Promouvoir le talent des jeunes cinéastes vietnamiens
Le cinéma vietnamien reste méconnu. Si on exclut quelques percées dans le paysage audiovisuel mondial, comme celle de Cyclo de Tran Anh Hung, il semble même inexistant hors du pays. Pourtant, le cinéma vietnamien ne se limite pas aux films de guerre réalisés à l'étranger. Loin de là. Le Centre pour la promotion du talent des cinéastes vietnamiens (TPD) s'efforce d'encourager les vocations de jeunes réalisateurs.
Créé en 2003 par Bui Thac Chuyên (réalisateur du court métrage Course
de nuit et actuellement vice-directeur de TPD) et Nguyên Ha Phong (réalisateur également), le Centre tente aujourd'hui de se développer sur trois plans différents.
Le projet "Dix mois dix courts"
Réalisé en ce moment pour la deuxième fois, ce projet a permis, en 2003-2004, la réalisation de 10 courts métrages par des jeunes réalisateurs vietnamiens issus pour la majorité des Écoles de cinéma de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville.
En octobre 2003, le Centre TPD lance un appel aux scénarios. Il en reçoit 130, provenant de tout le Vietnam. Un jury, composé de cinéastes renommés, en sélectionne 10. Dix autres jeunes sont choisis pour participer aux tournages. Les 20 jeunes entament alors un cycle de trois ateliers de formation. Le premier était consacré à l'écriture (dirigé par Kerry Lee Crabbe, de Londres), le second concernait la réalisation (dirigé par le Danois Arne Bro) et le troisième était destiné au montage.
Sont sortis de ce cycle 10 courts métrages. Parmi ceux-ci, sept seulement ont été présentés dans les festivals, les trois autres ayant été jugés d'un style trop "téléfilm".
Le projet ayant porté ses fruits, il est réédité cette année. Cependant, en raison d'un décalage trop important entre les jeunes réalisateurs et les professionnels du continent européen, le Centre a choisi de faire cette fois appel uniquement à des cinéastes vietnamiens. Parmi eux figurent Dang Nhât Minh (La saison des goyaves), Nguyên Thanh Van (La vie de sable) et Vinh Son (à l'initiative de la première coproduction franco-vietnamienne finalement abandonnée). Les jeunes réalisateurs sélectionnés pour l'année 2005 entament ce mois-ci leurs tournages. Les courts métrages seront présentés en décembre.
Le Master Class
Ce projet, actuellement en cours pour la première fois consiste à donner la possibilité à trois réalisateurs de suivre une formation avec Trân Anh Hung. À la suite de cette formation, les
réalisateurs auront aussi l'occasion de tourner leur court métrage en 35mm. Nguyên Ha Phong, participant au
projet, commencera bientôt à mettre en boite La Terrasse . L'histoire d'un fils et de son père, à la fin de la vie de celui-ci. Subtil, sobre, assez triste et pourtant très beau.
Le Cinéma Space
Le troisième plan sur lequel le Centre TPD est actif concerne la création d'un Cinéma Space. Sur 70m2, le centre projette d'ouvrir une grande vidéothèque, et mieux encore, un espace de discussions et d'échanges sur le thème du cinéma. En effet, la récente diffusion des 10 courts métrages à Hanoi a montré la preuve d'un réel intérêt du public pour le cinéma.
Bien que ces courts métrages aient été acceptés par le "Comité de censure national", ils ne plaisent pas à tout le monde. Ils ne laissent personne indifférente.
Certains les soutiennent fermement. D'autres reprochent aux jeunes réalisateurs de faire des films trop sombres, ou trop violents. Pourtant, la critique les salue. Cinq d'entre eux ont été présentés au "Festival de Clermont Ferrand" (France), d'autres au festival "Short Short Films " à Tokyo, ou encore à un festival de films sur Internet.
L'intérêt de ce Centre n'est donc plus à prouver, même si sa survie financière n'est pas encore acquise. Il permet à des jeunes de s'exprimer par un moyen encore inhabituel, mais que la reconnaissance encouragera. Un baobab commence par être petit avant d'être grand.
La Terrasse, de Nguyên Ha Phong
Un père et son fils se retrouvent sur la terrasse de leur maison. Un perroquet survient dans leur espace.
Le père, âgé d'une quatre-vingtaine d'années, demande au fils de quoi il s'agit. Le fils lui répond. Six fois de suite, le père pose la même question. Exaspéré, le fils rentre dans la maison. Il y découvre le journal intime de sa mère. Il comprend alors, mais un peu tard, que 50 ans plus tôt, les rôles étaient inversés. Et que son père était plus patient que lui.
Par Adrienne Nizet - Le Courrier du Vietnam - 17 Juillet 2005
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