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Les Vietnamiens adoptent le commerce en ligne

Avec un père militaire et une mère enseignante, Nguyen Hoa Binh aurait dû se tourner vers une carrière dans le secteur public. Mais, depuis sa province de Ha Tay au nord de Hanoï, ce jeune Vietnamien de 25 ans a créé PeaceSoft, une /start-up/.

La société se spécialise dans le commerce sur internet et élabore des portails pour des entreprises et administrations. Dans un Vietnam désormais membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et qui attire des géants de la haute technologie tels qu'Intel ou Microsoft, l'idole n'est plus Ho Chi Minh mais Bill Gates.

«Si la majorité des gens préfèrent encore la vie stable et rassurante des grosses entreprises, il y a aussi de plus en plus de jeunes comme moi», explique Binh, le visage poupin constellé de tâches de rousseur. «Nés après la guerre, dans un Vietnam qui ouvrait enfin ses portes, nous sommes passionnés par les technologies de l'information et des communications (TIC) et prêts à prendre le risque de monter une société». Les deux-tiers des 83 millions de Vietnamiens ont moins de 30 ans et «ils pigent internet très vite», souligne Henry Nguyen, directeur général d'IDG Venture Vietnam (IDGVV), un fonds d'investissement à capitaux américains spécialisé dans l'internet.

Le nombre d'utilisateurs de la Toile est passé de 500 000 en 2000 à plus de 14 millions, et ceux de téléphones mobiles de 800 000 à 13,5 millions. Soit les plus fortes hausses de toute l'Asie-Pacifique, d'après une étude de la banque d'investissement Rothschild. Et ce n'est pas fini. Si la croissance oscille entre 7 et 8% par an, Rothschild estime que celle du marché TIC est de 20%. «Le secteur n'en est qu'à ses débuts», assure Nguyen Minh Hieu, un Hanoïen de 26 ans. «Il y a encore beaucoup d'opportunités pour que des PME se lancent et s'épanouissent».

Après deux ans à l'université de Sydney, ce fils de fonctionnaires a créé en avril dernier DreamViet, un site de consommation comparative. Il a observé avec envie le mois dernier le géant américain Intel injecter, avec Texas Pacific Group, la bagatelle de 36,5M$ dans le leader national du secteur, FPT. «Ce que FPT reçoit peut convaincre d'autres fonds de s'intéresser au Vietnam», espère-t-il. Car ces aventuriers de la Toile trouvent leurs soutiens non dans le secteur bancaire classique mais dans les fonds d'investissements, plus audacieux que des banques encore rafraîchies par des décennies de prêts insolvables.

Pour l'heure, ils passent encore pour des originaux et sont lourdement pénalisés par un système éducatif complètement inadapté et un cadre légal trop flou. «Il y a toujours besoin d'une autorisation et puis d'une autre. Et le cadre légal ne dit pas toujours oui ou non, alors les start-ups essaient des choses et croisent les doigts», explique Phan Cong Thanh, un Allemand d'origine vietnamienne de 29 ans, patron de Mobile Solution Services, qui vend des publicités pour téléphones portables, des sonneries et des fonds d'écran.

Nul n'en doute, le secteur ne cessera de croître et va se compliquer, avec l'arrivée des géants de la planète. Google, Yahoo, Microsoft s'intéressent désormais au pays. «Bien sûr, les PME locales risquent de se faire avaler. Mais elles ont l'avantage d'avoir un personnel jeune et d'être les premières sur le marché. Elles comprennent les attentes des clients locaux», souligne Thanh. Pour récolter une part de ce gâteau, les jeunes prennent exemple sur Bill Gates. En avril dernier, le patron de Microsoft avait été accueilli en gourou par des milliers d'étudiants dans la capitale communiste.

«C'est quelqu'un qui a su avoir du cran, un modèle pour beaucoup de jeunes», relève Hieu.

Agence France Presse - 27 Novembre 2006