~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :      [2006]      [2005]      [2004]      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

L'utopie francophone au Vietnam en demande de volonté politique

HANOI - Le Vietnam est-il francophone ? Il suffit de demander son chemin dans les rues de Hanoï pour prendre la mesure de ce que le rêve colonial n'a pas pris corps. Aujourd'hui, la langue française lutte au Vietnam pour s'inventer un avenir. La carte postale en noir et blanc sur laquelle on imagine le grand-père à barbiche évoquer Balzac et Verlaine avec des yeux malicieux n'a jamais relevé que de l'exception.

A l'époque de la colonisation, le français n'était déjà répandu que dans les milieux intellectuels et bourgeois, auprès de l'élite mandarinale et administrative. En 1942, moins de 70.000 élèves avaient accès à l'enseignement en français. Les décennies de guerre n'ont rien arrangé. Aujourd'hui, quelques retraités cultivent leur savoir. Mais ils ne feront pas la francophonie de demain. "Les jeunes prennent le relais", veut croire Tran Son Mach, rédacteur en chef du Courrier du Vietnam. Le seul quotidien francophone du pays tire à 4.000 exemplaires, un chiffre stable. "Compte-tenu du recul du français, ce n'est pas un mauvais résultat", note-t-il en se réjouissant que le site internet du journal enregistre 20.000 connexions par semaine.

Quand Hanoï a accueilli le sommet de la Francophonie en 1997, Paris ambitionnait de former 5% d'une classe d'âge de francophones. Un but démesuré. Depuis, la stratégie a été repensée. La langue française est certes devenue un instrument politique de lutte contre le rouleau compresseur anglo-saxon, mais elle se construit non plus en opposition mais en complément de l'anglais. L'Organisation internationale de la francophonie (OIF) estime à au maximum 500.000 le nombre de francophones dans ce pays de plus de 82 millions d'habitants. Soit 0,6% de la population.

Ninh Quynh Tram, 29 ans, se souvient avoir été placée d'office, en seconde, dans une classe où on enseignait le français. "L'anglais était à la mode. C'était un cauchemar", avoue-t-elle. Aujourd'hui, cette employée d'un cabinet d'architecte français est quasiment bilingue mais elle perfectionne son anglais. "Aujourd'hui, c'est assez facile de trouver un emploi si on maîtrise bien le français, mais on ne sait pas ce qui se passera dans 10 ans". Des enjeux désormais connus des acteurs de la francophonie. "Il y a un désir de francophonie au Vietnam", assure Stéphan Plumat, directeur régional de l'OIF. "Mais ce désir est fragile et ne sera consolidé que s'il reçoit une réponse adéquate de la part des partenaires francophones. Le français doit être une langue utile". Le responsable appelle de ses voeux une politique cohérente d'accueil des étudiants face à ce qu'il appelle la "concurrence sauvage de l'Australie, qui propose une offre d'études de qualité, pas chères et pas loin".

Plus de 17.000 étudiants vietnamiens fréquentent aujourd'hui 650 classes bilingues et environ 34.000 Vietnamiens apprennent le français comme deuxième langue vivante. En juin 2005, 3.800 étudiants vietnamiens étaient inscrits dans les universités françaises, selon l'ambassade de France à Hanoï. Le Vietnam est le deuxième pays asiatique pour l'envoi d'étudiants en France, après les 66.000 chinois.

Au ministère vietnamien de l'Education, on admet que les efforts de la francophonie sont plus importants que beaucoup d'autres langues. "La communauté francophone, dont la France, le Canada et la Belgique, soutiennent le développement (du français) et lui accordent des assistances pédagogiques, matérielles et financières concrètes", se réjouit Nguyen Thanh Huyen, en charge de la Francophonie au ministère. Reste à améliorer les débouchés. Beaucoup de "jeunes apprennent le français mais ne savent pas quoi faire à la fin de leurs études".

Par Didier Lauras - Agence France Presse - 20 Mars 2006


La Journée internationale de la Francophonie fêtée au Vietnam

HANOI - Solennelle et impressionnante, la cérémonie officielle de la Journée internationale de la Francophonie a été organisée lundi soir à l'Opéra de Hanoi, un "lieu prestigieux d'expression de la culture vietnamienne et des cultures du monde", comme l'a dit Stéphan Plumat, directeur du Bureau régional Asie-Pacifique de l'OIF. Comme chaque année, le 20 mars, le Vietnam, ainsi que les peuples des autres pays membres de la Francophonie et les amoureux de la langue française de par le monde, fêtent ensemble la Journée internationale de la Francophonie.

La soirée à Hanoi a été honorée de la présence des vice-ministres vietnamiens des Affaires étrangères, de la Culture et de l'Information, du Commerce, des représentants du groupe d'Ambassades, Délégations et Institutions francophones présentes au Vietnam. Le 20 mars de cette année est particulièrement relié aux activités de l'Année Senghor, défunt poète-président sénégalais, et aussi un grand promoteur de la création de la communauté francophone.

