Boire du vin, une nouvelle passion des Saïgonais
HO CHI MINH VILLE - Avec l'amélioration de leur niveau de vie, les Saïgonais sont de plus en plus amateurs de vins : vins de table, de pays, appellations contrôlées ou grands crus, tout est bon pour faire honneur à Bacchus.
La France est connue comme étant une grande terre vinicole. Si, depuis très longtemps, les vins français dominent le marché vietnamien, ils sont confrontés depuis peu à l'arrivée de vins étrangers : Italie, Espagne, Hongrie, Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, Chili, Argentine, Afrique du Sud...
Selon des statistiques des Douanes françaises, quelque 22.800 hectolitres de vins français ont été exportés au Vietnam en 2000, pour une valeur de plus de 5 millions d'euros. Et la tendance est très nettement à la hausse, selon la Société française pour l'extension des produits agroalimentaires (Sopexa).
Pour Youri Korsakoff, directeur de la compagnie Ample, spécialisée dans l'importation de vins au Vietnam, c'est le développement de l'économie vietnamienne qui explique ce nouveau phénomène de société.
Ainsi, il est devenu inconcevable à Hô Chi Minh-Ville, lors de réceptions avec des hôtes étrangers, de ne pas servir de vin. Et puis, avec l'augmentation du pouvoir d'achat des Saïgonais, de nouveaux besoins sont nés. En tête, celui de faire plaisir et de consommer. L'achat de vin augmente ainsi de 7 % à 10 % chaque année. Les gros amateurs peuvent acheter beaucoup de bouteilles pour enrichir leur cave, par snobisme ou réelle passion.
Actuellement, les vins français occupent 70 % des parts de marché au Vietnam. Trente-six distributeurs sont recensés dans le pays, contre 16 en 1999. Pour les vins américains, le pays compte 14 distributeurs, contre deux en 1999.
À Hô Chi Minh-Ville, le prix d'une bouteille de vin de pays - 80 % des ventes dans la ville - oscille entre 4 et 7 dollars (63.000-110.000 dôngs). Comptez 8 à 14 dollars pour une qualité supérieure (de 126.000 à 220.000 dôngs). La cave Warehouse (rue Pasteur, arrondissement I) abrite plus de 200 types de vins français et une vingtaine de champagnes. De 110.000 dôngs pour un "Georges Duboeuf", jusqu'à 6,2 millions de dôngs pour un "Château Latour-Pauillac cuvée 1988". La plupart des vins français vendus ici sont des Bordeaux, d'un prix moyen de 154.000 dôngs. Il y a aussi une centaine de vins d'Australie (185.000-200.000 dôngs), une vingtaine des États-Unis (160.000-180.000 dôngs), une quinzaine du Chili (160.000-200.000 dôngs)...
Environ 60 % des clients de Warehouse sont Asiatiques (20 % Vietnamiens), les 40 % restants étant Européens et Américains. Le consommateur vietnamien typique est quadra ou quinquagénaire. Les moins de 30 ans sont de piètres adeptes du culte de Bacchus - mais non de joyeuses libations ! -, laissant cette nouvelle lubie à leurs parents.
Le plus souvent, les habitants de Ho Chi Minh-Ville jettent leur dévolu sur des vins à bas prix. Mais les vrais amateurs n'hésitent pas à dépenser des millions de dôngs pour de grands crus. D'autres encore ont un faible pour les vins du Chili, d'Australie, des États-Unis ou d'Afrique du Sud.
Tous les professionnels de la restauration et de l'hôtellerie ont remarqué une recrudescence de la consommation de vins. Selon Duong Minh Ninh, sous-directeur de l'hôtel Majestic, le vin a remplacé la bière lors des grandes réceptions. Il souligne que dans son établissement, 65 % des clients optent pour les vins français, 30 % pour ceux d'Australie et des États-Unis, et 5 % pour les vins du Chili et d'Italie.
Agence Vietnamienne d'Information - 17 Juillet 2005
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