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Histoires des Vietnamiens du Laos

Plus de 6.500 Vietnamiens vivent actuellement dans 4 provinces méridionales du Laos. Malgré l'éloignement géographique, ils ont su conserver et valoriser leur identité culturelle, ainsi que la solidarité entre compatriotes.

Bien qu'éloignés du pays natal depuis des décennies, les Vietnamiens du Laos n'ont cependant pas oublié leur terre d'origine. Certains vivent au Laos depuis une trentaine d'années, d'autres une quinzaine. Tels ces Vietnamiens de la province d'Attopeu (limitrophe de la province vietnamienne de Kon Tum) qui parlent toujours avec l'accent typique des provinces du Centre : Hà Tinh, Quang Binh, Huê, Dà Nang, Binh Dinh… Ils sont aussi restés fidèles à leurs traditions culinaires, leurs repas quotidiens ne manquant jamais de petites morelles et légumes fermentés, ni d'un petit bol de nuoc mam de Phú Quôc (une marque de saumure de poisson vietnamienne très connue).

Vo Dai Khóa, président de l'Association des Vietnamiens d'Attopeu, est un grand amateur de thé. Mais pas de n'importe lequel. "Il me faut exclusivement du thé Thái Nguyên. Bien que les thés lao et thaïlandais se vendent un peu partout ici, je préfère l'arôme du thé vietnamien. Et c'est ainsi depuis une vingtaine d'années…", avoue-t-il. Dans sa maison, une photo de l'Oncle Hô trône bien en vue, montrant ses sentiments envers le grand leader révolutionnaire.

L'Association des Vietnamiens d'Attopeu rassemble 65 familles. Au total 365 personnes, qui travaillent pour la plupart dans le commerce et la petite industrie artisanale. Certaines pratiquent aussi la pêche. D'après M. Khóa, ils mènent une vie plutôt aisée, plus de la moitié des foyers gagnant plus de 10 millions de kips (près de 1.000 dollars) mensuels. "Notre association se réunit tous les 3 mois et a des contacts réguliers avec le consulat du Vietnam à Pakse pour s'informer de la situation dans le pays", note-t-il. Rien qu'en 2005, les membres de l'association ont collecté 4.000 dollars pour soutenir le Fonds d'encouragement aux études, ainsi que les victimes de calamités naturelles et de l'agent orange dans le pays. Toujours selon M. Khóa, son association nourrit le projet de construire une école réservée aux enfants vietnamiens, qui nécessitera environ 30.000 dollars d'investissement. " Ce projet est soutenu par les autorités d'Attopeu qui nous ont attribué un terrain ", se réjouit Vo Dai Khóa.

Des coutumes et une solidarité préservées>

La province de Champassak, elle, est située à plus de 200 km de celle d'Attopeu. On y trouve un restaurant vietnamien qui ne désemplit pas. Il porte le nom du couple propriétaire, Liên-Huong, qui y vit depuis 1989. Avec le pécule d'une vie de labeur à Champassak, Liên et son mari ont pu y bâtir en 1996 une petite maison. Trois ans plus tard, ils ont décidé d'ouvrir un restaurant - le premier dans cette province à proposer des repas typiquement vietnamiens. À quelques centaines de kilomètres de là est implantée une autre famille vietnamienne qui a également bien réussi dans les affaires. Elle gère en effet un restaurant de pho (soupe vietnamienne) et un hôtel, propose des services touristiques et internet… Nguyên Thi Lan, la propriétaire, est originaire de la province de Nam Dinh (Nord). Elle fait partie des Viêt kiêu du district de Pakse ayant le mieux réussi professionnellement.

Selon l'Association des Vietnamiens de la province de Champassak, Pakse compte 7 quartiers peuplés de Viêt kiêu, aux noms d'ailleurs très évocateurs comme Tân Phuoc, Tân An, Sân Bay ou Nhà Dèn. Le district compte environ 5.000 Vietnamiens parmi les quelque 6.500 recensés dans 4 provinces méridionales du Laos : Attopeu, Champassak, Salavane et Savannakhet. La plupart d'entre eux ont su préserver leurs us et coutumes, fêtes traditionnelles et, plus important, leur langue maternelle. Chez Liên-Huong et Lan, malgré des belles-filles laotienne et chinoise, tout le monde discute en vietnamien. Selon Nguyên Dang Chât, consul général du Vietnam à Pakse, "les Viêt kiêu d'ici ont réussi à préserver et valoriser leur identité culturelle, ainsi que la solidarité entre eux. Ils éprouvent de l'amitié et de l'affection non seulement envers leurs compatriotes vivant au Laos mais aussi pour ceux restés au Vietnam. Pour preuve, ils ont récemment accordé une aide de 6.000 dollars aux habitants du Centre victimes du typhon Chanchu".