Au Vietnam, diverses activités sont organisées en célébration de l'Année Senghor, à savoir l'affichage sur les autobus de Hanoi du portrait de Senghor, l'émission d'un timbre-poste spécial à l'effigie de Senghor, la tenue de conférences-débats et la projection d'un film documentaire sur Senghor qui avait eu 100 ans cette année,... a dit le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères, Lê Van Bang. Ces activités "traduisent la volonté du Vietnam de mettre en oeuvre un volet important de sa politique extérieure qui consiste à développer les relations traditionnelles de solidarité, de coopération et d'amitié avec les pays africains amis", a confirmé M. Lê Bang.

Dans son discours, le vice-ministre a estimé que la Francophonie pourrait compter sur un engagement conséquent du Vietnam et continuerait de lui accorder des aides et financements utiles et efficaces, en vue de pérenniser les programmes de coopération visant au développement de l'environnement francophone au Vietnam. La cérémonie de célébration de la Francophonie a été l'occasion de dresser des bilans et de tracer des perspectives autour des grands enjeux identifiés par la communauté francophone mondiale, a affirmé M. S. Plumat.

Le directeur du Bureau régional Asie-Pacifique de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a saisi cette occasion pour remercier les autorités vietnamiennes pour "l'attention et l'appui qu'elles ont apporté, non seulement à l'occasion du 20 mars, mais aussi pour la promotion de la Francophonie". Il a également constaté qu'au Vietnam, "il y avait un désir fort et intense de français et de francophonie". Lors de la cérémonie, les lauréates d'un concours d'éloquence en français au Vietnam se sont vues attribuer une récompense. Cette fête a également été marquée par un concert de musique classique du duo canadien Similia, composés des jumelles Nadia (Flûte) et Annie Labrie (guitare).

Agence Vietnamienne d'Information - 20 Mars 2006


Tous ensemble pour développer le français au Vietnam

La Journée internationale de la Francophonie est toujours l'occasion pour redécouvrir son développement au Vietnam. Évaluations du directeur général du Bureau régional pour l'Asie et le Pacifique de l'OIF (Organisation internationale de la Francophonie), Stephan Plumat.

Que pensez-vous des réalisations de l'OIF au Vietnam l'année dernière ?
Au Vietnam, en 2005, nous avons continué à travailler à l'amélioration de l'enseignement du français tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif. Avec la Maison du droit vietnamo-française, nous avons mis en œuvre une série d'actions de formation continue destinées aux professionnels vietnamiens de la justice en accompagnement des réformes en cours dans ce domaine. Nous avons également initié avec le ministère du Commerce une collaboration pour renforcer les compétences du ministère en matières de négociations commerciales internationales. Dans le domaine de l'environnement, nous avons passé un accord avec Hô Chi Minh-Ville dans le domaine des économies d'énergie.

Quel est votre plan d'action pour l'année 2006 ?
En matière de langue française et de diversité culturelle, nous sommes en train de travailler à la formulation d'un grand projet régional multilatéral et multipartenarial qui réunit les ministères de l'Éducation du Vietnam, du Laos et du Cambodge avec les coopérations bilatérales de la France, de la Communauté française de Belgique, du Canada-Québec et aussi de l'AUF. Nous continuerons notre collaboration avec la Maison du droit vietnamo-française pour accompagner le Vietnam dans leurs réformes. Nous continuerons notre collaboration avec le ministère du Commerce dans le cadre de la gestion des dossiers liés à l'OMC. Avec le ministère des Finances, nous sommes en train d'étudier la meilleure façon de renforcer les capacités des entreprises publiques et privées pour accéder au marché de l'aide publique au développement. Nous suivrons le projet d'Économie d'énergie initié en fin 2005 avec Hô Chi Minh-Ville et nous porterons, bien sûr, une attention particulière au dossier de ratification de la Convention sur la protection de la diversité culturelle avec nos amis de la Commission nationale pour l'UNESCO et de la représentation permanente de l'UNESCO à Hanoi.

Pour développer le français et la Francophonie au Vietnam, le renforcement de l'enseignement du français et en français demeure-t-il indispensable ?
Oui, pour développer la Francophonie au Vietnam, l'enseignement du français sous toutes ses formes dont l'enseignement en français demeure indispensable. Les classes bilingues ont joué un rôle majeur pour la relance du français au Vietnam et elles ont permis de restructurer son enseignement. Mais nécessaires, elles ne sont pas suffisantes et elles doivent s'intégrer dans une offre complète d'enseignement du français, seule capable d'apporter au Vietnam, la masse critique de francophones dont il a besoin pour épanouir ses relations internationales vers le monde francophone et l'Afrique en particulier. Aujourd'hui, à l'heure où nous voulons tous ensemble, Vietnam, Laos, Cambodge, France, Communauté française de Belgique, Canada, Québec, AUF et OIF améliorer la qualité de l'enseignement du français et le promouvoir, les classes bilingue, ne fût-ce que parce qu'elle pourraient nous fournir le contingent nécessaire de professeurs de français de qualité, demeurent indispensables. Le projet régional, multilatéral et multipartenarial de valorisation de l'enseignement du français en Asie du Sud-Est devrait pouvoir le permettre.

Par Thu Hà Nguyên - Le Courrier du Vietnam - 20 Mars 2006