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Le Vietnam ouvre un peu plus son secteur bancaire aux capitaux privés

Le Vietnam a décidé de privatiser trois grandes banques commerciales publiques dans les années à venir, dans le cadre des efforts consentis pour adapter le secteur à la concurrence, à quelques mois de l'entrée du pays communiste dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Trois banques d'Etat vont s'ouvrir aux convoitises du secteur privé intérieur et étranger dans un pays qui affiche une croissance annuelle de 7 à 8% depuis cinq ans. La Banque pour l'investissement et le développement du Vietnam (BIDV), la Banque de l'industrie et du commerce (Incombank) et la Banque de l'agriculture et du développement rural du Vietnam (BADV) ont obtenu le feu vert du Premier ministre Nguyen Tan Dung mercredi.

"La privatisation fait partie des préparatifs du secteur bancaire pour l'entrée du Vietnam dans l'OMC", a souligné Nguyen Hoa, un expert de la Banque centrale à Hanoï. Pham Huyen Anh, du département des Affaires générales de l'Incombank, a indiqué que le processus pourrait commencer dès 2007. "Nous allons soumettre en octobre un projet détaillé de privatisation au gouvernement et à la Banque centrale, après consultation des experts vietnamiens et étrangers", a-t-il expliqué à l'AFP.

Le secteur bancaire vietnamien a longtemps été dominé par les banques d'Etat, aujourd'hui encore plombées par des prêts insolvables. Mais le secteur ne cesse de s'ouvrir. En septembre dernier, le pays avait déjà annoncé la privatisation de la Banque du Vietnam pour le commerce extérieur (Vietcombank), considérée comme la mieux gérée du pays. La décision de mercredi "est la confirmation bienvenue de ce que nous espérions tous", se réjouit Dominic Scriven, directeur de Dragon Capital, un fonds d'investissement basé au Vietnam. "Quiconque songe à investir au Vietnam devrait être intéressé par les banques".

Mais l'enthousiasme devra se parer de prudence. "Incontestablement, il faudra qu'au préalable la transparence la plus complète soit faite sur les comptes", souligne un banquier étranger sous couvert de l'anonymat. "Les chiffres des autorités vietnamiennes (sur les emprunts non solvables), sont ridiculement bas. Personne n'y croit", ajoute-t-il. "La Banque centrale n'a pas d'équipes d'experts compétents capables d'inspecter en profondeur la structure des bilans des banques". Les règles de l'OMC vont se heurter aux habitudes héritées de décennies d'économie centralisée.

Selon Dominic Scriven, les chiffres officiels font état de 4,7% de prêts "non-performants" dans tout le secteur bancaire. Outre que les chiffres réels sont au moins deux fois plus importants, la proportion est, par définition, supérieure dans le secteur public qu'ailleurs. Même si les sommes en valeur absolue sont limitées, la circonspection s'impose. "Il est hors de question que Golden Sachs ou Calyon fassent des acquisitions massives parce que tout serait devenu parfaitement limpide", assure l'analyste. "Il serait souhaitable que des systèmes de contrôle soient mis en place... C'est un immense objectif, mais ce n'est pas la réalité actuellement".

Aujourd'hui, un investisseur étranger ne peut posséder plus de 10% des parts d'une banque vietnamienne. La limite atteint les 30% pour l'ensemble des partenaires étrangers. L'an passé, les banques ANZ, HSBC et Standard Chartered s'étaient lancées sur le marché. Les enjeux sont clairs pour tout le monde. "Attirer plus de capitaux, c'est important", estime un cadre de la BIDV. "Mais plus important encore sera d'améliorer notre système de gestion pour le rendre plus strict, plus efficace mais aussi plus transparent".

Agence France Presse - 28 Septembre 2006