Les Etats-Unis et le Vietnam parviennent à un accord sur l'OMC
WASHINGTON - Les Etats-Unis ont confirmé dimanche qu'ils étaient parvenus à un accord
bilatéral avec le Vietnam, qui doit faciliter l'entrée de leur ancien
ennemi de guerre à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Le représentant américain au Commerce Rob Portman a indiqué que l'accord
de principe, conclu au terme de près d'une semaine de pourparlers à
Washington, devrait réduire les barrières douanières vietnamiennes pour
un large éventail de produits industriels américains, agricoles et de
services.
Les Etats-Unis et le Vietnam avait déjà signé un accord commercial en
2001 mais devaient encore s'entendre sur de nouvelles mesures
d'ouverture du marché vietnamien pour que Washington appuient l'entrée
d'Hanoï au sein de l'OMC.
"C'est un très bon accord pour les Etats-Unis", a dit M. Portman dans un
communiqué, confirmant les informations de la presse vietnamienne
dimanche.
"Cet accord marque aussi une étape historique dans nos relations
bilatérales", a ajouté M. Portman.
"Le Vietnam reconnaît qu'une large réforme et une libéralisation
économique sont essentielles à son intégration dans l'économie mondiale.
Nous avons l'intention de travailler dur avec le Vietnam pour achever le
processus permettant son accès total à l'OMC dans un proche avenir",
a-t-il dit.
L'accord bilatéral sera signé "dans un proche avenir", une fois que les
consultations légales seront terminées, selon le communiqué de M.
Portman.
Selon le quotidien vietnamien Tuoi Tre, un responsable vietnamien à
Washington a précisé que cette signature pourrait intervenir début juin,
lors d'une réunion des ministres du Commerce du Forum de coopération
économique Asie-Pacifique (Apec).
Le pays communiste, qui a entamé en 1986 sa transition vers l'économie
de marché, souhaite rejoindre l'OMC avant d'accueillir le sommet de
l'Apec, en novembre.
Après l'accord signé en avril avec le Mexique, les Etats-Unis étaient le
dernier pays avec lequel Hanoï devait conclure des négociations
bilatérales pour accéder au temple du commerce mondial.
Mais le prochain obstacle à franchir sera d'obtenir le statut permanent
de la Nation la plus favorisée (PNTR) par le Congrès américain, où la
situation des droits de l'Homme au Vietnam pourrait être examinée de
près.
La Chambre de commerce américaine s'est félicité dimanche de cet accord
de principe, affirmant qu'il "va dynamiser les échanges et les
investissements bilatéraux entre les deux pays".
Selon la Chambre de commerce, ceux-ci ont dépassé 7,6 milliards de
dollars en 2005 soit cinq fois plus qu'au moment de l'entrée en vigueur
de l'accord de 2001.
Lors d'une conférence téléphonique, un responsable américain a indiqué
que la question de l'importation au Vietnam de motos américaines
Harley-Davidson avait été évoquée lors des discussions après la décision
récente des autorités vietnamiennes d'autoriser l'importation de motos
de grosse cylindrée.
"Nous avons travaillé avec les Vietnamiens pour tenter de répondre aux
questions soulevées par la levée en mai des limitations imposées à
l'importation de grosses motos", a indiqué ce responsable qui
s'exprimait sous le couvert de l'anonymat.
"C'est une occasion pour Harley-Davidson de vendre sur ce marché et nous
devons résoudre plusieurs problèmes qu'il s'agisse de la distribution ou
d'autres formes de tarifs douaniers", a-t-il souligné.
"Je pense que c'est un exemple qui montre ce que les Vietnamiens peuvent
faire pour montrer qu'ils utilisent ces motos de façon responsable. Les
autorités examinent actuellement comment quelqu'un obtiendra un permis
pour conduire une Harley et toutes les questions liées à la sécurité qui
les préoccupent", a encore ajouté ce responsable américain.
Agence France Presse - 14 Mai 2006
Le Vietnam dans l'antichambre de l'OMC
En dépit d'une libéralisation à marche forcée pour pouvoir rejoindre
l'Organisation mondiale du commerce, Hanoï butait sur l'opposition des
Etats-Unis.
Les Etats-Unis ont, enfin, conclu ce week-end un accord commercial
bilatéral avec le Vietnam qui lui permettra de rejoindre l'Organisation
mondiale du commerce (OMC) dans un avenir proche.
Cette conclusion heureuse l'est à double titre. D'abord parce que le
Vietnam frappe depuis longtemps à la porte de l'institution genevoise,
qu'il espérait idéalement rejoindre avant la fin de l'année 2005. Mais,
pour ce faire, il fallait l'aval des 149 membres. Ce que Hanoï avait, grâce
à des accords donnant-donnant, réussi à négocier avec tout le monde... sauf
avec les Etats-Unis. Washington bloquait en particulier sur des tarifs
douaniers qu'il jugeait trop élevés dans les services, l'agriculture, les
produits industriels et autres télécommunications. Ensuite, cet accord est
positif, puisqu'il met, sur le papier du moins, un terme à une inimitié
vieille de trente ans, reliquat de la guerre.
Les barrières sur un large éventail de produits devraient donc être
réduites, ce dont s'est félicité Washington qui voit là une occasion de
«dynamiser les échanges et les investissements bilatéraux entre les deux
pays». Lesquels dépassaient déjà les 7,6 milliards de dollars en 2005, soit
cinq fois plus qu'il y a cinq ans.
La société de consommation émerge
Hanoï qui travaille dur, à grand renfort de réformes, depuis 1986 à sa
transition vers une économie de marché, son fameux «Doi Moi», souhaite
intégrer l'OMC d'ici au mois de novembre. Date à laquelle il accueillera le
président George Bush pour le sommet annuel de l'Apec (Forum de la
coopération Asie-Pacifique qui regroupe 21 pays).
Bien que des incertitudes, en particulier sociales, demeurent dans ce
Vietnam communiste, les Etats-Unis comme le reste des pays occidentaux, ont
de toute façon intérêt à en faire un allié dans la grande boucle du
commerce mondial. La croissance de 8,4% en 2005 et cette société de
consommation qui émerge font espérer une dynamique durable dans le pays.
D'autant plus que le Vietnam, aux yeux d'un nombre grandissant d'opérateurs
économiques, est une bonne alternative à la Chine, jugée parfois trop
tentaculaire.
Le «dossier vietnamien» bouclé, reste à savoir si Washington donnera
maintenant à Moscou le feu vert qu'elle attend depuis... 1993 pour
rejoindre l'OMC.
Par Sixtine Léon-Dufour - Le Figaro - 16 Mai 2006
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