La France renforce sa coopération au Vietnam
Les Français célèbrent aujourd'hui leur fête nationale (14 juillet). L'ambassadeur de France au Vietnam, Jean-François Blarel, a accordé une interview au Courrier du Vietnam. L'occasion de parler des relations bilatérales, de la réorientation de la coopération française et de la Francophonie au Vietnam.
Où en sont les relations entre la France et le Vietnam ? Comment les jugez-vous et quelles sont vos prédictions pour leur avenir ?
La France et le Vietnam ont noué une relation ancienne et privilégiée, riche et forte, qui constitue un socle solide sur lequel se bâtit un partenariat, non seulement historique et exemplaire, mais aussi d'avenir, dans le respect de valeurs qui nous sont communes. L'intensité de ces relations est évidente si l'on considère la variété des secteurs où elles se concrétisent et la diversité des acteurs qui oeuvrent à leur développement. Pour ne prendre qu'un exemple, nous recensons 657 projets de coopération répartis dans 54 des 64 villes et provinces du Vietnam. Nos relations bilatérales sont donc, non seulement institutionnelles - avec une fréquence d'échanges de visites de haut niveau remarquable - mais aussi portées par le dynamisme de nos sociétés respectives, de nos entrepreneurs comme de nos élus locaux ou nos milieux associatifs. C'est la raison pour laquelle je suis confiant dans le renforcement continu de ces relations. La poursuite de l'intégration internationale du Vietnam va permettre à nos gouvernements d'intensifier leur dialogue sur les grandes questions internationales. Les besoins nés de cette ouverture en termes de développement économique et social continueront de susciter des projets de coopération. L'ouverture toujours plus grande du Vietnam aux échanges culturels renforcera les liens entre sociétés civiles.
À partir de 2006, l'ambassade de France au Vietnam réoriente ses actions de coopération. A quoi est due cette réorientation de la coopération française?
Au cours de l'année 2005, nous avons travaillé, en concertation avec nos partenaires vietnamiens, à une redéfinition de nos politiques de coopération et à une meilleure hiérarchisation de nos objectifs. Notre souci constant a été d'adapter les priorités de notre coopération aux besoins exprimés par les autorités vietnamiennes dans le cadre du nouveau plan de développement socio-économique. Nous avons ainsi défini des secteurs dits de concentration qui reçoivent, en 2006, 80% de notre aide publique au développement : le secteur productif, les infrastructures, la filière agricole et la sécurité alimentaire. S'y ajoute aussi la lutte contre le sida. À côté de ces secteurs de concentration, nous maintenons des priorités transversales qui regroupent la promotion de la diversité culturelle et l'enseignement du français, l'enseignement supérieur et la recherche scientifique, l'appui à la bonne gouvernance et l'État de droit et l'appui à la coopération décentralisée et non-gouvernementale. Je voudrais aussi insister sur un souci constant dans la définition de nos axes et projets de coopération : l'harmonisation avec les autres bailleurs de fond. La France entend poursuivre ses efforts de concertation et de complémentarité avec les autres donateurs, notamment européens, afin de renforcer l'efficacité de ses interventions au Vietnam.
Comment l'ambassade de France organise-t-elle ses programmes de coopération au Vietnam ?
Nos programmes de coopération au Vietnam reposent sur une stratégie - le Document cadre de partenariat -, des acteurs, des instruments et le souci constant d'adaptation et d'innovation.
L'aide publique au développement française au Vietnam annoncée pour 2006 est de
340 millions d'euros. La France occupe depuis plusieurs années la 4e place parmi les bailleurs de fonds au Vietnam et son aide représente près de 10% de l'APD totale depuis 2005.
En ce qui concerne les acteurs, je précise que 13% de notre APD est mise en œuvre depuis la France, sous forme de prise en charge de l'assistance technique, des formations d'étudiants vietnamiens en France, des programmes de recherche et dans le cadre des coopérations décentralisées. Au plan local, nous disposons de plusieurs services qui travaillent dans un souci de concertation et d'efficacité. D'autres organismes spécialisés interviennent en coopération sur fonds propres. De nombreux projets sont par ailleurs portés par les collectivités locales françaises. La société civile développe aussi d'importantes relations de coopération.
En matière de coopération universitaire, nous entrons ainsi dans une nouvelle phase avec la mise en place des Pôles universitaires français :
en complément de l'aide déjà apportée aux études des Vietnamiens en France, nous allons offrir la possibilité à ces jeunes étudiants, souvent de très bon niveau, de suivre des formations françaises d'excellence au Vietnam, grâce aux partenariats noués entre l'Université nationale du Vietnam, à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville, et une vingtaine d'universités françaises.
En septembre prochain, les pays francophones vont se réunir en sommet en Roumanie. La Francophonie constitue une des priorités de coopération de la France. Que fait l'ambassade de France pour la Francophonie au Vietnam ?
Je voudrais d'abord souligner combien l'engagement francophone du Vietnam traduit une volonté de continuité dans le dialogue des cultures et dans la promotion du plurilinguisme, gage d'ouverture sur un monde en rapide changement. La France et le Vietnam partagent, avec 56 autres pays représentant 181 millions de francophones, l'appartenance à une même famille dans un espace qui n'est pas seulement linguistique, mais aussi espace de valeurs. C'est cette dynamique politique qui fait de la francophonie un élément fédérateur de nos actions culturelles, éducatives et universitaires au Vietnam.
Notre objectif prioritaire est de pérenniser l'enseignement de la langue française au Vietnam tout en nous inscrivant dans l'esprit et la forme qui président aux nouvelles orientations du ministère de l'Éducation et de la Formation.
Pour la rénovation du système éducatif, le soutien de la France s'est accentué de 2001 à 2005 au travers d'un projet sur FSP pour l'appui au développement de l'enseignement du français. Les actions conduites dans ce cadre ont permis, d'une part, de renforcer le dispositif scolaire bilingue existant, et d'autre part, d'initier efficacement l'implantation de l'enseignement du français comme 2e langue vivante au lycée. En 2006, un nouveau plan régional et multipartenarial, dénommé VALOFRASE, vise au renforcement des capacités des institutions des 3 pays de la zone francophone d'Asie du Sud-Est à asseoir des politiques linguistiques capables d'assurer la promotion du français, et à former des francophones qualifiés, aptes à s'insérer dans les secteurs existants et émergents du marché de l'emploi.
Depuis quelques années, d'autres structures d'enseignement du français se sont développées au Vietnam, avec l'appui de la coopération bilatérale, pour un perfectionnement linguistique spécialisé : formations linguistiques pour l'obtention de certifications ou diplômes, apprentissage du français sur objectifs spécifiques ou cours de français "à la carte".
Pour le développement du français dans les cursus universitaires ou supérieurs, l'ambassade de France aide à préparer les jeunes vietnamiens à la poursuite d'études supérieures en France ou dans l'espace francophone. La diversité des programmes scolaires d'apprentissage du français permet également des orientations diversifiées dans le secteur des études supérieures au Vietnam, où l'on dénombre actuellement 15 000 apprenants de français.
Pour promouvoir la langue française et sa culture, l'ambassade de France apporte son soutien aux 31 cercles et associations francophones, participe activement à l'animation des Journées internationales de la Francophonie, coopère avec les médias nationaux (diffusion d'émissions éducatives et de reportages événementiels, sur la chaîne éducative de la télévision nationale VTV2 et sur les ondes de la radio La Voix du Vietnam) et coordonne des jumelages scolaires (plus de 30 appariements entre établissements scolaires français et vietnamiens).
Par Cao Hoàng Hoa - Le Courrier du Vietnam - 14 Juillet 2006
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