~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :      [2006]      [2005]      [2004]      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

La presse belge fait l'éloge des changements du Vietnam

BRUXELLES - Le journal belge "Le Soir" a réservé une rubrique spéciale à un long article de l'auteur Jean Pierre Borloo, faisant l'éloge des changements intervenus chaque jour au Vietnam. Il a particulièrement souligné le décollage du tourisme du Vietnam. Pierre Borloo a conduit les lecteurs à visiter le pays en commençant par Hanoi, "la capitale administrative" connue par "le quartier des 36 corporations". Puis, ils sont passés à la baie d'Ha Long et l'ancienne cité impériale de Hue très poétique, "classées patrimoine mondial de l'humanité", pour enfin, s'arrêter à Ho Chi Minh-Ville, "l'agglomération la plus vivante, la plus belle et la plus riche".

"Envol vers Hanoi, la capitale administrative, dans le nord du pays... Population extrêmement agréable... La ville est en éveil avant l'aube. Les trotoirs s'animent, les mobylettes fusent de toutes parts dans les brumes... Au fil des ans, les mobylettes ont remplacé les vélos. Pas de sentiments d'agressivité ou d'insécurité". Sur 36 anciennes rues de Hanoi, l'auteur a écrit: "Une rue, un métier. Rue de la soie, rue de la peinture où créateurs et copieurs se côtoient, rue des ferronniers où l'on soude à même le sol, rue des musiciens, des jouets pour enfants, des coiffeurs, des fruits et légumes, des chaussures,...".

L'auteur a particulièrement admiré les sites pittoresques du Vietnam, dont la baie d'Ha Long séduisante par des milliers de roches, des grottes gigantesques et merveilleuses, des villages flottants. L'ancienne cité impériale de Hue fait aux visiteurs de l'impression de vivre "dans une autre époque, une autre culture", avec les tombeaux des empereux, citadelle impériale, pagodes bouddhistes, rivière des parfums poétique,...

Dans la mégapole du Sud, il a trouvé à cette ville une animation et une modernité particulière par rapport à d'autres villes au Vietnam. "Ses larges avenues sont bordées de buildings vitrés et prestigieux, son architecture resplendit sous une rénovation luxueuse", a décrit Pierre Borloo, qui l'a comparée à Milan de l'Italie. L'article est illustré par des photos, dont une sur la baie d'Ha Long à l'aube, avec l'image d'un beau bateau à voiles.

Agence Vietnamienne d'Information - 21 Mars 2006


New morning in Vietnam

Le jogging remplace le taï chi matinal. Les vieux monuments retrouvent leurs couleurs, les mobylettes doublent les vélos, le tourisme décolle. Ambiances au Vietnam, entre communisme et modernité.

Vingt-huit degrés Celsius, 80 % d'humidité, et il n'est que 8 heures du matin ! L'enfer. Sayon se dévoile, en pleine moiteur. Depuis 1975, la capitale économique du Vietnam porte le doux nom de Ho Chi Minh-Ville. Pour nous, il ne s'agira que d'une escale.

Envol vers Hanoi, la capitale administrative, dans le nord du pays.

L'étoile jaune sur fond rouge flotte sur toutes les grandes artères. La ville fêtait, l'an dernier, ses 995 ans d'existence. Une étoile à cinq branches pour symboliser les cinq éléments (bois, feu, terre, métal et eau). Plus prosaïquement, on vise aussi cinq classes (paysans, ouvriers, commerçants, intellectuels et militaires) qui conduisent la nouvelle république socialiste du Vietnam vers un développement inéluctable.
Régime strict. Population extrêmement agréable. Malgré les nombreuses guerres qui ont longtemps déchiré le pays. Dans le tumulte de la débrouille, la vie bat son plein. La ville est en éveil avant l'aube. Les trottoirs s'animent, les mobylettes fusent de toutes parts dans les brumes d'une ville assez propre. Pas de sentiment d'agressivité ou d'insécurité. La vie se met en place, chacun s'aménage un petit coin de rue et offre au plus grand nombre ses quelques compétences ou avoirs.
Les racines profondes du bouddhisme et du confucianisme imprègnent ce mode de vie. Les guerres et l'ancienne présence des Français et des Américains distillent également leurs influences. De manière parsemée, parfois nostalgique, d'anciennes villas coloniales revivent. Les autorités du parti communiste et de l'administration y ont installé leurs représentations. Puis l'Unesco y a investi d'importants deniers réparateurs pour le plus grand bonheur des visiteurs et des Vietnamiens qui vivent dans l'entourage des touristes étrangers de plus en plus nombreux.
L'étoile jaune sur fond rouge. Les cinq éléments. Et cinq lieux, cinq ambiances, cinq atmosphères. Du nord au sud du Vietnam, de la vie des gens à la beauté des paysages, des vieilles pierres aux nouveaux projets très branchés.

