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Le retour au Vietnam de Thich Nhat Hahn, moine bouddhiste exilé près de 40 ans

"Le Vietnam que j'ai quitté il y a près de 40 ans n'est plus là". A l'heure de partir retrouver son pays natal, Thich Nhat Hahn, figure internationale du bouddhisme en exil depuis 38 ans, est souriant et quelque peu fataliste. "La chose n'est pas simple", dit-il. "Je vais devoir écouter en profondeur, je serai entouré pour cela de 200 personnes entraînées pour l'écoute profonde". Exclu du pays en 1967 et accueilli par la France, le moine bouddhiste est le guide de milliers de fidèles.

Dans les couloirs du terminal 2C de l'aéroport de Roissy, quelques dizaines d'entre eux, vêtus de robes marrons, la tête souvent rasée, parfois coiffés d'un bonnet, méditent ou pratiquent des exercices d'assouplissement avant de prendre l'avion. La soeur Chân Không, fidèle assistante du moine, qui l'accompagne depuis 1960, tient à mettre les choses au clair: "Nous avons l'ambition d'apporter la paix dans les coeurs, pas l'ambition de prendre le pouvoir". Lorsqu'on lui demande pourquoi, selon elle, certains mouvements religieux sont interdits au Vietnam, la réponse de cette femme frêle et souriante est nette: "derrière certaines de ces églises sont cachés les drapeaux de l'ancien régime. Nous, nous n'avons aucune ambition politique".

Dans une petite salle de repos, le moine, appelé affectueusement "Thây" (maître) par ses fidèles, ancien président de la délégation bouddhiste lors des négociations des accords de paix à Paris en 1973, avale une collation et boit du thé, avant de répondre à quelques dernières questions et d'embarquer. Lui, dont les livres "sont publiés dans tous les pays, y compris la Chine communiste", espère "dissiper les doutes, la peur" des autorités concernant son église et projette, durant les 3 prochains mois que durera son voyage, de dispenser ses enseignements dans les grandes villes du pays et d'aider à établir des centres de pratique bouddhique au Vietnam.

En 1982, il s'est installé dans le sud-ouest de la France et a fondé une nouvelle communauté, le Village des Pruniers, qui est à la fois un monastère religieux et un centre de pratique pour les laïcs. En tout, 100 fidèles et 100 laïcs, notamment de France et des Etats-Unis, doivent l'accompagner à Hanoï.

Thich Nhat Hanh n'appartient pas à l'Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV), interdite au Vietnam depuis 1981 pour avoir refusé de se soumettre à l'autorité du Parti communiste vietnamien, et qui fait l'objet depuis un an d'une intensification de la répression du régime. Selon certains membres de son entourage, le retour, même temporaire, à Hanoï de cette figure internationale du bouddhisme, s'inscrit dans la volonté d'ouverture économique du Vietnam.

Agence France Presse - 11 Janvier 2005.