Les vestiges historiques de Con Dao à l'épreuve du temps
L'archipel Côn Dao, de sinistre mémoire sous son nom français Poulo-Condor, province méridionale de Bà Ria - Vung Tàu, possède de riches vestiges historiques. Malgré sa valeur historique, le site se dégrade gravement.
Situé à 90 miles marin au sud-est de la station balnéaire de Vung Tàu, l'archipel Côn Dao est étroitement lié à la lutte pour l'indépendance nationale. Là bas, cellules, arbres, éperons rocheux, tombeaux résonnent des clameurs de la résistance et de la véhémence des gardiens. Mais aujourd'hui, le site se trouve fortement endommagé.
La prison Phu Hai, construite en 1862, est l'une des plus imposantes que compte Côn Dao. Composée de dix salles de détention, 20 cellules et d'une chambre spéciale, elle a accueilli des milliers de révolutionnaires. Dans un état de relative désuétude, elle s'est déjà écroulée à deux reprises au cours de ces dernières années.
La prison Phu Son connaît le même sort. Trois salles de garde collective, 14 cellules, des salles de torture. Ici, les tuiles sont abîmées, les murs attaqués par des fourmis blanches. Plus rien ne reste dans ces salles, même les cages à tigres où les détenus politiques étaient torturés subissent les ravages du temps.
À 20 m de la plage, la maison de service fut construite vers la fin du XIXe siècle. Lieu de détente pour le personnel administratif de Côn Dao, elle hébergea d'illustres hôtes comme le compositeur français Camille Saint Saens qui lors de son séjour y achevant son opéra Brunehilda. Mais là encore, la résidence est laissée à l'abandon alors que depuis cinq ans elle n'a plus de toit. La liste pourrait encore s'allonger, la résidence du maire de l'archipel, le temple Yên Phi, la prison Phu Tuong étant eux aussi sous la menace de l'écroulement chaque fois qu'un vent un peu violent se lève.
Manque d'argent pour la restauration
Pendant 113 ans, depuis sa construction par les colonialistes français jusqu'à la libération du Sud, le 30 avril 1975, des dizaines de milliers de patriotes y furent confinés entre ses murs. Le feu secrétaire général du PCV, Lê Duân, a rappelé que Côn Dao était un grand vestige historique de la Patrie, à la fois symbole et école de la future génération. La conserver et la valoriser apparait comme une évidence. Mais faute d'argent, aucun travail de préservation n'est entrepris. "L'État n'accorde que 300 millions de dôngs par an. Cette somme modeste ne nous permet seulement que de traiter les termitières. Et pendant que l'on se croise les bras, le site se dégrade", reconnaît Luu Van Nhi, chef-adjoint du Comité de gestion des vestiges historiques révolutionnaires de Phu Quôc. Le comité se contente ainsi de simples réparations. D'ailleurs, même s'il entreprenait de vastes travaux, une autre difficulté le rattraperait. En effet, bâti à l'époque coloniale, les matériaux de construction comme bois, tuiles, briques n'existent plus de nos jours.
Pourtant, la prison n'est pas tombée dans l'oubli. En 2001, le Premier ministre Phan Van Khai a approuvé le plan global de conservation, de restauration et de valorisation du site historique Côn Dao. Une enveloppe de 60 milliards de dôngs devrait être accordée à ce projet. Tandis que le Comité populaire de Bà Ria - Vung Tàu se charge de l'investissement au projet et de former des guides professionnels. Récemment, cette province vient de démarrer les travaux de restauration des cages à tigres, sur l'archipel Côn Dao.
Par Vuong Linh - Le Courrier du Vietnam - 2 Octobre 2005
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