~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :      [2006]      [2005]      [2004]      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

Grèves : la vie sociale et le salaire, deux facteurs déterminants

Un salaire minimum dans les entreprises à fonds d'investissement direct étranger est à l'étude. Efforts des organismes pour améliorer la qualité de vie et de travail des employés. En fin d'année 2005, dans la zone franche de Linh Trung à HCM-Ville, la grève de 18.000 salariés de l'entreprise Freetrend, l'arrêt de travail de 4.000 personnes de l'entreprise Kollan et la manifestation d'un millier de personnes de l'entreprise Hugo, ont été les révélateurs d'une volonté commune : réclamer l'augmentation du salaire.

"Le salaire actuel n'est pas suffisant pour joindre les deux bouts chaque mois. Seule prime , une augmentation très limitée variant entre 5.000 et 10.000 dôngs pour chaque année. Depuis des années, le salaire mensuel ne s'améliore pas (626.000 dôngs/personne), tandis que les prix à la consommation galopent sans cesse", désespère une employée de Kollan. "Je gagne 630.000 dôngs. Je déduis 500.000 dôngs de loyer et d'alimentation. Je peux difficilement mettre de côté le reste, si je ne suis pas malade", dit amèrement une employée de Hugo.

Et les heures supplémentaires ? Opprimés par un petit salaire, les employés sont obligés d'en faire pour améliorer leur revenu. Malgré 8 heures de travail journalier, nombreux employés de Kollan doivent faire 100 heures supplémentaires par mois pour gagner de 1,1 à 1,2 million de dôngs/mois. Cette méthode réduit les frais de l'entreprise (assurance santé, sécurité sociale, etc.) D'après un expert du travail de HCM-Ville, un règlement définit que l'État doit augmenter le salaire minimum en cas d'une augmentation de l'indice des prix à la consommation supérieure à 10%. En réalité, depuis 5 ans, l'indice des prix à la consommation augmente (+ 25%), les prix des vivres (+ 40%) et le coût du travail aussi (hausse de 30% à 50%). Hélas, le salaire minimum baisse.

Un nouveau barème du salaire minimum attendu

Pour aider les salariés des zones industrielles (ZI) à s'échapper de ce "cauchemar", la Confédération générale du travail (CGT) et le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales (MTIAS) ont soumis décembre dernier au Premier ministre un document demandant l'augmentation du salaire minimum dans les entreprises à fonds d'investissement direct étranger.

Dans un projet récent pour une proposition d'un nouvel arrêté concernant le salaire, le MTIAS a prévu 2 plans. Le premier : régulariser le salaire minimum basé sur le coût du travail, avec 3 niveaux : 870.000 dôngs/mois (55 dollars), 790.000 dôngs (50 dollars) et 710.000 dôngs (45 dollars). Le seconde : régulariser le salaire minimum basé sur l'indice des prix à la consommation (+ 25%), soit 790.000 dôngs (50 dollars), 710.000 dôngs (45 dollars) et 630.000 dôngs (40 dollars).

"La politique de rémunération du programme d'action nationale en la matière, période 2006-2010, est en cours d'achèvementt, afin d'améliorer les relations entre le patronat et le salariat", indique Pham Minh Huân, chef du Département des salaires et rémunérations du MTIAS. À l'heure actuelle, le salaire minimum dans les entreprises à fonds d'investissement étranger en cours d'application selon la décision No708 en date de 1999 du MTIAS est basé sur 4 niveaux, établis entre 417.000 et 626.000 dôngs en fonction des caractères économiques des zones qui hébergent les entreprises.

La vie sociale des salariés dans les zones industrielles préoccupe la CGT . Dans les villes et provinces plus pourvues de ZI, travaillent un million d'employés dont la moitié s'y installent, surtout dans les provinces de Dông Nai, Binh Duong et HCM-Ville (90%). Environ 65,8% des employés nécessitent un logement dans les ZI. Cependant, seuls 3,1% en trouvent. Ce manque de logements pousse les employés de louer des habitations en proximité, estimées insalubres. Souci de logement, suit la surcharge croissante des horaires de travail. Conséquence : influence négative sur la qualité du travail du salarié, due à une mauvaise condition de vie. Non seulement soucieux de la question du logement, les employés souhaitent des avancées socioculturelles.

