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TheNexx : moitié poutine, moitié soupe tonkinoise

Ils ont fui le Vietnam il y a 25 ans. Ils ont grandi au Québec, bercés par la musique de leur pays, mais aussi et surtout par la radio commerciale ambiante. Aujourd'hui, ils font de la musique qui leur ressemble, un mélange d'influences asiatiques et nord-américaines. «Nous sommes moitié poutine, moitié soupe tonkinoise!» lance Believinguyen, chanteur du groupe TheNexx. «Nos parents, ce n'est pas trop leur style, admet sa blonde Lili, aussi chanteuse. Mais au moins, on fait ce qu'on aime. Pas juste ce que les autres veulent.»

Sauf erreur, TheNexx est le seul groupe de rock vietnamien à Montréal. Très connue dans sa communauté, surtout auprès des jeunes, cette formation de Saint-Laurent ne donne pas plus de trois concerts «offciels» par an. Mais dans les faits, elle se produit au moins deux fois par mois, dans des fêtes, des restos ou des mariages vietnamiens. Plus agité et moins typiquement asiatique que ses concurrents, le groupe (qui s'est d'abord appelé Les Fantômes, mais qui a changé son nom parce qu'il contrariait les Vietnamiens superstitieux!) offre un intrigant mélange de Top 40, de succès pop vietnamiens et de tubes radio québécois. «On joue ce qu'il y a de meilleur dans toutes les cultures. Si on trouve que c'est bon, on le joue», lancent Lili et Believinguyen, en citant pêle-mêle Billy Idol, Robbie Williams, Michael Bublé, Dam Vinh Humg et Mario Pelchat!

En d'autres mots, pas de frontières. L'important, disent-ils, est de rejoindre les Vietnamiens de leur âge qui, comme eux, sont totalement ancrés dans la réalité nord-américaine. «Notre génération a beaucoup changé, poursuit la chanteuse de 34 ans. Avant, ce sont nos parents et nos grands-parents qui organisaient les mariages. Maintenant, ce sont les jeunes eux-mêmes qui le font. Et ils veulent des groupes qui, comme le nôtre, répondent à leurs besoins Surtout que les Vietnamiens se marient de plus en plus avec des Québécois... »

Rockin' the boat

Bien installé dans le sous-sol fini d'une grosse maison unifamiliale (qui appartient à la famille de Believinguyen) TheNexx répète son prochain spectacle dans le plus grand confort. Il y a un gros sofa de cuir, et même un bar dans le local. Mais les conditions, disons-le, n'ont pas toujours été aussi gagnantes. Comme beaucoup d'immigrés, les membres du groupe ont vécu des années difficiles. Harry, guitariste et fondateur, a été prisonnier politique à Saïgon avant de s'installer au Québec. Idem pour Believinguyen qui, comme Lili, a fait partie des nombreuses vagues de boat people qui ont fui le régime communiste. «Disons que c'est une expérience dans la vie», résume le chanteur, sans trop s'étendre sur le sujet.

Visiblement, Believinguyen préfère parler musique que politique. Surtout que l'avenir s'annonce productif pour son groupe. Après six ans à chanter des covers, TheNexx se concentre actuellement sur l'écriture de chansons originales en anglais et en vietnamien et rêve d'enregistrer un jour l'album qui sera sa carte de visite. Avec un peu de chance, ses concerts iront au-delà des salles de réception et son public s'élargira aux non-Asiatiques.

«Quand on a commencé à faire de la musique, c'était d'abord pour faire passer l'hiver plus vite! rigole Believinguyen. Mais on s'est aussi vite rendu compte que c'était une clé universelle. Pour nous, c'est la meilleure façon de communiquer avec les gens et de partager nos sentiments. Peu importe la langue»

Par Jean-Christophe Laurence - La Presse (.ca) - 23 Décembre 2006