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C'est l'heure de l'autonomie universitaire ?

L'autonomie des universités est un sujet sensible, visant la relation entre l'État et ses établissements supérieurs. Autour de cette problématique, les opinions émises dans le milieu des chercheurs et enseignants s'avèrent convergentes, recevant même le soutien des autorités.

Jamais l'autonomie des universités n'avait été tant discutée dans le milieu de l'enseignement supérieur et de ses autorités. Un vif débat qui suscite de nombreuses questions : En quoi consiste l'autonomie des universités ? Quelles sont les conditions de cette autonomie ? Quelles sont ses limites? Déjà des réponses se dessinent. Les universités seront autonomes pour sélectionner leurs étudiants, recruter leur corps enseignant, élaborer et fixer le programme d'enseignement, gérer leur budget, déterminer l'orientation de leur développement, établir des relations avec les partenaires nationaux et internationaux. Les universités, en particulier les recteurs en charge de l'autonomie, devront prendre leur responsabilité vis-à-vis de la loi et de la société. L'autonomie des universités est un sujet sensible, visant la relation entre l'État et ses établissements supérieurs. Autour de cette problématique, les opinions émises dans le milieu des chercheurs et enseignants s'avèrent convergentes, recevant même le soutien des autorités.

Autonomie et responsabilité

"En 2007, les universités auront un début d'indépendance, notamment au niveau académique", fait savoir le ministre de l'Éducation et de la Formation, Nguyên Thiên Nhân. "Chaque université fondera ainsi un conseil supérieur d'éducation qui décidera du programme d'études", dévoile-t-il. "Les universités auront le droit de déterminer leur contingent d'étudiants en fonction du nombre d'enseignants et de leurs infrastructures", ajoute-t-il. Dans le même temps, les universités qui ont plus de pouvoir doivent prendre plus de responsabilités, affirme le ministre de l'Éducation et de la Formation, Nguyên Thiên Nhân. Il s'agit de la responsabilité vis-à-vis des dépenses financières, du programme d'enseignement, précise-t-il. Ainsi, les universités devront-elles rendre public leur budget et subiront des contrôles sur leur finance et leur programme, conformément aux règles déterminées par le ministère de l'Éducation et de la Formation. "Il faut exiger la transparence pour le développement durable", indique le ministre.

Entre autonomie académique et de gestion

L'autonomie universitaire, pour le vice-président de l'Université nationale de Hanoi, Vu Minh Giang, c'est une double autonomie, à la fois académique et de gestion. L'autonomie académique est nécessaire pour tous les chercheurs et enseignants. Ils ont besoin de liberté pour créer et travailler. Par contre, l'autonomie de gestion concerne directement les dirigeants. Cela inclut que ces derniers auront le pouvoir de décider de la sélection de leurs étudiants, du recrutement de leurs enseignants et de la gestion de leur budget.

L'autonomie de gestion est un problème de mécanisme, pas un problème humain. L'État et le gouvernement, à la manière d'un juge, devront avoir des experts pour établir les règlements. L'expérience internationale sera utile pour y parvenir, les pays développés ayant une longue tradition dans ce domaine. Le vice-président de l'Université nationale de Hanoi insiste sur le rôle de la société comme premier juge des universités. Ces dernières ont besoin d'affirmer leur prestige dans la société et seules les premières promotions diplômées seront les indicateurs de cette crédibilité.

Par Hoàng Hà - Le Courrier du Vietnam - 24 Décembre 2006


L'enseignement universitaire sur la voie de la mondialisation

Nouveau membre de l'OMC, le Vietnam ouvre ses portes tout en espérant des retombées positives. Mais là où beaucoup espèrent, un se fait de gros soucis. Car pour l'éducation vietnamienne, notamment ses universités, l'heure du renouveau a sonné. Au Vietnam, l'éducation est une priorité nationale. Le Parti et l'État sont d'ailleurs en ce moment au four et au moulin pour mobiliser toutes les sources vers un seul objectif : son développement. Traditionnellement respecté et au centre des préoccupations, l'enseignement universitaire joue un rôle majeur pour améliorer les connaissances nationales et la formation de ressources humaines qualifiées.

Vingt ans après le Renouveau, les universités ont réussi leur transition. Le nombre d'étudiants augmente de plus en plus, pour arriver à 1,39 million cette année, contre 1,02 million en 2003. En 2010, ce chiffre devrait atteindre 1,8 million. Au niveau des infrastructures, on recense 311 établissements universitaires, dont 11,5% privés. On constate aussi que la formation multisectorielle se développe davantage avec la naissance des Universités de Vinh, Quy Nhon (Centre) et Hai Phong (Nord), sans compter celles à l'échelon local (Hông Duc, Tây Bac et An Giang) et les écoles normales supérieures. La création de ces dernières offre un plus vaste panel d'opportunités pour les étudiants.

