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Le président russe attendu samedi au Vietnam

MOSCOU - Le chef de l'Etat russe, Vladimir Poutine, arrivera samedi dans la capitale vietnamienne où il prendra part au sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique qui s'ouvre aujourd'hui à Hanoi. Cette fois encore le sommet de Hanoi sera l'occasion de nombreux contacts bilatéraux. Vladimir Poutine mènera des pourparlers avec le président des Etats-Unis, George W. Bush, avec lequel il s'était déjà entretenu cette semaine à Moscou. Il rencontrera également le président chinois, Hu Jintao, le nouveau premier ministre japonais, Shinzo Abe, et le président sud-coréen, Roh Moo-hyun.

Le Forum de coopération Asie-Pacifique (APEC) est une grande organisation mondiale de coopération économique. La population globale des Etats qui en sont membres dépasse deux milliards et demi d'habitants. Le PIB de ces pays se chiffre à 19.000 milliards de dollars. Les membres de l'APEC sont l'Australie, Brunei, le Canada, le Chili, la Chine, la République de Corée, les Etats-Unis, Hongkong, l'Indonésie, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Pérou, les Philippines, la Russie, Singapour, la Thaïlande, Taiwan et le Vietnam.

Après la session plénière les leaders de l'APEC rencontreront les membres du Conseil consultatif des gens d'affaires (CCGA). Les pays de l'APEC y sont représentés chacun par trois personnes. Les représentants de la Russie sont le président de la Vneshtorgbank, Andreï Kostine, le vice-président du conseil d'administration de Gazprom, Alexandre Medvedev, et le président du conseil des directeurs de Rouski aluminii, Oleg Deripaska. Le CCGA a été créé au mois de novembre 1995 pour améliorer la coopération du forum avec les milieux d'affaires qui sont considérés comme la principale force motrice du développement économique de la région Asie-Pacifique.

Dans le cadre du forum de l'OPEC le président russe est accompagné du ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, de son assistant Sergueï Prikhodko, du ministre du Développement économique et du commerce, Guerman Gref, du président du comité international de la Douma, Konstantin Kossatchev, des gouverneurs des territoires de Khabarovsk et du Primorié, respectivement Viktor Ichaev et Sergueï Darkine, et de plusieurs hommes d'affaires.

Lundi, 20 novembre, le président russe entamera une visite officielle au Vietnam. Ce jour-là il s'entretiendra avec son homologue vietnamien, Tran Duc Luong. Plusieurs documents devraient être signés à l'issue des pourparlers russo-vietnamiens. Lundi dans la soirée le président vietnamien offrira un dîner en l'honneur de Vladimir Poutine, après quoi le chef de l'Etat russe quittera le Vietnam.

RIA Novosti - 18 Novembre 2006


Vietnam : une leçon à retenir pour l'Irak

Le président américain George W. Bush doit participer au sommet de l'Organisation de coopération économique de l'Asie-Pacifique (APEC) qui aura lieu les 18 et 19 novembre au Vietnam où les Etats-Unis ont essuyé une défaite militaire il y a plus de 30 ans. Ce voyage intervient aussitôt après l'échec républicain aux élections législatives, échec qui s'expliquerait par une autre défaite américaine, cette fois-ci en Irak.

Que deviendra l'Amérique après la guerre en Irak? En regardant l'attitude actuelle des Vietnamiens à l'égard des Américains et l'état des rapports américano-vietnamiens, on pourrait faire des pronostics, sous réserve de toutes les rectifications qui s'imposent. Il est clair que le Vietnam n'est pas l'Irak, y compris parce que les pertes américaines en Irak viennent seulement de dépasser la barre des 3.000 personnes. Au Vietnam, les statistiques des pertes américaines sont différentes: entre 58.000 et 60.000 soldats (chiffres qui ne correspondent pas forcément aux données officielles américaines). Quant aux pertes militaires et, tout particulièrement, civiles parmi les Vietnamiens et les Irakiens, on parle dans les deux cas de dizaines de milliers, voire, selon certaines données, de centaines de milliers de personnes pour l'Irak. Sans oublier la destruction des infrastructures et le délabrement économique général.

