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Bruxelles impose sa taxe antichaussures asiatiques

Malgré la division des Etats membres, des mesures antiduming frapperont la Chine et le Vietnam.

BRUXELLES - a Commission européenne a finalement eu le dernier mot. Après un échange de vues avec les Vingt-Cinq, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a fait passer en force son projet. Le 7 avril, l'UE imposera des taxes équivalentes à 19,4 % du prix à l'importation sur les chaussures en cuir chinoises et de 16,8 % sur les chaussures en cuir vietnamiennes, et cela de façon progressive et pour six mois. Les taxes ne concerneront en fait que 9 % des 2,5 milliards de paires de chaussures vendues chaque année dans l'Union. Mais le road-movie des chaussures a creusé de profondes divisions chez les Vingt-Cinq...

Enquête. Tout débute en 2004, quand, alertés par certaines pratiques concurrentielles jugées déloyales, les producteurs de chaussures ­ italiens, espagnols et portugais en tête, et, dans une moindre mesure, français ­ tirent la sonnette d'alarme. Après neuf mois d'enquête, les autorités européennes identifient les «preuves irréfutables» que les deux pays asiatiques exportent leurs produits en UE à des tarifs très en deçà des coûts domestiques grâce à des allégements fiscaux, des prêts amicaux aux entreprises, des locations de terrains et de locaux à des prix inférieurs au marché...

Malgré ces preuves, les pays européens se déchirent. Aux Etats membres producteurs qui prônent une ligne dure ­ l'Italie, plus gros producteur européen de chaussures, réclame des taxes à 50 % du prix ­ s'opposent les pays non producteurs, Pays-Bas, Irlande, Grande-Bretagne, Allemagne, qui craignent une répercussion sur les prix de la chaussure.

«Regrettable». Privé de majorité ­ 11 abstentions, 10 voix contre... et 3 voix pour ­, la décision est de facto renvoyée à la Commission européenne, qui opte pour une voie médiane : des mesures provisoires et graduelles. Côté producteurs, on se réjouit : «Les prix étaient artificiellement bas depuis des années, il fallait réagir, assure Olivier Mugnier de la Fédération française de la chaussure. Cela ne se fera pas sans casse. Les mesures antidumping égratignent les entreprises qui ont délocalisé leur production dans les pays asiatiques. Mais on s'attendait depuis longtemps à ces mesures et la plupart des entreprises concernées ont changé leur stratégie.» Entendez : ont remonté leur structure de production dans des pays voisins non taxés. «La prolifération des mesures antidumping ne peut pas constituer une politique de défense européenne crédible, explique Dominique Forest, du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc). Les taxes ne résoudront pas le problème.» C'est aussi l'avis des Chinois, qui stigmatisent une décision «regrettable» qui accroît le «protectionnisme commercial». «Je ne baisserai pas les bras, a annoncé le ministre chinois du Commerce. Et je continuerai mes efforts.» Ambiance règlement de comptes à l'OMC en octobre... A suivre.

Par Camille Lamotte - Libération - 24 Mars 2006