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Décès du docteur Dung Quinh Hoa, figure de l’indépendance du Vietnam

Le docteur Dung Quinh Hoa nous a quittés le dimanche 26 février. C’était une militante de choc, au sourire permanent, au parler franc, à l’énergie inépuisable. Issue de la grande bourgeoisie saigonaise, elle débarque en France en 1946 pour faire de brillantes études de médecine et une spécialité de pédiatrie. Elle adhère au PCF, rattachée à la fameuse « section coloniale » du Parti communiste. Hoa vouait un immense respect à Marcel Cachin, parlant souvent avec émotion de celui qui accueilli Hô Chi Minh au Congrès de Tours.

De retour à Saigon, en 1954, elle exerce son métier, tout en oeuvrant dans la résistance. Quand l’étau US et de ses collaborateurs autochtones se referme sur les militants de l’ombre, elle gagne le maquis, en 1969. Auprès du professeur Trung elle soigne dans les tunnels de Cu Chi. Elle en reviendra avec le paludisme et un taux astronomique d’agent orange dans le sang. À l’aube de la libération, elle devient la première ministre de la Santé du gouvernement provisoire de la République. Avec passion, elle se consacre aux tâches politiques et humanitaires qui, pour elle, sont synonymes. Chef de service de l’hôpital pédiatrique de Hô Chi Minh-Ville, elle va jouer un rôle fondamental dans le développement des soins à l’enfance dans un Vietnam plus que meurtri par des décennies de guerre. La solidarité internationale lui tient à coeur.

Ses liens avec la France sont évidemment privilégiés, en particulier avec l’Association d’amitié franco-vietnamienne et le Secours populaire français. C’est avec le partenariat de ce dernier qu’est créé, en 1980, le premier centre de nutrition pédiatrique au Vietnam. Son action discrète mais entêtée lui vaudra de nombreuses reconnaissances, parmi lesquelles celles de l’OMS et de l’université Pierre-et-Marie-Curie. Les maladies n’entameront pas son énergie. Sa retraite bien méritée, elle poursuivra une activité intense, notamment pour le développement des centres de santé primaire dans son pays. C’est une grande dame, une paisible rebelle, qui vient de faire son ultime révérence. Aussi grande que puisse être la peine de ceux qui l’ont appréciée et aimée, ils ne sauraient se contenter de verser des larmes. Quel meilleur hommage peut-on rendre à Hoa que de l’assurer que notre lutte commune continue, avec la fière détermination de la victoire.

Par Jean Yves Follézou - L'Humanité - 4 Mars 2006