Les trottoirs de Hanoi

Le quartier des 36 corporations. Une rue, un métier. Ça grouille. La vie est dans la rue, la rue est la vie. Au fil des ans, les mobylettes ont remplacé les vélos. Ils sont partout. Peu de voitures circulent dans le centre de Hanoi. Heureusement d'ailleurs. Huit millions d'habitants, quatre millions de deux-roues. Pas de place pour les automobiles. Le gouvernement décourage d'ailleurs l'achat de voitures.
Les trottoirs servent de parking à mobylettes. Ils accueillent aussi toutes les étapes de la vie quotidienne : on y mange, on joue au ma-jong, on travaille, on y vend de tout, on y vit du matin très tôt à la nuit tombée. Le piéton est souvent prié de circuler sur la route où il se fraie un passage dans un flux de véhicules qui ne s'arrête jamais. Tout le monde se croise sans se percuter. Seul accessoire abondamment utilisé : le klaxon.
Rue de la soie, rue de la peinture où créateurs et copieurs se côtoient, rue des ferronniers où l'on soude à même le sol, rue des musiciens, des jouets pour enfants, des coiffeurs, des fruits et légumes, des chaussures... Le centre de Hanoi a un charme fou. Hanoi la vieille où les villas restaurées des anciens « expats » sont devenues ambassades ou bâtiments officiels. Hanoi et ses grandes avenues, ses ponts sur le fleuve rouge, ses monuments érigés à la mémoire des gloires du communisme, et ses pagodes et temples bouddhistes. Mélange des genres.

Le long d'Along

Classés patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, les 1.600 rochers de la baie d'Along attirent les foules. La côte s'en ressent. Les hôtels, plus hauts les uns que les autres, balafrent le paysage. Une fois sur la mer de Chine méridionale, l'envoûtement est total. La réplique du navire colonial français se faufile entre les rochers. Les repères s'effacent. Comme dans un labyrinthe. Les pêcheurs s'y cachent, sur des barquettes de fortune ou des bateaux illuminés pour pêcher la nuit. Ils vivent dans des villages flottants et tentent de refiler aux touristes des coquillages ou du corail. Interdits à l'exportation.
Des touristes qui sont trop souvent menés en troupeau vers une gigantesque grotte aménagée, dite de la surprise. Si surprise il y a, elle ne résulte pas de la magie des lieux, mais bien de la fréquentation de masse et de l'aménagement disgracieux de la grotte. Avec un peu d'imagination, la croisière pourrait y être féerique, grandiose. Perdus au milieu de nulle part pour simplement admirer la nature et les effets de lumière. Et méditer sur le dragon qui se serait faufilé entre ces rochers d'Along.

Hué tradition

La ville historique est malmenée par les éléments. Chaleur et humidité dégradent à grande vitesse les palais fraîchement restaurés par l'Unesco. L'ancienne cité impériale, coupée par la rivière des parfums, grouille sous les libellules et les papillons. La poésie des lieux s'en trouve renforcée. Sur la route du tombeau impérial de Tu Duc, des femmes roulent et confectionnent des bâtons d'encens à partir d'éléments récoltés dans la nature. Dans leurs présentoirs, ils prennent l'apparence de bouquets fleuris et colorés. Tombeau de l'empereur, citadelle impériale, pagode bouddhiste de la femme céleste... La visite de ces sites nous fait basculer ailleurs, dans une autre époque, une autre culture ou religion. On s'en imprègne, on contemple, on se remémore les luttes d'influence qui ont fondé le Vietnam moderne, on ressent encore les conflits armés entre le nord et le sud, l'intervention américaine, l'occupation française.

L'aube à Nha Trang

Il est 5 heures, la ville s'éveille. Le traditionnel taï chi rassemble ses adeptes, groupés et cadencés, sur la digue, le long de la mer. La lumière bleue précédant le lever du jour annonce le début des activités des Vietnamiens. Certains ont adopté le jogging et profitent des routes qui ne sont pas encore prises d'assaut à cette heure. Des couples font quelques échanges de badminton, avant de déguster un petit pho' (soupe locale) puis d'aller travailler. La république socialiste a même ses pratiquants de stretching.
Au marché aux poissons, les affaires tournent déjà à plein régime. Les barques se succèdent pour livrer la pêche de la nuit : espadons, requins, raies, divers autres poissons, crustacés, coquillages... Le sol est rouge sang. Les livreurs de glace manoeuvrent dans la foule avec d'énormes glaçons. Une dame âgée nous tend la main pour monter sur un petit talus ; le sol boueux est glissant. Les achats chargés sur deux paniers reliés par un bambou posé sur l'épaule, les femmes fendent la foule.
Le marché aux fruits et légumes est aussi en pleine effervescence. Les fleurs de bananiers sont préparées pour orner et agrémenter les salades. Ça sent bon la coriandre. Les fruits sont empilés en monticules, sur les étals, dans la rue... Les canards vivants pendent tête en bas attachés sur des mobylettes. Les Occidentaux s'écartent : la grippe aviaire est dans tous les esprits. Dans les cafés, le pho' de boeuf se boit chaud. Suivi d'un café filtre terriblement fort, torréfié avec du beurre, servi chaud ou avec des glaçons.

Saïgon la battante

Bienvenue à Saïgon, la vraie ville du Vietnam, la cité la plus vivante, la plus belle, la plus riche... Saïgon contre Hanoi, le sud contre le nord, la culture plus ouverte sur l'Occident, plus riche, par opposition à l'autre plus traditionnelle, davantage marquée par le communisme... Sans parler des différentes influences, soit américaine, soit française. Saïgon prône son modernisme. Ses larges avenues sont bordées de buildings vitrés et prestigieux, son architecture coloniale resplendit sous une rénovation luxueuse, ses trombes d'eau ne parviennent pas à ternir ses couleurs. Ses habitants ne semblent pas apprécier que le statut de capitale du Vietnam ait été attribué à Hanoi, alors que la ville du commerce avec le monde riche est plutôt Saïgon. Un peu comme Milan la riche qui toise Rome la capitale administrative de l'Italie.

Par Jean Pierre Borloo - Le Soir - 18 Mars 2006