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Le hip-hop débarque dans une Hanoï toujours conservatrice

HANOI - Lorsque Nguyen Manh Nam a commencé il y a quelques années le hip-hop à Hanoï, il n'a pas osé prévenir ses parents qu'il en piquait pour cette étrange culture musicale et chorégraphique importée des cités américaines. Aujourd'hui, affirme l'adolescent, la pilule est passée.

"J'ai persuadé mon père en lui montrant des films téléchargés sur internet", explique Nam, 17 ans, chevelure en dreadlocks. "Petit à petit, il s'est mis à l'aimer. Il essaye lui-même quand je ne suis pas à la maison". Cette semaine, ses parents et bien d'autres peuvent le voir se produire au sein de "Big Toe", le premier groupe de hip-hop du pays communiste, qui fait ses débuts à Hanoï avant de partir en tournée. Avec Niels "Storm" Robitzky, un Berlinois, et le Français Sébastien Ramirez, ils tentent une représentation chorégraphique de la circulation routière au Vietnam sur fond de spectacle vidéo.

Une inspiration riche, tant la rue vietnamienne suscite l'incrédulité du visiteur de passage. "La circulation ressemble au chaos absolu", explique Niels Robitzky, danseur et chorégraphe. "Mais il y a un ordre, en réalité, et c'est très dynamique. C'est ce qu'on va essayer de transmettre". Pour le groupe vietnamien, la première représentation dans le très soviétique Palais de l'Amitié de la capitale est une sorte de manifeste pour un art qui fait encore hausser les sourcils d'une société sage et conservatrice. "Le hip-hop a été introduit au Vietnam par des étudiants qui sont allés à l'étranger", explique Nguyen Viet Thanh, 33 ans, leader d'un groupe fondé en 1992 et qui compte désormais 30 danseurs et trente sympathisants. "Les gens pensaient que c'était un jeu, une mode. Ma famille a cru que ça ne me tiendrait que deux ou trois ans... Mais ça va mieux", dit-il.

Lundi, les censeurs du ministère de la Culture ont donné leur feu vert pour une tournée soutenue par l'Espace, le centre culturel français, et l'Institut Goethe, financé par l'Allemagne. Le message n'est nullement politique. Mais le ton et l'atmosphère surprennent. La seule fille du groupe, Sao Mai, 16 ans et des mèches roses dans les cheveux, relève que "beaucoup de gens, notamment les adultes, regardent les filles comme nous de façon négative parce qu'ils ignorent pourquoi nous aimons cette musique et à quel point elle est intéressante". Elle ajoute: "je me suis dit que je pouvais assumer ce regard et ça va mieux". Bui Minh Tri, 18 ans, a lui aussi peiné à convaincre sa famille. "Ils ont pas mal crié", s'amuse le blond platine. "Ils voulaient m'interdire le breakdance si j'échouais dans les études... Ca leur a pris un an pour accepter". "Je me teins les cheveux et je m'habille différemment mais je ne suis pas un mauvais garçon. L'apparence ne fait rien à la nature des gens".

Niels Robitzky observe avec un certain plaisir ce nouvel avatar des cultures occidentales s'imposer à son tour dans un pays qui, croissance économique oblige, n'en peut plus de s'ouvrir aux influences étrangères. "Ce ne sont pas des rebelles", dit-il. "Ce sont des jeunes comme les autres. Ils ont besoin de s'exprimer comme tout le monde".

Agence France Presse - 10 Janvier 2007


Hip-hop: "Trafic" en tournée pour conquérir son public

Inspiré de la circulation typique du Vietnam, le spectacle de danse hip-hop franco-allemand-vietnamien, baptisé "Trafic", démarre sa tournée à partir de demain, avec 2 soirées au Palais de l'amitié de Hanoi (les 9 et 10 janvier), à Dà Nang (le 11 janvier) et à Hô Chi Minh-Ville (le 12 janvier).

"Trafic" version hip-hop, une tendance de la danse estimée comme "phénomène universel" par le directeur de l'Institut Goethe, Franz Xaver Augustin, a été conçu par l'Allemand Niels Storm Robitzky, le Français Sébastien Ramiez et le groupe de hip-hop vietnamien Big Toe. Les artistes offriront un spectacle de performance des techniques de "break dance" et "locking", sur fond de musiques et de lumières original. Cet événement aide à rapprocher le public vietnamien et la danse hip-hop, une culture répandue dans le monde entier mais encore méconnue au Vietnam. Le spectacle "Trafic" représente une "coopération culturelle franco-allemande exemplaire et remarquable", a déclaré le directeur de l'Espace, Hubert Olie. Cet étroit lien poursuit, selon lui, la mission de "mettre au monde nos jeunes talents et promouvoir la création d'arts contemporains".

Niels Storm Robitzky, danseur chorégraphe et champion d'Europe, s'est déjà produit sur la scène de Hanoi en 2003 (Solo for Two et Men at work) et 2004 (The Urban dance). Inspiré par la danse hip-hop depuis son enfance, Sébastien Ramiez a forgé son propre style, le b-boy, en explorant les multiples facettes du hip-hop. Créé depuis 1992, Big Toe est un des pionniers de la danse hip-hop au Vietnam et réunit actuellement une vingtaine de danseurs professionnels et amateurs. Ils ont remporté en 2005 le premier prix du concours hip-hop "Crazy hand", organisé à Hanoi et le 4e prix du concours d'Asie du Sud-Est en 2005. Toutefois, ils visent plus haut : le prix du prochain concours international au Danemark. "Le hip-hop a été importé au Vietnam depuis une dizaine d'années, mais il se développe autour de petits groupes surtout à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, sans aucune attention des organismes artistiques vietnamiens", a expliqué Nguyên Viêt Thành, danseur de Big Toe. Pour cela, l'échange avec d'autres artistes internationaux offrira l'opportunité au hip-hop vietnamien de trouver sa place, espère-t-il.

Ce projet de danse a été réalisé conjointement par l'Espace-Centre culturel français de Hanoi et l'Institut Goethe à Hanoi, dans le cadre du Fonds franco-allemand Élysée. C'est un fonds spécial créé par les ministères des Affaires étrangères allemand et français pour célébrer les 40 ans du Traité d'amitié entre l'Allemagne et la France (1963). Ce fonds a parrainé certaines activités de coopération tripartite française-allemande-vietnamienne à Hanoi.

Entrée gratuite. Retrait des billets à :
Hanoi : Espace-Centre culturel français de Hanoi (24, rue Tràng Tiên), Institut Goethe (56-58, rue Nguyên Thai Hoc)
Dà Nang : Théâtre Trung Vuong 118, rue Nguyên Chi Thanh)
Hô Chi Minh-Ville : IDECAF (31, rue Thai Van Lung) et Institut Goethe (99, rue Nguyên Thi Minh Khai).

Par Lê Thanh - Le Courrier du Vietnam - 8 Janvier 2007