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Une figure du bouddhisme au coeur des querelles politiques vietnamiennes

HANOI - A l'ombre d'un grand longanier, dans une pagode de Hanoï, un vieux moine professe ses vérités. Après 38 ans d'exil, Thich Nhat Hanh, une figure internationale du bouddhisme, est revenu au Vietnam au coeur d'une tempête religieuse et politique. "Mon voyage n'est pas politique", assure le bonze, tout de marron vêtu. Mais son discours dit l'inverse. "Les conditions étaient réunies pour qu'une telle visite soit possible", admet-il lors d'un entretien avec l'AFP, entouré d'officiels très attentifs.

A la tête d'une délégation de quelque 200 adeptes, principalement français et américains, il effectue un séjour de trois mois dans un pays qu'il a quitté en 1967 et où ses ouvrages ont longtemps été interdits. "Il y avait de la peur et de la suspicion. Il a fallu beaucoup de communication pour enlever les perceptions erronées", explique le moine âgé de 78 ans. "On respire mieux depuis quelques années".

Au Vietnam, certains bouddhistes respirent pourtant fort mal. L'Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV) est interdite depuis 1981 pour avoir refusé de se soumettre, comme toutes les églises du pays sont tenues de le faire, à la tutelle du Parti communiste vietnamien. Depuis, ses deux plus hauts dirigeants ont passé la plupart de leur temps en prison ou en résidence surveillée. Thich Huyen Quang, 87 ans, et son second Thich Quang Do, 76 ans, sont aujourd'hui accusés de "possession de secrets d'Etat" et confinés dans deux pagodes distinctes.

"Nous voulons pratiquer une écoute profonde pour comprendre la réalité", explique Hanh dans un français parfait. "Notre politique est d'écouter tout le monde, les bouddhistes qui ne sont pas heureux et les agents gouvernementaux qui ont des difficultés". Lundi, le moine s'est entretenu avec des membres de la commission des Affaires religieuses, le très conservateur organe du gouvernement en charge des affaires culturelles et religieuses. "Je leur ai demandé de la patience" avec l'EBUV dit-il, armé d'un sourire débonnaire. "Quelques fois, il faut des mois pour s'assoir et se parler". Pourra-t-il s'entretenir avec des membres de l'église dissidente ? "Je l'espère", assure-t-il. Il répète: "notre ennemi, c'est la discrimination et la peur".

Contraint à l'exil en 1967 par le régime pro-américain du sud-Vietnam, il avait obtenu l'asile en France où il enseignait à l'université de la Sorbonne. En 1982, il s'est installé dans le sud-ouest de la France et a fondé une nouvelle communauté, le Village des Pruniers. Auteur d'une centaine d'ouvrages, il prône un bouddhisme renouvelé, soucieux de séduire les jeunes et les protéger du matérialisme.

Mais pour le Bureau international d'information bouddhiste (IBIB), bras de communication de l'EBUV basé à Paris, sa visite est un pacte diabolique avec la dictature communiste. En partant de Paris, une proche de Hanh avait accusé certains groupes religieux interdits de dissimuler "les drapeaux de l'ancien régime" du sud-Vietnam. Un commentaire très mal vécu par l'IBIB. "Thich Nhat Hanh fournit au régime vietnamien un argument de propagande précieux. Mais il ne fait rien pour la liberté religieuse (...)", estime Vo Van Ai, président de l'IBIB et ennemi juré du régime de Hanoï.

"C'est une façon de regarder", répond le vieil homme. Il n'en dira pas plus. "C'est aux politiciens et aux journalistes de dire si il y a assez de libertés religieuses au Vietnam. Vous pouvez juger par vous même sans avoir besoin d'une déclaration de notre part".

Agence France Presse - 18 Janvier 2005


Thich Nhat Hanh apprécie la politique d'ouverture du Vietnam

HANOI - La création des conditions favorables par l'Etat vietnamien à la visite au Vietnam de la délégation internationale des bouddhistes a affirmé la politique d'ouverture du Vietnam à l'égard de la croyance et de la religion. Le bonze supérieur Thich Nhat Hanh a ainsi affirmé, lors d'une rencontre lundi avec le Comité des Affaires religieuses du gouvernement.

Prenant la parole à cette occasion, le chef du Comité des Affaires religieuses du gouvernement Ngo Yen Thi a souligné que le Parti et l'Etat vietnamiens respectent toujours et assurent le droit de la liberté de croyance et de religion du peuple, assurent la pratique des activités religieuses conformément à la Loi, ne cessent de veiller au développement socio-économique, créent des conditions favorables aux religieux et aux dignitaires pour bien pratiquer leur religion, et bien servir la Patrie. Les bonzes, bonzesses et les fidèles du Vietnam dans et hors du pays conjuguent les efforts, de concert avec la nation et l'Eglise bouddhique du Vietnam, pour surmonter tous les difficultés et relever les défis, afin d'intégrer à la communauté internationale.

Le retour du bonze supérieur Thich Nhat Hanh contribue à développer l'école bouddhique Zen au Vietnam, et à rendre plus prospère le bouddhisme du Vietnam en général, a estimé Ngo Yen Thi. L'école Zen du bouddhisme se développe dans plusieurs localités du Vietnam. Plusieurs établissements de cette école se développent à Quang Ninh, Vinh Phuc, Lam Dong, selon Ngo Yen Thi. Il a espéré que la visite du bonze supérieur Thich Nhat Hanh pourrait apporter de nouveaux caractères au bouddhisme du Vietnam.

Pour sa part, le Vénérable Thich Nhat Hanh a souligné que le but de la délégation internationale des bouddhistes au Vietnam est d'écouter, comprendre mieux la situation du pays, transmettre l'esprit de l'école Zen du bouddhisme aux bonzes et bonzesses du pays, ce pour contribuer à valoriser l'enseignement du dharma bouddhique au Vietnam. Le même jour, le bonze supérieur Thich Nhat Hanh et sa suite sont venus saluer le Vénérable Thich Tam Tich, Supérieur de l'Eglise bouddhique du Vietnam, et les dignitaires de l'EBV à la pagode de Quan Su à Hanoi. Au nom de l'Eglise bouddhique du Vietnam, le Vénérable Thich Thanh Tu, vice-président permanent du Conseil d'administration, directeur de l'Institut des études bouddhiques du Vietnam à Hanoi, a salué le retour du Vénérable Thich Nhat Hanh après 40 ans, en le considérant comme le retour au bercail.

Le Vénérable Thich Thanh Tu a également présenté les activités de l'Eglise bouddhique du Vietnam avec la devise "Dharma-nation-socialisme". Il a exprimé son souhait que le Vénérable Thich Nhat Hanh et sa suite entreprennent des actions concrètes, mettant en valeur la tradition d'aide au pays et de bienveillance à la population, de concorde nationale que préconise le bouddhisme.

De son côté, le Vénérable Thich Nhat Hanh a remercié l'Eglise bouddhique du Vietnam pour le soutien à la réalisation de son rêve de revenir au pays natal et à la rencontre avec les dignitaires vietnamiens.

Agence Vietnamienne d'Information - 17 Janvier 2005