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Hanoï s'essaye péniblement à l'abattage sous contrôle sanitaire des poulets

HANOI - Une centaine de femmes masquées et gantées tranchent machinalement le cou de milliers de volailles. Le sang se répand sur le sol, les plumes volent au gré des courants d'air. Le premier abattoir sécurisé du nord du Vietnam depuis le retour de la grippe aviaire fonctionne à plein. Le geste est vif, similaire à celui que font quotidiennement toutes les paysannes du pays lorsque vient l'heure du repas. Difficile de s'en convaincre, mais ce hangar du marché Long Bien, le ventre de la capitale situé dans le nord de la ville, est devenu un abattoir-pilote.

Les autorités l'ont mis en place mardi pour livrer de la viande propre aux habitants avant les célébrations du nouvel an lunaire, le têt, la fête la plus importante de l'année au cours de laquelle le poulet est un plat incontournable. La zone d'abattage fonctionne à titre expérimental, 24 heures sur 24. Sur 2.000 mètres carrés, elle attire des centaines de commerçants des provinces voisines qui payent pour l'abattage de leurs volailles sous le contrôle des services vétérinaires.

"Les conditions d'hygiène sont acceptables pour les commerçants, mais elles ne sont pas vraiment bonnes", admet Le Thi Hoa, chef de la section volailles du marché, en regardant les allées sales, humides et saturées de monde. "L'abattage d'un poulet coûte 500 dongs (0,03 cent) et les commerçants sont contents d'avoir regagné un peu la confiance des consommateurs", dit-elle en se félicitant que les ventes aient repris un peu de vigueur. Pendant qu'elle parle, des volailles arrivent dans des cages que des responsables vétérinaires contrôlent tour à tour. Ils jettent un coup d'oeil, vaporisent des désinfectants et laissent passer. Plumés, vidés, les poulets seront marqués d'un tampon bleu synonyme de garantie sanitaire.

Pour les autorités, l'idée est de limiter les abattages privés, au cours desquels ceux qui y procèdent sont en grand danger s'ils s'occupent d'un oiseau malade. Une forte majorité des volailles vendues dans la capitale transitent par le marché. Mais l'abattoir n'est pas assez grand. "Il répond à 40-50% des besoins d'abattage de la ville. S'il fonctionne bien, plus tard, des volailles d'autres marchés seront également abattues chez nous", espère Hoang Van Duc, l'un des gérants du marché Long Bien. Aujourd'hui, jusqu'à sept tonnes de poulets et canards sont abattus chaque jour, indique-t-il. Les autres sont emportés vivants dans les marchés au détail. "Nous avons aussi signé des contrats avec des compagnies de protection de l'environnement pour détruire les déchets", ajoute le responsable.

Mais le système n'est pas infaillible. Les volailles ne subissent pas de tests biologiques. Les cages passent sous le regard attentif des vétérinaires, qui guettent l'oeil clos ou la démarche hésitante. Mais un poulet contaminé qui n'a pas encore contracté la maladie ne serait pas repéré. Depuis fin décembre, l'épidémie de grippe aviaire s'est répandue dans plus de la moitié des provinces et villes du Vietnam, y compris à Hanoï. Elle a fait 13 morts dans le pays.

Cependant, le poulet est trop important sur le plan économique et symbolique pour que les Vietnamiens renoncent à sa consommation au moment du têt. "J'ai pu vendre sept poulets mercredi. C'est très peu par rapport aux dizaines vendus quotidiennement avant le retour de la grippe aviaire", confie Trinh Thanh Ly, une vendeuse. Mais c'est mieux que rien. "La nouvelle zone d'abattage a aidé les clients à avoir confiance en nos produits".

Agence France Presse - 4 février 2005


Grippe aviaire, sus aux volailles au Vietnam

Ho Chi Minh-Ville a entrepris d'abattre tous ses canards pour tenter d'échapper au virus de la grippe aviaire, qui a fait 13 morts en un mois au Vietnam. Le gouvernement a fixé à dimanche la date limite pour abattre les 200.000 canards qui peuvent être porteurs du virus sans présenter aucun symptôme, ainsi que les pigeons élevés comme volaille. Les volailles ont été retirées des étals des marchés et la population devra se contenter de porc et de bœuf pour fêter la semaine prochaine le Têt, marquant l'entrée dans l'année du coq.

Aucun cas humain de grippe aviaire n'a encore été signalé dans l'ancienne Saïgon, mais le dernier foyer en date de la maladie s'est déclaré dans le delta du Mekong, situé non loin de là. Les autorités sanitaires craignent que le virus mute en une forme facilement transmissible entre humains, ce qui pourrait déclencher une épidémie meurtrière. Bui Quang Anh, directeur du département de la santé vétérinaire du ministère de l'Agriculture, a indiqué que le Vietnam avait contacté l'Organisation mondiale de la santé et la FAO pour obtenir l'assistance d'experts ainsi que du matériel de surveillance. Le Vietnam doit accueillir une conférence sur la grippe aviaire le 23 février à Ho Chi Minh-Ville.

Libération - 3 février 2005