Phan Thi Vàng Anh : "Quand on est jeune"
En 1994, l'Union des écrivains primait un auteur de 24 ans : Phan Thi Vàng Anh. Sans que soit tournée la page de la littérature des cicatrices de la guerre contre les Américains , on sentait bien que les chapitres à venir n'auraient plus forcément trait à cette période. Ici, c'est la société du doï moï (la «perestroïka» vietnamienne). La nouvelliste évoque les années flottantes de la jeunesse et la tristesse anticipée d'une saison condamnée à mourir. Le jeu ne se départit jamais de la clairvoyance de l'adolescent libre de toutes responsabilités. Et si l'oeil brille d'émotion, le regard ne manque pas d'ironie. Dans la nouvelle-titre, la narratrice lisant tout l'ennui de sa tante dans son journal intime, se dit : «Elle a bien fait de se tuer !» Le jeune âge est cruel. Surtout avec soi-même. Hoan à son amoureux : «Dis-moi de quel mal tu souffres pour avoir un air aussi tragique alors ?» Lui : «Personne. Je me fais du mal tout seul.»
Editeur Picquier poche, 176 pp., 7€. - Traduit du vietnamien par Kim Lefèvre.
Par Sean James Rose - Libération - 28 Avril 2006
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