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Le Vietnam, terrain de jeu privilégié des fonds d'investissements

HANOI - Ils connaissent bien le pays, maîtrisent ses codes culturels et son cadre légal et savent partager les risques pour éviter le bouillon: les fonds d'investissements constituent une valeur montante au Vietnam, un marché certes prometteur mais toujours aussi difficile. Le Vietnam compte aujourd'hui six gestionnaires à la tête de neuf fonds d'investissement, qui rassemblent un total près de 700 millions de dollars. La somme n'est pas énorme en valeur absolue, mais leur rendement a gonflé de 20 à 40% entre 2004 et 2005.

"D'ici deux à trois ans, leur capital d'investissement représentera 1 à 1,5 milliard de dollars", pronostique Dominic Scriven, directeur de Dragon Capital, dont le fonds Vietnam Enterprise Investments Limited (VEIL), le plus gros du pays, a résisté à toutes les tempêtes. L'histoire du pays communiste, dont la transition au capitalisme a commencé il y a vingt ans, est en effet riche d'autant d'échecs que de réussites. En 1994, la levée de l'embargo américain avait érigé un peu vite le pays en futur dragon asiatique.

Mais les placements intéressants étaient rares. "Quand la crise financière asiatique a éclaté (en 1997), la moitié des 400 millions de dollars rassemblés par les fonds a été perdue, selon Dominique Scriven. "L'autre moitié n'a simplement pas été investie". Aujourd'hui, le Vietnam n'est plus regardé ni comme un eldorado ni comme un marché de dupes. Il a enregistré l'an passé une croissance de 8,4% et vise l'intégration dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC). "Le marché vietnamien a gagné en maturité et c'est le seul pays asiatique où un extraordinaire développement est encore possible", assure Nguyen Tuan Thien An, un manager de portefeuilles chez Mekong Capital. Du même coup, "investisseurs et responsables de fonds sont plus réalistes que dans les années 90".

Ce pays de plus de 82 millions d'habitants est à la fois politiquement stable, économiquement dynamique et en demande d'infrastructures et d'investissements lourds. L'idéal pour faire du profit, pourvu de s'y prendre correctement. "Je ne connais pas assez le pays pour y trouver les bonnes opportunités. Le système légal et la culture des affaires y sont très différents de celles en Occident", admet ainsi Royden Richardson, directeur de Fairlane Asset management, un groupe canadien gestionnaire de fonds de pension, qui investi sa fortune personnelle dans VinaCapital. "Investir dans un fonds permet aussi de répartir les risques financiers entre plusieurs secteurs d'activité", souligne-t-il. Les fonds s'engagent dans les biens de consommation et la banque, le construction et la haute-technologie, le tourisme et l'immobilier, la confection ou la chaussure.

Une souplesse qui permet aussi de s'adapter aux investisseurs. A une exception près, tous les fonds sont financés par de multiples acteurs, occidentaux comme asiatiques, institutionnels comme privés, qui ne choisissent pas le Vietnam pour les mêmes raisons. "Certaines sociétés, notamment japonaises et taiwanaises, adoptent une stratégie de Chine+1 au Vietnam, pour ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier", explique Rick Mayo-Smith, directeur exécutif d'Indochina Capital. D'autres, comme les grandes institutions du type de la Société financière internationale (SFI), le bras investissement de la Banque mondiale, veulent avant tout aider à créer des emplois stables.

Reste, malgré ce solide engouement, une pointe de prudence chez les gestionnaires de fonds. Le Vietnam, assurent-ils, doit se garder de redevenir la poule aux oeufs d'or. "Le Vietnam est chaud", insiste Dominic Scriven. "Certains risqueraient de s'y brûler".

Agence France Presse - 8 Février 2006