~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Retour aux sources des réalisateurs Viêt kiêu

Les réalisateurs Viêt kiêu sont de plus en plus nombreux à revenir tourner leurs films au Vietnam. Inspirés de thèmes locaux, imprégnés d'une atmosphère profondément vietnamienne, certains décrochent même des récompenses lors des festivals internationaux. Au début, lorsqu'un Viêt kiêu (Vietnamiens d'outre-mer) décidait de réaliser un film sur la terre vietnamienne, l'événement restait anecdotique. Mais peu à peu cette tendance a commencé à s'accroître et le public à s'y intéresser. Les projets, pertinents, ont suscité de longs reportages dans les médias. Lorsque le Belge d'origine vietnamienne Nguyên Vo Nghiêm Minh a fait des paysages du Mékong l'ossature de son premier long métrage Gardien de buffles, le public a répondu présent dans les salles. Quant à Hô Quang Minh, un Viêt kiêu en Suisse, il s'est inspiré de la culture vietnamienne pour réaliser Le temps révolu, adapté du roman du même nom de l'écrivain Lê Luu.

Pour cette année, la liste des réalisations Viêt kiêu est longue : Histoire d'amour à Saigon du réalisateur américain Lê Quang Vinh, La tunique en soie de Hà Dông de Luu Huynh, réalisateur américain. La disparition de la goutte de pluie du jeune réalisateur Nguyên Nghiêm Dang Tuân... Puisant dans leurs souvenirs du pays natal, les réalisateurs Viêt kiêu explorent des sujets vietnamiens. Après avoir passé son enfance à Vung Tàu, un port du Sud, Nguyên Vo Nghiêm Minh a fait revivre dans son film Gardien de buffles les immenses paysages immergés lors de la saison des pluies dans le delta du Mékong, dans les années 30-40 du siècle précédent. Le temps révolu parle de la vie rurale dans le Nord. Quant au film La disparition de la goutte de pluie, il comprend des images du Nord au Sud en s'arrêtant à Hanoi, Huê, Dà Nang, Nha Trang et Hô Chi Minh-Ville.

L'esthétisme comme leitmotiv

Car ces réalisateurs sont surtout des artistes, des esthètes considérant un film comme une création. Une belle image vaut plus que cent mots, les références culturelles asiatiques y sont sous jacentes. Un soin extrêmement minutieux est porté à chaque étape de leur projet : de l'écriture du scénario au casting des acteurs, en passant par le tournage, le montage... En s'inspirant d'un recueil de nouvelles, Parfum de la forêt de Cà Mau de l'écrivain Son Nam, Nguyên Vo Nghiêm Minh a écrit lui-même le scénario du Gardien de buffles. Il s'y est tellement impliqué que désormais il peut déclamer par coeur de longues pages du recueil. Et c'est cette passion de la reproduction la plus fidèle possible qui l'a convaincu de louer 300 buffles pour ses scènes panoramiques. Un détail qui n'est pas passé inaperçu, l'écrivain Son Nam avouant qu'il ne pouvait imaginer que le réalisateur puisse trouver autant de buffles pour dresser l'ambiance décrite dans son recueil, écrit cinquante ans plus tôt.

Autre exemple, même résultat. Pour la musique du film Le temps révolu, le réalisateur Hô Quang Minh a convié un orchestre de 50 musiciens dirigés par le chef britannique Graham Sutcliffe. "Je n'avais jamais vu de telles conditions de travail pour de la musique", avoue le musicien Dang Huu Phuc, compositeur du film. Est-ce que cela suffit à faire de ces films des oeuvres de qualité ? À posteriori, la réponse est flagrante, oui. Car lorsqu'ils se présentent aux festivals internationaux, soumis à des juges compétents et intraitables, ces films sur le Vietnam et "made in Vietnam" remportent l'adhésion. Le temps révolu a été primé en mars dernier au festival du film asiatique de Vesoul (France). Son interprète Hô Phuong Dung a reçu, lors du festival international du film de Singapour, le prix de la meilleure actrice. La musique du film a décroché la distinction du festival international du film de Shanghai.

Gardien de buffles, lui, a fait sensation lors du festival international du film de Chicago en recevant le prix New Director Silver Hugo, mais aussi le prix Environnement du Jury des Jeunes au festival international du film de Locarno et la Licorne d'or du festival d'Amiens. Peut-être la clé du succès tenait-elle à ce retour aux sources. En s'inspirant de l'alchimie vietnamienne, ces réalisateurs Viêt kiêu allient une touche personnelle à une pureté esthétique qui donnent à leur oeuvre une ambiance unique, confondant aussi bien le public que les critiques.

Par Cao Hoàng Hoa - Le Courrier du Vietnam - 14 Septembre 2005


Cinéma : bientôt l'ouverture d'un premier studio privé

Cinq milliards de dôngs. C'est la somme investie par l'agence de cinéma Nguyên Chanh Tin afin de construire un studio de cinéma digne de ce nom. Basé dans le district de Hoc Môn, à Hô Chi Minh-Ville, il s'agit du premier studio privé au Vietnam, dont les débuts sont attendus pour le début de l'année prochaine. "C'est parce que nous empruntions des entrepôts pour tourner nos scènes intérieures que nous avons constaté qu'aucun studio vietnamien ne répondait aux normes internationales. Alors une idée a commencé à germer et finalement nous avons voulu posséder notre propre studio privé", explique Nguyên Chanh Tin. "Artiste émérite" et très réputé des années 1990, ce directeur est aussi un visionnaire.

D'une superficie de 2.000 m², le studio de Nguyên Chanh Tin comprendra des équipements et machines modernes. On sent l'émulation des productions hollywoodiennes. Dorénavant, tous les étapes d'un film se feront à la "maison", que ce soit le maquillage au montage des scènes en passant par le son, les lumières. Seul le développement des clichés continuera à être effectué à l'étranger, car pour Nguyên Chanh Tin "ces travaux demandent de gros investissements". Par rapport aux studios étrangers, celui de Nguyên Chanh Tin demeure fort modeste. Mais c'est un pas en avant pour toute la production vietnamienne, une avancée technologique dans le domaine du cinéma, une professionnalisation certaine de ce milieu.

Dans un premier temps, l'agence se concentrera sur des films de fiction et de drame, selon son directeur Nguyên Chanh Tin. Puis, "nous envisageons également de former des acteurs, cameramen, réalisateurs, professionnalisant ainsi les films de fiction. D'autre part, il sera possible pour d'autres projets de film de nous louer le studio" ajoute-t-il.

Par Hiêu Duy - Le Courrier du Vietnam - 13 Septembre 2005