Le premier ministre vietnamien confirme son départ à la retraite
HANOI - Le premier ministre vietnamien Phan Van Khai, en poste depuis 1997, a confirmé mardi qu'il
quittait le pouvoir fin juin, deux jours après l'obtention d'un accord avec les États-Unis qui
devrait permettre l'entrée du pays communiste dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Si tout se déroule comme prévu, Khai, 72 ans, partira après la signature officielle, attendue
début juin, d'un accord commercial bilatéral entre Hanoï et Washington qui ouvrira la voie à
l'intégration du pays dans le temple du commerce mondial.
«Je vais demander à me retirer», a indiqué Khai aux journalistes en marge de l'ouverture d'une
session parlementaire de six semaines qui devra investir son successeur.
L'actuel vice-premier ministre, Nguyen Tan Dung, 56 ans, numéro trois du nouveau Bureau
politique du Parti communiste vietnamien (PCV), est considéré comme l'unique candidat pour le
remplacer.
Un responsable du bureau de l'Assemblée nationale a confirmé que figurait au programme de cette
session le changement de premier ministre et de plusieurs ministres, dont ceux de l'Intérieur,
de la Défense, des Affaires étrangères, de la Culture et de l'Information et des Transports.
Selon la presse gouvernementale, le président Tran Duc Luong, 69 ans, devrait lui aussi être
remplacé.
«Nous envisageons de consacrer environ une semaine... pour examiner et décider des questions de
personnel», a indiqué ce responsable.
La retraite de M. Khai, rendue très probable suite à son départ du politburo le mois dernier, au
terme du Xe congrès du PCV, avait été annoncée dans les médias vietnamiens il y a dix jours.
Cet homme originaire de Cu Chi, dans la banlieue de Ho Chi Minh-Ville (sud, ex-Saïgon), n'a
jamais dévié depuis 1997 de la prudente politique d'ouverture économique appellée Doi Moi
(Renouveau), mise en place formellement à partir de 1986.
En 2005, il était devenu le premier chef de gouvernement vietnamien depuis 1975 à se rendre à
Washington en visite officielle, tournant définitivement la page de la guerre entre les deux
pays.
Et l'histoire le retiendra sans doute comme celui qui a poursuivi les réformes, ouvert le pays
aux investisseurs et rénové le système légal, si non sans encombre au moins jusqu'à permettre
l'intégration du Vietnam dans l'OMC.
Hanoï espère parvenir à ses fins d'ici la fin de l'année.
Il appartient désormais à Nguyen Tan Dung de s'assurer que ce pas de géant pour l'un des
derniers pays communistes de la planète, mais qui est aussi l'une des économies les plus
dynamiques de la région, dynamise la croissance.
«Nous travaillons activement à notre intégration économique mondiale et à la mise en oeuvre
efficace de nos engagements avec les pays et les organisations internationales. Nous devons
créer les conditions favorables à l'entrée du Vietnam à l'OMC», a déclaré Dung aux députés
mardi.
«Nous continuons de réformer notre mécanisme économique et de perfectionner notre système légal
(...) pour attirer les investissements étrangers», a-t-il ajouté, confirmant de facto que les
réformes seraient poursuivies.
Protégé de l'ancien président Le Duc Anh, une grande figure de la tendance la plus conservatrice
du pouvoir, Dung affiche à la fois une expérience au sein de la police et une carrière dans
l'armée.
Depuis plusieurs années, il a cependant été formé à la direction des affaires, notamment via un
passage à la tête de la Banque centrale.
Par Franck Zeller - Agence France Presse - 16 Mai 2006
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