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L'industrie du textile au Vietnam dans l'expectative face au cas chinois

Le Vietnam observe avec anxiété la Chine tenter de régler son conflit sur le textile avec les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), conscient qu'il aura du mal à tirer son épingle du jeu et qu'il lui faut avant tout améliorer rapidement l'efficacité de sa propre industrie. La crise mondiale ne pouvait laisser indifférent un pays qui a exporté en 2004 pour 4,3 milliards de dollars de textile et vêtements, dont 2,4 milliards vers les Etats-Unis et 726 millions vers l'Union européenne.

Fin avril, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, avait demandé à Hanoï aux gouvernements d'Asie du sud-est s'ils avaient souffert des exportations de textile chinois. »C'est une question qu'on analyse en profondeur avec les Vietnamiens», confirme un diplomate européen. Depuis janvier, les exportations vietnamiennes n'ont pas vraiment souffert, selon les statistiques officielles. Mais les autorités vietnamiennes »savent qu'un effort supplémentaire est nécessaire pour améliorer leur propre compétitivité», ajoute le diplomate.

L'UE a levé le 1er janvier les quotas de textile sur le Vietnam, qui pourrait donc en théorie profiter de restrictions sur la Chine. Mais le Vietnam, soulignent les experts, ne doit compter que sur lui même. »Nous conseillons aux Vietnamiens de ne pas parier sur la politique des autres pays», indique un analyste étranger. »De la même façon, nous leur disons: ne comptez pas sur les punitions contre la Chine pour améliorer votre industrie textile». Une opinion partagée par Le Van Dao, secrétaire général de Vitas, qui regroupe les producteurs de textile vietnamiens. »Les vêtements chinois sont très bon marchés car la Chine a les matières premières et une énorme main d'oeuvre», note-t-il.

A l'inverse, »le Vietnam doit importer entre 80 et 90 % de ses matières premières et produits chimiques. Nous devons donc rester très vigilants, améliorer nos produits et notre compétitivité», ajoute-t-il. La problématique est encore plus complexe pour le marché américain. Les Etats-Unis n'ont pas levé leurs quotas sur le textile vietnamien et ne le feront pas tant que le pays communiste ne sera pas membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les exportations vietnamiennes aux Etats-Unis resteront donc limitées, quelle que soit l'issue du cas chinois. Ces quotas, mêlés à l'absence de matières premières, rendent le pays peu attractif pour les acheteurs.

»Le Vietnam n'est pas la priorité numéro un pour prendre des commandes», résume un opérateur américain. En attendant l'entrée de leur pays dans l'OMC, les producteurs vietnamiens regardent avec angoisse les flux à la frontière chinoise, craignant par dessus tout que Pékin, confrontée à des restrictions, choisisse de se tourner vers d'autres marchés de la région pour écouler ses produits. La frontière sino-vietnamo est à ce titre plus que poreuse.

»Bien sûr, nous avons peur des produits chinois», relève Nguyen Khanh Son, directeur général de l'entreprise d'Etat Hanosimex. Si les producteurs chinois sont limités dans leurs exportations aux Etats-Unis, »ils essaieront de vendre leurs produits dans d'autres pays», ajoute-t-il. »La question dépendra de la capacité du Vietnam à contrôler» les importations. A terme, le secteur doit se préparer pour une compétition accrue, ce qui suppose, selon les analystes, une modernisation de l'appareil productif et un resserrement du nombre des acteurs. Pour l'opérateur américain, il n'y a qu'une option: »garder les (producteurs les plus) forts et laisser les autres choisir entre fusionner avec eux ou sortir du jeu».

Tageblatt (.lu) - 29 Mai 2005