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Le Vietnam, 150e membre de l'OMC

Après onze ans de négociations, Hanoï rejoint officiellement aujourd'hui l'institution genevoise.

Le dernier tampon a été long à obtenir, mais le Vietnam devrait, sauf coup de théâtre, obtenir aujourd'hui son visa définitif pour rejoindre le club des pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Voilà vingt ans que le pays s'y prépare. Vingt ans qu'Hanoï travaille dur, à grand renfort de réformes, à sa transition vers une économie de marché, son fameux « Doi Moi », pour rentrer, adoubé par ses pairs, dans la grande boucle du commerce mondial dont il devient le 150e membre officiel. Pour ce dernier bastion du marxisme-léninisme, cela signifie qu'il « sera désormais sujet à des règles internationales connues de tous. Le pays devient une destination sûre pour les investissements ».

L'entrée dans l'OMC du Vietnam conforte dans leur stratégie le nombre croissant d'opérateurs économiques pour qui le pays est une bonne alternative à la Chine, jugée parfois trop tentaculaire. Mais la route a été longue ces deux dernières années, lorsqu'il a fallu négocier pied à pied, en particulier avec des États-Unis plus que réticents. Washington s'est longtemps arc-bouté sur des tarifs douaniers qu'il jugeait trop élevés dans les services, l'agriculture, les produits industriels et autres télécommunications. Bruxelles, non plus, n'a pas été en reste, s'inquiétant de voir, après la Chine, une autre déferlante s'abattre sur le vieux continent. Des précautions ont d'ailleurs été prises avec des mesures antidumping contre les chaussures vietnamiennes.

Coup de fouet

Mais c'est seulement lorsque Washington a abandonné sa demande d'inclure les clauses sociales dans l'accord que l'adhésion vietnamienne a été acquise. Sur plusieurs centaines de pages, l'accord avec l'institution genevoise fixe l'engagement du Vietnam à éliminer les barrières dans l'agriculture, les produits industriels, les services, pour privatiser un certain nombre d'entreprises, abolir le contrôle des prix ou encore protéger la propriété industrielle, sujet très sensible pour les Européens et les Américains. Pour tout cela, Hanoï a donné son aval et espère en retour y gagner « un véritable coup de fouet économique, » de l'aveu de Truong Dihn Tuyen, ministre du Commerce.

Le pays se sent prêt. Il est un exportateur de textile important, s'est doté d'un tissu industriel, suscite la convoitise des géants mondiaux de l'industrie de pointe et concurrence ses voisins en terme d'investissements étrangers. Tout en sachant que, si rejoindre ce club très select est une chance, il s'agit néanmoins d'un vrai défi pour la masse d'entreprises publiques encore endormies dans la torpeur de l'économie planifiée. Et qui vont devoir maintenant se soumettre aux règles de la concurrence. Des incertitudes, en particulier sociales, demeurent mais ils sont nombreux à considérer ce pays, rentré dans le rang, comme une « bonne opportunité » : une croissance de 8,4 % en 2005, une société de consommation qui émerge, un environnement des affaires simplifié et une terre vierge de toutes infrastructures et autres équipements lourds. Autrement dit, le Vietnam n'est ni un eldorado - la crise asiatique de 1997 a refroidi les téméraires - ni un marché de dupes, mais, disent les fonds d'investissements, une « Chine + 1 » à ne pas négliger.

Par Sixtine Léon Dufour - Le Figaro - 7 novembre 2006


Le Vietnam aux portes de l'OMC

Les 149 pays de l'Organisation mondiale du commerce devraient approuver aujourd'hui l'intégration du pays communiste. Hanoï a dû effectuer de nombreuses concessions pour ouvrir son marché intérieur.

Le Vietnam va franchir aujourd'hui le dernier obstacle avant son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), lors d'un vote des pays membres à Genève. Il s'agit pour le dernier pays qui se réclame du marxisme-léninisme d'une étape majeure dans son intégration internationale, qui consacre vingt ans de réformes et son émergence économique régionale. Les 149 pays membres de l'OMC réunis en conseil général doivent, sauf coup de théâtre, approuver aujourd'hui le " paquet " réunissant les conditions d'adhésion du pays communiste : environ 300 pages qui brossent un portrait institutionnel du pays et des dispositions qu'il a mises en place en matière d'échanges de biens et de services. Il appartiendra ensuite à l'Assemblée nationale vietnamienne de ratifier le document, ce qui pourrait intervenir avant la fin du mois.

Puis, conformément aux règles, trente jours après la notification de l'OMC, le Vietnam adoptera les règles internationales du libre-échange et deviendra officiellement le 150e membre de l'OMC. Pour Hanoï, qui a initié la politique du " Doi Moi " (Renouveau) en 1986 et déposé sa candidature pour entrer dans le symbole même du commerce mondial en 1995, cette adhésion est la garantie de bénéficier d'un accès élargi aux marchés des autres pays membres et lui confère la crédibilité internationale qui prélude à l'afflux d'investissements sur le modèle chinois.

Renoncer à des subventions. Pour obtenir l'aval des autres membres de l'OMC, le Vietnam a dû effectuer de nombreuses concessions pour ouvrir son marché intérieur et renoncer à des subventions dans de nombreux secteurs. Le pays a voté des dizaines de lois pour se rapprocher des normes internationales, en particulier en matière de respect de la propriété intellectuelle, de procédures administratives et de régime fiscal. Il s'est engagé à plafonner ses droits de douane à 35 % maximum selon un calendrier qui s'étend jusqu'en 2014, souligne l'ONG Third World Network, qui rappelle que les importations de produits relevant des technologies de l'information pourront s'effectuer libres de droit.

L'adhésion n'est toutefois pas sans risques. La masse d'entreprises publiques encore soumises aux lourdes procédures de l'économie planifiée va souffrir de la concurrence. Selon l'économiste Dang Doanh, " les entreprises vietnamiennes doivent apprendre à conserver leurs parts de marché, sinon elles feront faillite, les ouvriers perdront leur emploi et la paix sociale sera menacée ".

La Tribune - 6 Novembre 2006