~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Suspense sur le marché du riz

Après des semaines de sécheresse les premières gouttes de pluie sont enfin tombées sur les rizières de Thaïlande, le premier pays exportateur de riz au monde. Les tentatives de déclenchement manuel des orages dirigées par les autorités ont fini par aboutir mais il est encore trop tôt pour savoir si l’essai sera transformé. Car pour l’instant cela n’a rien à voir avec les précipitations qui à cette période arrosent généreusement la deuxième récolte attendue entre juin et juillet. Contrairement aux Etats-Unis ou en Europe où les cultures sont irriguées, ici la météo est une donnée cruciale : 80% de la riziculture dépend du bon vouloir des cieux. Mais de mémoire de courtier, on n’a jamais assisté à une sécheresse d’une telle ampleur, chacun garde donc un œil sur le ciel de l’Asie du Sud-Est et l’autre sur les écrans des marchés car l’équilibre du marché mondial dépend largement de la Thaïlande.

Le second exportateur, le Vietnam, n’inspire pas confiance aux opérateurs, à tout moment le régime de Hanoï peut décider de suspendre ses exportations. La Chine, de loin le premier producteur mondial n’a pas vraiment les moyens d’alimenter le reste du monde, idem pour l’Inde. En attendant des signes positifs venus du ciel les prix restent fermes, la tonne de riz blanchi s’échange à 298 dollars au départ de Bangkok, s’ils n’ont pas franchi la barre des 300 dollars c’est uniquement en raison d’une légère dépréciation du bat, la monnaie nationale. Et la marchandise commence à se faire rare sur place, mais la météo n’en est pas forcément la principale responsable. Le gouvernement dispose de stocks substantiels dont il n’a pas encore envie de s’alléger, soit parce qu’il craint une sécheresse plus grave mettant en péril l’équilibre alimentaire du pays, soit parce qu’il peut ainsi maintenir la pression sur les cours. Sur le plan intérieur les autorités thaïlandaises ont annoncé une hausse du prix de soutien auquel l’Etat achètera la production des paysans, une mesure qui devrait garantir du pouvoir d’achat aux familles lésées mais sur le marché mondial, aucune mesure similaire n’existe et si les exportations thaïlandaises diminuent de 2 millions de tonnes en 2005 comme on le laisse entendre de source officielle, la pénurie pourrait bien menacer le marché mondial.

Par Dominique Baillard - Radio France Internationale - 7 Avril 2005