Dans les années 1970, personne n'attendait de la part des Vietnamiens une quelconque sympathie pour les Américains, comme c'est le cas aujourd'hui de l'Irak (toujours occupé par les Etats-Unis). Cependant, George W. Bush arrive à la fin de cette semaine à Hanoi qui a déjà reçu en 2000 une visite de son prédécesseur Bill Clinton. Rappelons qu'un quart de siècle a séparé le départ des Américains de Saigon et la visite de Bill Clinton. Or, même aujourd'hui tout ce qui est lié à cette guerre et aux relations avec les Etats-Unis suscite tant d'émotions que les experts interrogés à Hanoi par RIA Novosti ont préféré garder l'anonymat.

Le point final dans cette guerre a été mis non pas avec l'arrivée de Bill Clinton, mais plus tôt, en 1995, quand les relations diplomatiques avec les Etats-Unis ont été rétablies, a indiqué un haut responsable du gouvernement vietnamien. A cette époque, d'après lui, Hanoi a fermement décidé de "laisser le passé dans le passé et de regarder vers l'avenir tout en développant des relations de partenariat avec tous les pays du monde".

Un politologue interviewé par RIA Novosti n'a pas pu fournir, à défaut de sondages, de statistiques comparatives exactes sur l'évolution de l'attitude des Vietnamiens à l'égard des Américains dans les années 1970, 1990 et aujourd'hui. Mais il semble difficilement concevable que les habitants de ce pays aient pu oublier le passé. La guerre a touché chaque famille, et ses répercussions se font sentir jusqu'à présent. Le politologue, lui-même ancien combattant, fut parmi ceux qui ont subi l'impact du fameux "agent orange", un défoliant américain qui a eu des effets génétiques sur les soldats vietnamiens, mais aussi américains. Cet ancien combattant raconte qu'il s'est fait beaucoup de mauvais sang lors de la naissance de sa fille, même chose pour sa petite-fille. Il a eu de la chance: les deux enfants sont nés sans malformations congénitales. D'autres familles ont eu moins de chance, alors même qu'il s'agit, soulignons-le, de la troisième génération consécutive.

En attendant la visite du chef de la Maison blanche en 2000, la plupart des habitants de Hanoi étaient curieux de voir à quoi ressemble le président du pays le plus riche du monde. Le plus "riche", mais pas le plus "fort": les Vietnamiens en savent long sur la force des Américains. Mais ils étaient davantage préoccupés par la reconstruction économique du pays. L'Amérique est actuellement l'un des principaux partenaires économiques du Vietnam, reconnaît une source gouvernementale, grâce notamment aux investissements américains dans les secteurs alimentaire et textile qui approvisionnent avant tout le marché américain.

Dans cette guerre qui s'est terminée il y a plus de trente ans, le Vietnam fut aidé essentiellement de la Chine et de l'URSS. La Chine est aussi un important partenaire commercial de Hanoi: le chiffre d'affaires des échanges sino-vietnamiens doit atteindre 10 milliards de dollars en 2006, mais Pékin reste très en retard sur les Etats-Unis et l'Union européenne sur le plan des investissements. La Russie occupe une position importante (mais non monopolistique) dans la production de pétrole au Vietnam et mène des recherches conjointes dans les secteurs de pointe, par exemple les biotechnologies. Toutefois, le chiffre d'affaires des échanges avec la Russie est dix fois moins élevé qu'avec la Chine. Les réalités économiques restent prioritaires pour ce pays qui a connu le délabrement de l'après-guerre.

Enfin, George W. Bush arrive au Vietnam moins en tant que président des Etats-Unis que comme l'un des vingt dirigeants de l'APEC. Cette organisation a été fondée, entre autres, pour que la concurrence économique naturelle dans la région aille de pair avec la coopération régionale qui fait de l'Asie-Pacifique un espace économique commun. C'est aussi dans cette qualité que les leaders des pays qui aidèrent le Vietnam dans la guerre contre les Etats-Unis se rendent à Hanoi, notamment le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Hu Jintao. La croissance économique de la région est le fruit de leur coopération, même si pendant la guerre ils appartenaient à des camps différents.

Il est difficile de dire si l'on pourra observer quelque chose d'analogue à Bagdad dans un quart de siècle ou, qui sait, dans dix ans. On ignore si des anciens combattants américains déménageront en Irak, comme c'est le cas du Vietnam: soit des ex-GI américains viennent s'installer ici et créent des familles, soit ils aident à promouvoir les échanges américano-vietnamiens, soit ils accordent une assistance caritative aux Vietnamiens victimes des bombardements ou du fameux "agent orange".

Par Dmitri Kossyrev - RIA Novosti - 17 Novembre 2006