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Alfred Riedl, le réalisme autrichien pour sauver le football vietnamien

HANOI - Il est l'antithèse d'un rêveur ambitieux et refuse de promettre des miracles à un pays qui en aurait pourtant bien besoin: l'Autrichien Alfred Riedl a choisi le réalisme et la rigueur pour tenter de sortir le football vietnamien de l'ornière. A 55 ans, cet homme dont la carrière va de l'Autriche à l'Egypte via le Koweït et le Liechtenstein, vient de poser ses valises à Hanoï pour la troisième fois.

Objectif : arrêter de perdre. Donner au peuple vietnamien, ivre de foot et de fierté nationaliste, des raisons de ne plus avoir honte. L'homme a le regard doux mais la parole est rugueuse. "Les Vietnamiens doivent savoir où ils en sont. C'est un pays fou de football, mais le niveau est très mauvais", dit-il dans un entretien à l'AFP. "N'importe quelle équipe de première et deuxième division, dans presque tous les pays européens, est meilleure que nous".

Désastreux

Le constat est indiscutable. Le football vietnamien va de déconvenues en désastres: matchs truqués jusqu'en ligue professionnelle, arbitres véreux, réseaux mafieux régnant sur les paris, moyens financiers insuffisants. L'an passé, le Vietnam a fini dernier de sa poule qualificative pour la prochaine Coupe du monde, derrière la Corée du Sud, le Liban et les Maldives. Pire encore, en décembre, les Rouges et Or ont échoué à se qualifier sur leur terrain pour les quarts de finale de la Tiger Cup, pour la première fois depuis la création de cette compétition régionale mineure, en 1996.

La presse s'est déchaînée pour accuser la valse des entraîneurs étrangers (sept en dix ans) et l'incompétence de la fédération. Mais Riedl refuse de stigmatiser le pouvoir central. "Le football est fait par les clubs. Les présidents, les manageurs, les entraîneurs et bien sûr les joueurs doivent se regarder dans la glace quand le Vietnam ne gagne pas. Si vous avez un championnat faible, vous ne pouvez pas avoir une bonne équipe nationale", dit-il.

Dans les mois à venir, le nouveau chef d'orchestre du foot vietnamien doit préparer le pays aux 23es jeux du sud-est asiatique, les Seagames, qui se dérouleront aux Philippines en décembre.

Seagames

Ignorée du reste de la planète, la compétition est vécue à chaque fois au Vietnam comme une véritable coupe du monde. Riedl qui a déjà entraîné l'équipe nationale par deux fois (1998-2001 et 2003) et reste le seul à avoir obtenu des résultats, sait mieux que tout autre que le pays attend des titres. Mais il se refuse à faire des promesses et fustige un "comportement amateur alors que tout le monde veut des résultats de classe mondiale".

Il sait aussi que son siège est éjectable au premier mauvais résultat, à la première campagne de presse négative. Etroitement contrôlée par le Parti communiste vietnamien (PCV), la presse est en effet docile avec le régime mais se déchaîne dès qu'il est question de sport. "Une critique de presse contre un responsable sportif est la pire chose qui puisse arriver", dit-il. "Je ne pense pas qu'ils me garderont si je n'obtiens aucune médaille aux Seagames. Si cela ne dépend que de moi, je suis là pour trois ans. Mais tout le monde sait que trois ans de contrat, ce n'est qu'un morceau de papier".

La méthode Riedl est basé sur la vérité. La victoire surprise 1-0 contre la Corée du sud, fin 2003 ? "Ca n'arrivera plus", assure-t-il. La qualification pour la Coupe du monde ? C'est impossible ou presque. Reste la volonté, l'envie de se battre et de travailler. "Je n'empêche pas les gens de rêver mais je ne vais pas mentir, dit-il. On est tous les mêmes. On a un ballon, des filets, deux équipes, on peut jouer. Mais on n'est pas au sommet, ici".

Agence France Presse - 19 Mai 2005