La coopération internationale sera le fer de lance de ce nouveau siècle. Considérée comme une stratégie dans le processus de réforme de l'éducation universitaire, elle permet au Vietnam de profiter des aides étrangères. Par exemple, la Banque mondiale a accordé 103 millions de dollars au projet d'amélioration des capacités de gestion pour l'éducation universitaire. La Banque asiatique pour le développement a financé à hauteur de 40 millions de dollars l'organisation des cours de recyclage pour les enseignants. De nombreux programmes de coopération bilatérale ont vu le jour ces dernières années. Citons ici les projets de formation des professeurs d'anglais ou des ingénieurs d'excellence, en collaboration avec la France, la Suède, le Canada et la Corée du Sud. En Asie du Sud-Est, le Vietnam coopère étroitement avec le réseau universitaire des pays aséanniens. À ce jour, l'éducation vietnamienne pour le troisième cycle a établi des relations avec près de 70 pays, 19 organisations internationales et 70 ONG.

Opportunités et défis

Alors que se poursuivait tranquillement ce développement, voilà que l'entrée à l'OMC change radicalement la donne. Aujourd'hui, la concurrence fait son apparition dans un secteur qui a de tous temps été protégé. "Avec l'espoir d'attirer les investissements étrangers dans l'éducation universitaire, le Vietnam envisage de nouvelles chances pour développer ce domaine. Parallèlement, il fera face à une concurrence accrue qui obligera les établissements universitaires à améliorer la qualité et l'efficacité de la formation. Les engagements à l'égard de l'OMC mettent cet enseignement devant de grands défis", indique Pham Gia Khiêm, vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et vice-président du Conseil national de l'éducation.

Membre de l'OMC, le Vietnam a la chance d'avoir accès aux connaissances et expériences d'autres pays développés. L'investissement étranger devrait accélérer la réforme de son enseignement universitaire. Selon l'UNICEF, 90% des élèves vietnamiens souhaitent entrer dans une université, mais seulement 10% y parviennent. L'ouverture du secteur permettrait de créer les conditions favorables pour qu'un plus grand nombre puisse faire des études supérieures. Les établissements universitaires sont cependant conscients de leurs lacunes face à une éventuelle concurrence étrangère. D'ici peu, ils feront face à une demande plus élevée sur la qualité. Selon beaucoup d'experts étrangers, les établissements privés sont les plus concernés, sujets à une double menace : fermer leurs portes ou céder la place aux universités étrangères. La raison est simple, tandis que les écoles supérieures publiques bénéficient des assistances financières de l'État et disposent de liens étroits avec des établissements étrangers, les instituts privés se débrouillent seuls. "L'unique solution, les écoles privées doivent améliorer leur capacité de concurrence. L'État doit aussi investir davantage dans le développement de ces établissements", fait remarquer le professeur Pham Dô Tiên Nhât, du ministère de l'Éducation et de la Formation. D'ici 2010, le gouvernement envisage que 40% des étudiants y fassent leurs études, insiste Bành Tiên Long, vice-ministre dudit ministère.

Quant aux jeunes, l'OMC est un gage d'opportunité dans le choix de leurs écoles et l'accès à des programmes modernes d'enseignement... Cependant, la concurrence est chez eux aussi acharnée. Afin de s'affirmer dans sa mondialisation, l'éducation vietnamienne poursuit sa réforme pour rattraper les pays régionaux en 2020, privilégier les investissements dans les écoles de pointe, surtout ses 2 Universités nationales de Hanoi et Hô Chi Minh-Ville. Enfin, le projet de construire un établissement universitaire aux normes internationales montre la volonté du pays de réussir dans cette nouvelle orientation.

L'enseignement supérieur, de sa naissance au Renouveau

Historiquement, le Van Miêu-Quôc Tu Giam, considérée comme la première Université nationale du Vietnam, est née vers la fin du 11e siècle. Cependant, l'enseignement supérieur du Vietnam a été véritablement fondé dans les années 50 du 20e siècle avec la naissance de grandes universités au Nord comme au Sud. À cette époque, l'enseignement supérieur vietnamien subit une grande influence de l'enseignement supérieur russe, de celui de France et de celui du confucianisme également. Ainsi, l'enseignement universitaire vietnamien est-il académique, élitiste et s'oriente vers la recherche. À l'entrée de la décennie 1990, avec l'ouverture économique du pays, l'enseignement supérieur a fait une grande progression. Le nouveau visage de l'enseignement supérieur est esquissé, il s'ouvre avec un nombre d'étudiants de plus en plus élevé. Le système se diversifie avec la création d'universités privées, semi-publiques et ouvertes, le développement des programmes de formation dans le cadre de la coopération internationale, l'autorisation d'ouverture d'établissements à capital entièrement étranger, ou l'encouragement aux études effectuées à l'étranger... Aujourd'hui, le nombre d'étudiants des universités privées représente 11% du total national. Ce pourcentage devrait atteindre 40% en 2010, selon les prévisions. De la gratuité, l'enseignement supérieur est passé au système de frais d'études, y compris les universités publiques. En 2000, les frais d'études représentaient déjà 40% des recettes de ces établissements.

Par Luong Hoàng Giang - Le Courrier du Vietnam - 24 Décembre 2006