Par Thanh Tu - Le Courrier du Vietnam - 16 Mars 2006


Grèves : un droit du salarié en débat

Le salarié devra avoir droit à un arrêt de travail. Il faudrait remplacer le conseil d'arbitrage provincial par un autre, tripartite (État, patronat et représentant des salariés). Mais la polémique sur un projet de loi sur la grève persiste. Lors d'une séance de travail de la présidence de la Confédération générale du travail (CGT), tenue au début du mois, les participants ont exprimé leurs opinions sur le projet de loi, ayant trait à la grève. Ils ont tous affirmé qu'il n'y aurait pas eu de grève si le patronat n'avait pas commis d'infractions à la loi. Pas de fumée sans feu donc !

En cas de litige collectif du travail pour droit légitime du salarié, le projet de loi prévoit que l'employé ne peut faire grève, mais seulement faire appel à un médiateur ou à un conseil de médiation pour régler le litige en cours. En cas d'échec, il pourra alors saisir le tribunal. Le salarié se voit donc privé du droit de grève, sauf en cas de litige concernant ses droits fondamentaux (salaire, congés, assurance sociale, etc.), ces derniers devant être supérieurs à ceux actuellement définis par la loi.

Polémique : un projet de loi jugé "à hauts risques"

Il est impossible de soumettre à l'Assemblée nationale un tel projet de loi qui va à l'encontre de la réalité. C'est une idée très partagée par plusieurs participants à cette réunion. D'un ton acerbe, Pham Công Bay, chargé des litiges du travail de la Cour populaire suprême souligne : "Malgré environ 5 ou 7 rapports soumis au gouvernement, ce sont pourtant de nombreuses questions essentielles du projet de loi qui ne trouvent toujours pas d'unanimité." Selon lui, le Comité chargé de l'élaboration du projet de loi travaille selon un processus inversé (!). En effet, normalement, le processus pour désamorcer une grève devrait aborder les points majeurs : Quel organisme est compétent ? Quelles formalités à effectuer ? Une grève autorisée pour combien de temps ? Cette procédure devrait obtenir un consensus, permettant de travailler effectivement sur les notions de grève et d'autres termes spécifiques en cause.

De plus, ledit projet de loi est estimé "compliqué", avec ses formalités et ses procédures. Une réglementation vise à supprimer les grèves spontanées et à orienter le conflit dans une voie garantie par la loi. En outre, un article de ce projet confie l'organisation de la grève au syndicat de l'entreprise. Pour quand une grève légitime ? En résumé, tout cela demeure bien théorique.

Pour une homogénéité du Code du travail

S'agissant de litige collectif du travail pour droits légitimes, il faudrait également une disposition énonçant explicitement que le salarié a le droit de prendre un congé, c'est-à-dire, le cas échéant, celui de refuser de travailler lorsque son employeur n'assume pas pleinement ses responsabilités. Quant au conseil d'arbitrage au niveau provincial, jugé "inefficace", les participants à la réunion ont proposé de le remplacer par un autre, comprenant l'État, le patronat et le représentant des salariés de l'entreprise.

Selon la présidence de la CGT, si le syndicat de l'entreprise a le droit d'organiser la grève, il faudrait également une réglementation protégeant ses responsables. "Je me suis disputée en face à face avec le patron de l'entreprise dans laquelle s'est déroulée une grève. Ce dernier a réagi en disant qu'il fallait sanctionner les grévistes car c'était une grève non conforme à la loi, alors que la direction de l'entreprise avait violé la réglementation du travail", explique Nguyên Thi Hà de l'organisation syndicale de Dà Nang (Centre). Ainsi, de nombreuses idées évoquées suscitent des modifications plus importantes que celles initialement envisagées. Elles ne devraient donc pas être limitées seul au 14e chapitre du Code du travail, et en concerner d'autres abordant également les litiges du travail et du droit de grève, notamment les chapitres I, XIII, XV et XVI du Code du travail et ce, afin d'assurer son homogénéité.

Par Thanh Tu - Le Courrier du Vietnam - 15 Mars 2006