’hui, l’enseignement universitaire reste une exception pour la majorité des jeunes Vietnamiens, risque de peser lourd sur la croissance économique et également sur l’avenir du Vietnam.
Par Any Bourrier - Radio France Internationale - 31 Janvier 2007
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