Par Hông Nga - Le Courrier du Vietnam - 27 Août 2006


Préserver la langue vietnamienne pour les générations futures

Au bord du Mékong, Savannakhet est une des principales villes du Laos, chef-lieu du Centre et du Sud de ce pays. Dans le centre de cette paisible bourgade, le nom d'un panneau surplombant l'entrée d'un immeuble suscite la curiosité : Hông Bàng.

C'est ici le siège de l'Association des Viêt kiêu de la ville. Ils se regroupent dans ces murs depuis une trentaine d'années. Un endroit de rencontre, de réunion pour les Vietnamiens de Savannakhet, des régions alentours et de tout le pays. L'association Hông Bàng, l'école maternelle Lac Hông, l'école primaire Thông Nhât. Des sonorités banales au Vietnam mais qui en ces lieux résonnent d'une manière particulière pour les familles Viêt kiêu.

"Si la communauté vietnamienne est depuis longtemps présente au Laos, ce n'est qu'en 1977 que le siège social de l'association a été mis en chantier", raconte Trân Chí Thuân, responsable de l'Association des Viêt kiêu de Savannakhet. À l'époque, un Viêt kiêu leur vendit 1.600 m² de terrain à un prix raisonnable. Mais la construction ne fut achevée qu'à fin 1978, faute d'argent. Selon Trân Chí Thuân, un des principaux objectifs de l'association, dès ses débuts, est d'envoyer des enfants Viêt kiêu faire leurs études secondaires et supérieures à Huê, Dà Nang, Hanoi ou Hô Chi Minh-Ville. Les Viêt kiêu de Savannakhet ont même collecté de l'argent afin d'acheter une maison à Huê qui héberge leurs enfants. Pour les préparer aux programmes universitaires vietnamiens, l'association s'appuie sur une stratégie de formation qui commence dès l'enfance. L'école maternelle Lac Hông et l'école primaire Thông Nhât en sont les 2 fers de lance.

Un combat qui demande bien des efforts>

L'école primaire Thông Nhât est située dans la rue Sivavangvong, à Savannakhet. Sa directrice, Hua Ngoc Huê, explique que pour sa reconstruction, l'association a dû faire appel à la contribution de ses membres et emprunter de l'argent. Les dettes n'ont été remboursées qu'au bout de 2 ans. Aujourd'hui, l'établissement compte 10 classes que fréquentent 300 écoliers. Outre les cours qui respectent le programme du ministère lao de l'Éducation, les élèves suivent également des cours intensifs de vietnamien.

L'école maternelle privée de Lac Hông est certainement la plus belle de son genre dans cette ville. Les crédits pour sa construction se sont élevés à plus de 44.500 dollars.

Californie, États Unis. L'autre bout du monde. Une librairie. L'établissement est tenu par M. Dông, un quinquagénaire qui fait de la préservation et la démocratisation de la langue vietnamienne son combat. Dans cet État qui abrite la plus grande communauté vietnamienne du pays, il assure que "vivant depuis longtemps loin de mon pays natal, seuls les livres m'aident à panser ma nostalgie ". Ses employés ne cessent de s'étonner lorsqu'il offre des livres à de jeunes clients. "Je suis chaque fois tellement heureux de rencontrer de jeunes Vietnamiens qui savent lire dans leur langue maternelle ! Plus ils vivent loin du Vietnam, plus ils doivent la préserver afin de ne pas oublier leurs racines", confie-t-il. La valeur de sa librairie est estimée à 2 millions de dollars. Un chiffre convoité par bien des hommes d'affaires, voire des étrangers. Mais le propriétaire vietnamien n'a cure de l'argent. Il espère juste que le vietnamien survivra chez les futures générations.

Par Hông Nga - Le Courrier du Vietnam - 27 Août 2006